La crise sanitaire liée au nouveau Coronavirus qui sévit en Guinée depuis mars 2020 serait-elle en train de tourner en faveur du président Condé ? Le gouvernement et la mouvance présidentielle exploiteraient-ils cette situation à leur avantage pour faire taire toute opposition dans le pays ?
La Guinée, à l’instar de la quasi-totalité des pays du monde fait face à la pandémie du Coronavirus depuis des mois. La crise sanitaire qui s’est installée au pays depuis mars 2020 a brutalement secoué le quotidien des populations et a gravement affecté la fragile économie guinéenne.
Mais aussi et surtout, elle a affecté la situation politique du pays. De la situation tendue qui a prévalu depuis le 14 octobre 2019, date de la première marche du FNDC au 22 mars 2020, jour du simulacre referendum sur la constitution, elle est passée à la situation de guerre froide qui prévaut en ce moment.
Une période de ni paix ni guerre. Les mesures sanitaires drastiques prises pour lutter contre le virus empêchent tout rassemblement de plus de vingt personnes. Ça, c’est qui est officiel. Pendant que le FNDC et toute autre forme d’opposition sont sommés de respecter ces mesures, le RPG et son arc-en-ciel ratissent large en violation des mesures barrières. Ils font leur convention sur l’étendue du territoire national et le clou final se déroule au palais du peuple de Conakry.
L’ANSS a l’intelligence d’y installer sa tante et fait le test de 300 personnes dont 15 s’avèrent positifs. Tant pis, la mouvance n’a pas peur du COVID. Sa seule obsession est de présenter le chef de l’Etat a pour un 3eme mandat. D’ailleurs, ce virus lui rend plus service qu’il ne le paraisse.
Tout porte à croire que le gouvernement avec à sa tête le duo Kassory-Alpha aura trouvé dans la crise sanitaire l’opportunité parfaite pour dérouler leur plan sans trop de résistance. L’argument du COVID balaie tout.
La moindre opposition au programme de 3eme mandat est muselée dans le silence et dans l’argument de la crise sanitaire. Pourtant, eux ils font ce qu’ils veulent. Le coronavirus, c’est pour l’opposition politique et le FNDC. Aucune prise au sérieux des nombreux cas de contaminations journalières qui sont officiellement déclarés par l’ANSS.
Les mesures barrières tant clamées dans les discours mensuels du chef de l’Etat sont foulées au sol au vu et la barbe des autorités. Personne ne bouge. L’isolation de Conakry de l’intérieur du pays n’a pris acte que dans le papier du décret qui l’a instituée. Alors on se demande réellement à quoi ça sert toutes ces mesures si personne ne veut les respecter.
Il est évident que le gouvernement se serre de la pandémie du COVID pour mater les oppositions d’où qu’elles viennent. Même si le choix du 18 octobre 2020 comme date de l’élection présidentielle peut sembler normal au vu de la fin de mandat prévu le 21 décembre 2020, la situation actuelle serait bien un tremplin pour le pouvoir afin de maitriser tout débordement avant, pendant et après le scrutin. Leur cynisme peut les pousser à maintenir le pays dans ce climat d’anxiété ambiant au point de continuer à distiller des chiffres fallacieux sur le taux de contamination.
Mais pendant qu’ils pensent que le fleuve de la mauvaise gouvernance est tranquille, la colère gronde en dessous. Des bandits à col blancs percés au sommet de l’Etat ont été pris la main dans le sac de la surfacturation par la banque mondiale. Des forces de l’ordre se font la poche sur le dos de milliers de voyageurs harassés par les routes chaotiques de l’Alpha-gouvernance.
Le prix des transports urbains et interurbains a triplé pour une population qui vit au jour le jour. Et à chaque fois que l’état d’urgence est prorogé, la colère des pauvres populations qui sont confrontées à ce chaos monte en flèche. Ce n’est pour rien que depuis l’instauration des mesures, le 15 de chaque mois est attendu de pied ferme par un peuple, anéanti par 5 mois d’austérité. Alors le président devrait y penser au lieu de croire que tout roule pour lui. Y compris le terrible Coronavirus.
Alpha Oumar DIALLO
