L ’appel du ministre de la justice à la reprise effective des activités dans les cours et tribunaux, à compter de ce jeudi 29 avril 2021, a été ignoré par la chambre nationale des huissiers de justice de Guinée, a-t-on appris.
Joint en début de matinée, le président de la Chambre nationale des huissiers de justice de Guinée affirme que le débrayage engagé depuis le 12 avril reste toujours de vigueur.
« Hier, nous, nous attendions à un examen approfondi des propositions de solution qui auraient été formulées par notre département de tutelle parce que c’était ça l’espoir qu’on avait formulé. Mais très malheureusement quand nous sommes arrivés dans la salle, après les salutations, monsieur le secrétaire général du département qui était chargé de cette négociation nous a plutôt demandé à nous de présenter des propositions de solution. Mais les propositions de solution devraient émaner d’eux. Donc, j’ai aussitôt réagi pour dire que nous ne sommes que des invités. Nous croyons avoir adressé au département une plateforme contenant nos différents points de revendication et que si nous avions reçu l’invitation, nous avions franchement l’espoir que des propositions de solution ont été formulées par le département. Mais ça n’a pas été le cas. Après toute discussion, il était plutôt stérile en fin de compte. Il nous a été demandé, nous grévistes, de proposer des solutions de sortie de crise… Bon, c’est comme ça vous vous interprétez « reprise sans condition ». Mais nous nous mesurons très bien les mots employés par le garde des sceaux. C’est le mot invitation qui est fait aux différents intervenants. Donc ce communiqué n’ayant aucun caractère contraignant, n’ayant pas été favorablement accueilli ni par les avocats, encore moins les huissiers de justice (…). Le débrayage projeté depuis maintenant trois semaines se poursuit de plus bel » a déclaré maître Sory Daouda, président de la Chambre nationale des huissiers de justice de Guinée.
Interpellé par nos confrères de la radio Lynx Fm dans l’émission ‘’Œil de Lynx’’ sur la question relative à la situation des détenus politiques, des malades et des cas d’urgence, maître Sory Daouda a révélé que des actions préliminaires avaient été engagées.
« Oui, mais cela est une question qu’on aurait pu régler bien avant que le débrayage ne débute le 12 avril. Je crois que c’est au niveau du camp d’en face que les lignes devraient bouger. Nous, de notre côté, si vous prenez les délais de recours par exemple, nous avions adressé une requête à monsieur le 1er président de la Cour d’appel afin qu’il prenne une ordonnance suspendant les délais de recours. Qu’est-ce à dire ? Vous êtes condamné sans une procédure, un huissier qui est saisi d’une grosse contre vous, il a pratiqué une saisine sur votre compte bancaire, votre avocat entend saisir un recours en contestation, mais il dispose d’un délai, maintenant dans ce débrayage parce que les avocats sont entrain de boycotter aussi, ce qui veut dire que le délai de recours une fois expiré, votre avocat il est fort clos. Donc il ne peut plus exercer de recours. C’est terminé. Donc pour des cas comme ça, nous avons demandé à monsieur le Premier Président par voie d’ordonnance de suspendre ces délais de recours. Donc vous ne risquez rien pour ce qui est de la situation pareille. Vous pouvez exercer un recours quelconque devant la cour suprême, devant la cour d’appel, ou devant des tribunaux de première instance dans les procédures de référé, vous ne risquez absolument rien. Parce que si on n’avait pas pris cette mesure, les intéressés pourraient se retrouver dans une situation de forclusion et quand vous êtes forclos, c’est terminé. C’est perdu. Donc nous de ce côté, de bonne foi, pour ne pas que les justiciables qui sont dans de telles situations soient impactés par notre mouvement, nous avons de bonne foi adressé une requête à monsieur le président de la cour d’appel de donner une suite favorable. Maintenant de l’autre côté quand vous prenez le cas des détenus dont vous parlez (politiques, malades, en situation d’urgence,… Ndlr), je crois que les lignes bougent. C’est le camp d’en face qui devrait faire un geste », précise-t-il.
La rédaction