Châtiments corporels infligés à un enfant à conakry : l’auteure de la vidéo revient sur les faits

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L e 20 décembre dernier, une jeune fille a posté, à travers son compte facebook, une courte vidéo devenue virale d’un enfant de moins de 10 ans visiblement maltraité par son ‘’propre’’ oncle maternel.

L’acte s’est produit à Kiroti, commune de Ratoma, en haute de Banlieue de Conakry. Dans la vidéo, on voit clairement des traces de fouet sur plusieurs endroits du corps de cet enfant qui fait la 3eme année dans une école privée de la place.

Interrogée par un journaliste de www.guineeactuelle.com, Kadiatou Bah, élève de la Terminale, par ailleurs auteure de la vidéo, prête à suivre cette affaire jusqu’au bout, a accepté de relater les faits.

Comment l’enfant a été retrouvé

« Des amis de classe étaient venus chez moi. On partait chez une autre amie lorsqu’on a trouvé cet enfant derrière une cour. C’était vers 10 heures. L’enfant portait une tenue. Directement, je me suis adressée à lui, en le saluant. Une de mes copines m’a demandé si je le connais. J’ai dit non. J’ai demandé au petit, pourquoi il était ici pendant les heures de cours. Il m’a dit qu’il rentre à la maison. Mais, pour moi, ils l’ont fait sortir de l’école à cause du non-paiement de sa scolarité comme on est en fin de mois. Au départ, je n’ai pas trop considéré. Nous l’avons laissé là pour partir chez notre amie.

De retour chez notre amie,  à 13h, l’enfant était toujours là. Dès qu’il nous vus, il a commencé à fuir. Mais, je lui ai supplié de venir. Il a fini par accepter. Je lui ai demandé encore pourquoi il est toujours arrêté ici.  Il dit qu’il rentre à la maison. Face à mon instance, il m’a dit que c’est son oncle maternel qui est en train de le maltraiter.  J’ai demandé pourquoi, il me dit qu’il n’a rien fait. C’est juste à cause de ses études. Je lui ai demandé s’il fait internat, il dit non. Ensuite, j’ai demandé s’il vit avec sa maman et son père. Il me dit qu’il n’est ni avec sa mère encore moins avec son père. J’ai demandé s’il a mangé, il dit non ; que même le manger, mon oncle ne me donne pas.

Je l’ai acheté à manger. Dès qu’il a commencé à manger, nous avons vu des traces du fouet sur son bras. Tout de suite, un de mes amis s’est levé pour soulever sa chemise. On a constaté des traces sur plusieurs endroits de son corps. Il y avait même des blessures sur sa tête. 

Du coup, mon ami, qui a soulevé la chemise, a appelé leur gardien, qui se trouve être un gendarme. Ce dernier est venu. Nous avons interrogé l’enfant ensemble. On l’a demandé si sa mère est au courant qu’il est maltraité par son oncle. Le petit confirme que sa maman est au courant de tout ce qu’il traverse. Le gendarme a demandé au petit s’il peut reconnaitre chez son oncle. Il a dit oui, il nous a conduits chez son oncle ».

A la rencontre de l’oncle de l’enfant

« On a trouvé son oncle chez lui. Il s’apprêtait à aller se laver. Mais, le gendarme l’a dit qu’on est venu chez lui à propos de cet enfant-là. Directement, l’oncle du petit a demandé ce qu’il aurait fait. Le gendarme dit qu’il n’a rien fait. Nous voulons juste savoir pourquoi vous l’avez battu de la sorte. Au départ, l’oncle de l’enfant ne prenait pas l’affaire au sérieux. Il aura fallu qu’on insiste pour qu’il se rende à l’évidence. Par la suite, il a tenté de justifier son acte par le refus de l‘enfant à se rendre à la révision. Directement, le gendarme lui a dit cette raison-là n’est pas valable pour le bastonner de la sorte.

Face à la réaction du gendarme, l’oncle du petit a commencé à dire qu’il a juste effrayé l’enfant. Mais, le petit déclare devant son oncle avoir été frappé le matin avant qu’il ne parte à l’école. Dès qu’on a dit s’il ne fait pas attention, on va l’emmener à la police pour qu’il s’explique sur son acte, il affirme qu’il que son jeune frère est du corps habillé ».

Implication du propriétaire de la maison où loge l’oncle de l’enfant

De discussion en discussion, le propriétaire de la maison où loge l’oncle de l’enfant s’est intéressé au débat, en demandant ce qui ne va pas. Lui-même il dit avoir constaté des égratignures sur le corps de l’enfant. Mais que ce dernier lui a dit qu’il est tombé. Cependant, le propriétaire de la maison a révélé a vu la veille l’oncle de l’enfant en possession d’une quantité importante de fouet. Mais, comme il n’a jamais entendu l’enfant pleurer, il n’a pas considéré.

Contact avec les propres parents de l’enfant

« Du coup, ils ont appelé au téléphone la maman, le père et la grand-mère de l’enfant. Ils ont dit à sa mère de venir. Quand la grand-mère de l’enfant est venue, elle a commencé à se ranger du côté de son oncle. D’ailleurs, tous les membres de la famille, en tout cas ceux dont nous avons vu, soutiennent l’oncle de l’enfant.  Même la femme qu’on nous a présentée comme étant la maman de l’enfant a voulu donné raison à l’oncle du petit ».

Tentative d’arrangement

« Il y a un autre sage du quartier à qui le propriétaire de la maison a fait appel pour une médiation. Ce dernier a voulu trancher l’affaire à l’amiable. Un papier a été signé à cet effet, où l’oncle de l’enfant s’est engagé à ne plus rester avec l’enfant ».

Intervention du Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables

J’ai été appelé par le ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables par le biais de quelqu’un dont je ne connais pas. Ils m’ont demandé si je n’ai pas peur pour avoir publié cette vidéo. Ils m’ont demandé si je pouvais, s’ils envoient une équipe, de l’accompagner chez l’oncle de l’enfant. J’ai dit que je pourrais. Quand les gendarmes sont venus, je les ai accompagnés. Dès qu’on est arrivé, ils ont commencé à nous accuser (moi et une de mes amies) comme quoi c’est nous qui sommes derrière ça parce que ne nous ne sommes pas satisfaites ».

Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le dossier est déjà transmis au niveau de l’Office de Protection du Genre de l’Enfant et des Mœurs (OPREGEM).

Cependant, l’auteure de cette vidéo d’alerte craint déjà que l’affaire ne soit tuée dans l’œuf pour permettre à l’oncle de l’enfant d’être libéré en dépit de la promulgation en Guinée depuis 2020 du nouveau Code de l’Enfant, qui interdit formellement et explicitement tous les châtiments corporels infligés aux enfants.

Dossier à suivre !

La rédaction

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