Affaire n’na fanta: la donneuse de fausse grossesse, les victimes crient au désespoir.

Publicité

 

Le scandale a éclaté en janvier 2018. Une tradithérapeute du nom de N’na Fanta Sosso Camara est arrêtée par les services du secrétariat général à la présidence de la République en charge de la lutte contre la drogue et le crime organisé. Des femmes l’accusaient de leur avoir donné de fausses grossesses.

Cinq mois après, les femmes victimes dont l’état de santé est affecté attendent toujours une prise en charge adéquate et un suivi des services sanitaires. Mafoudia Camara, une d’entre elle, est même récemment décédée suite à une intervention chirurgicale. « Elle a subi une intervention chirurgicale au Centre Médical Bernard Kouchner. Ils ont fait leur mieux, mais ils n’ont pas pu la sauver », déplore avec une voix triste, Fatou Cheick Seck, la présidente du collectif des femmes victimes de n’na Fanta.

Au lieu d’un enfant, c’est une chose étrange qui a été découverte dans le ventre de la défunte, explique Fatou Cheick Seck: « Ils ont trouvé quelque chose dans son ventre, mais ils ne savent pas c’est quoi ? Ils ont donné cela au jeune frère à son mari qui est aussi Docteur pour l’envoyer à l’Hôpital de l’Amitié Sino Guinéenne pour savoir c’est quoi. Finalement, elle avait le cancer de l’utérus ».

Quelque 800 femmes seraient concernées par ce dossier de fausses grossesses. Aujourd’hui, elles sont plus que désespérées avec leurs ventres gonflés. « Je suis sérieusement malade aujourd’hui. Cela fait un an que je ne vois pas mes menstrues. Mon mari a tellement dépensé pour ma santé qu’il est découragé », se lamente Kadiatou Oumar Bandé Baldé, une des victimes.

Au total, 15 femmes auraient perdu la vie à cause de ces fausses grossesses. Le plus étonnant, chaque ventre a une particularité. « Pour Mafoudia Camara, ils ont retiré quelque chose qui ressemble à la bouillie dont le poids équivaut à 3 kilos. Certaines, ce sont des os qu’on voit et d’autres, ce sont de petits serpents. Chacune a un cas différent », précise Fatou Cheick Seck.

Certaines victimes justifient leur visite chez n’na Fanta par le coût élevé des frais médicaux dans les hôpitaux. C’est le cas de Mamaïssata Valéry Camara : « Moi, j’ai longtemps couru dans les hôpitaux pour trouver des médicaments. Chaque fois, on me fait payer beaucoup d’argent sans me soigner. C’est pourquoi, je me suis tournée vers la médecine traditionnelle ». Et de lancer cet appel : « Je demande aux personnes de bonne volonté de nous aider. Nous sommes malades et nous n’avons plus les moyens de nous soigner, L’État nous a abandonnées ».

Selon la présidente du collectif, le ministère de l’action sociale ne s’inquiète pas de leur sort.
Dans les prochains jours, les victimes comptent organiser une marche, pour attirer l’attention des autorités.

En avril dernier, la tradithérapeute, n’na Fanta Camara, poursuivit pour escroquerie, administration de substances nuisibles, mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la médecine et usurpation de titre, a été condamnée à 5 ans de prison ferme par le Tribunal de première instance de Mafanco. Avec ses co-accusés M’Mah Soumah et Etienne Balamou, elle a aussi été condamnée au paiement d’un milliard cinq cents millions de francs guinéens pour dommages et intérêts.

Kadiatou BALDE

Publicité