Passeports biométriques : les dessous de la procédure 

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Dans cette mondialisation au XXI siècle, la Guinée à l’instar des autres pays de la sous-région a opté pour la biométrie.

Une initiative certes salutaire en cette ère d’avancée technologique.

Le Ministère de l’intérieur et de la sécurité reçoit les demandeurs de ce nouveau document tous les jours en grande pompe sauf que les démarches à mener sont pour bon nombre de citoyens un véritable casse-tête. D’abord, il faut se rendre dans l’une des agences de l’Eco Bank et verser la somme de cinq cent mille (500.000 fg) pour avoir un rendez-vous au dit service-passeports le plus souvent dans un délai d’un ou deux mois.

Muni de votre reçu de paiement, vous vous diriger ensuite au ministère pour l’interview et l’enrôlement.

Là, commence un périple très stressant pour un bon nombre de Guinéens. Entre les coupures de l’électricité, les pannes répétitives du groupe électrogène qui alimente les trois bâtiments avec tous leurs bureaux, climatiseurs, photocopieuses et réfrigérateurs ainsi que la perte intermittente du réseau internet, l’obtention du passeport devient une traversée très complexe. Le plus dur à comprendre c’est comment un ministère, en tant que service public peut-il se plaindre de tels problèmes au moment où les demandes se font de plus en plus multiplier? Imaginez un instant le nombre d’agences Eco Bank rien qu’à Conakry, à l’intérieur du pays et les demandes croissantes de ce document précieux!

Lorsque cinq cent personnes font le versement, mathématiquement cela donne deux cent cinquante millions (250.000.000)de nos francs que l’Etat encaisse surtout en ces moments d’immigrations  dont la couche juvénile est tentée, cependant que les prestations sur le terrain restent un calvaire pour la population. Ces « breaks » ralentissent le service pour créer un surnombre incalculable de dossiers à traiter car on reçoit les demandeurs selon les rendez-vous fixés par la banque.

Où vont ces milliards payés par les citoyens tous les jours?  Le comble dans cette affaire, c’est le business qu’il y’a derrière tout ça. Dès que vous franchissez le seuil du ministère, vous êtes accueillis par des jeunes démarcheurs, des policiers qui se bousculent pour vous promettre de vous faciliter l’obtention de votre passeport en vous demandant une somme d’argent en extra. Les plus impatients optent pour cette dernière afin de se faire livrer le bijou. Certaines personnes vont jusqu’à payer presque le double du cota c’est à dire huit cent (800.000) ou un million (1.000.000) de francs. Sous le soleil ardent, vous patientez encore et encore sans aucune assurance possible. Si vous êtes exténués à la fin de la journée, vous rebroussez chemin pour rappliquer le lendemain comme dans un perpétuel recommencement. Ceux qui ont le bras long se libèrent trop vite tandis que la plupart poireaute en attendant que les dieux de la technologie et de l’électricité se décident. Tout y est à l’envers. Des témoins affirment avoir passé des semaines entières avant de se voir livrer leurs passeports. Nous y reviendrons…

Mamadou Pathé DIENG

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