Création de la direction générale des élections: réaction critique de maître mohamed traoré 

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S uite à la publication, samedi 14 juin 2025, du décret présidentiel instituant une Direction Générale des Élections (DGE) en République de Guinée, des voix s’élèvent pour questionner la configuration institutionnelle du futur processus électoral.

Parmi elles, celle de l’avocat et ancien bâtonnier, Me Mohamed Traoré, qui a partagé une analyse critique à travers une tribune publiée sur les réseaux sociaux.

Selon lui, l’environnement administratif actuel soulève des interrogations sur la crédibilité du processus à venir.

L’ancien conseiller au Conseil National de la Transition (CNT) pointe du doigt une administration publique “fortement politisée” à tous les niveaux, où certains responsables prendraient ouvertement part à des manifestations de soutien au président de la Transition.

Une posture qu’il estime incompatible avec l’organisation d’élections crédibles et transparentes.

L’ancien bâtonnier s’inquiète particulièrement du fait que la nouvelle Direction Générale des Élections soit placée sous la tutelle du ministère de l’Administration du Territoire.

À ses yeux, cela pourrait compromettre l’impartialité du processus, en renforçant ce qu’il qualifie de risque de “juge et partie”.

Maître Traoré rappelle qu’un avant-projet de Constitution avait envisagé la mise en place d’un organe technique indépendant pour gérer les élections, en tant qu’institution d’appui à la gouvernance démocratique, soulignant toutefois qu’à ce stade, il reste incertain si cette disposition a été maintenue dans le projet final qui sera soumis à référendum.

Dans sa comparaison avec d’autres pays de la sous-région, l’avocat cite le Sénégal, où le ministère de l’Intérieur organise traditionnellement les scrutins sans que leur sincérité ne soit largement remise en cause. Il évoque également les cas du Mali et du Niger, en estimant que, si la trajectoire actuelle se poursuit en Guinée, “il vaudrait peut-être mieux renoncer aux élections”, au vu d’un processus qu’il juge prévisible.

Enfin, Maître Traoré questionne la participation des partis politiques dans ce contexte, estimant qu’une éventuelle présence dans les urnes pourrait être perçue comme une simple validation d’un processus qui, selon lui, n’a pas répondu aux exigences d’inclusivité.

Il conclut que, malgré les avertissements et mises en garde, “le train semble lancé” et que peu de choses pourraient encore infléchir la dynamique actuelle.

Alpha Ibn Boubacar Diallo 

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