Un nouveau départ pour notre société civile ?

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Cette question a tout son sens lorsqu’on sait que depuis quelques années, les différentes plateformes de notre société civile ont cessé d’exister en tant que groupes de pression susceptibles d’influencer les décisions des pouvoirs publics, il n’y a pas d’objectifs clairs ni de visibilité sur des actions collectives pouvant exercer une pression sur les pouvoirs publics afin d’obtenir d’eux des décisions conformes aux attentes des citoyens. Cette situation, concernant la décision fantaisiste et unilatérale du gouvernement d’augmenter le prix du litre du carburant aux dépens de l’intérêt des citoyens, est un test d’aptitude de la majorité silencieuse que constituent les forces sociales.

Ce n’est pas acceptable cette augmentation du prix du litre du carburant à la pompe, sans doute la société civile par le canal des forces sociales vient de relever ce défi, celui de dire « nonʺ quand le pouvoir n’agit pas avec art et prestance, lui tenir tête parce qu’il est éloigné du peuple dont les peines ne sont pas prises en compte. Pour une fois cette société civile même divisée et hésitante est au côté du peuple pour défendre une cause juste. C’est sur ce terrain qu’on attendait effectivement l’ensemble des plateformes qui constituent notre société civile, celui de la défense de l’intérêt général du peuple de Guinée.

Mais, il reste un grand défi à relever pour ces responsables de la société civile, celui de l’unité d’action, la coordination des efforts et surtout, le réglage du problème du leadership qui mine notre société civile. Lors de la marche du mardi 10 juillet 2018, un malaise a été ressenti par les marcheurs. Il s’agit du problème d’ego entre les responsables des différentes plateformes de notre société civile (notamment le CNOSCG dirigé par Dansa Kourouma, la PCUD dirigée par Abdourahmane Sanoh et autres).

Ce problème d’ego entre les responsables des différentes plateformes doit être surmonté pour laisser place à l’unité d’action et à la convergence des efforts, cela passe par des concertations franches entre les différentes plateformes pour coordonner et conjuguer leurs efforts. Ça y va de leur crédibilité et de l’intérêt du peuple de Guinée.

C’est seulement à cette condition que cette société civile peut finir ce qu’elle a commencé : tenir tête au gouvernement et défendre l’intérêt général. C’est pourquoi Henri Fayol, dans ces  » principes généraux d’administration disait ceci « un corps à deux têtes est dans le monde social, comme dans le monde animal, un monstre. Il a de la peine à vivre ». Et présentement, la société civile a plusieurs têtes, donc c’est un monstre qui aura du mal à vivre.

À vous de jouer pour reconstruire et redynamiser notre société civile dans l’intérêt de la consolidation de notre jeune démocratie et dans l’intérêt du peuple de Guinée.


Pathé Rachid Diallo, sociologue et enseignant

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