Depuis un mois, Alpha Condé est acculé de tous les côtés. Rarement, il a passé un mois aussi chaud. Bousculé à la fois par la grève des enseignants et par la contestation des résultats des élections communales du 4 février, il avait, comme à ses habitudes, commencé par faire le dos rond en s’enfermant sur lui-même. Ainsi, il n’était absolument pas envisagé qu’il cède à la revendication principale du SLECG, à savoir le versement des 40 % amputés de leur salaire suite à l’implémentation de la dernière grille salariale. Pour y arriver, il avait, instrumentalisant les camps rivaux et le gouvernement, exigé un black-out sur Aboubacar Soumah. Mais ce dernier, massivement soutenu par les siens, vient de l’emporter en obtenant, comme il avait promis de le faire, les fameux 40 %. Ce qui, d’une certaine façon, met fin au volet social de la crise. Il reste néanmoins le front politique qui, lui aussi, peut bien se nourrir du malaise ambiant.
En principe, Alpha Condé pourrait avoir réussi à juguler la plus grande menace à laquelle il faisait face. En effet, à la différence d’une fronde portée par un camp politique distinct et identifié, la crise sociale transcende tout naturellement les clivages politiques, communautaires et régionalistes. Elle est donc plus encline à mobiliser du monde et conséquemment, porte en soi plus de germes de déstabilisation d’un régime. Aussi, on imagine que c’est ce pourquoi le chef de l’Etat, faisant parler le réalisme, a admis les concessions qu’il vient de faire.
Pour autant, dans le contexte que connait aujourd’hui la Guinée, même une contestation à relents politiques est à prendre très au sérieux. Les troubles de ces dernières semaines ont eu le mérite de révéler au grand jour le niveau de désaffection de la gouvernance Alpha Condé par les Guinéens. Le masque étant tombé, la rengaine de la manipulation sur laquelle il a surfé jusqu’ici ne fonctionne plus. Du coup, les appels à manifestation de l’opposition peuvent, plus que par le passé, rallier du monde. Même si on ne s’attend pas à ce que, comme le lundi passé, les manifestants se pointent devant le palais Sekhoutouréya, il y a néanmoins de quoi continuer à perturber le repos du chef. D’où pour lui, l’intérêt de ne pas se reposer sur ses lauriers et de prendre contact avec ses rivaux, pour une détente générale. Qu’il le prenne pour une suggestion que nous lui faisons
S.Fanta