Sous-préfecture de kourou : un citoyen revient sur l’origine du conflit (interview-témoignage)

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M embre de l’association des ressortissants de Dalaba à Conakry, Mamadou Diallo (sur notre photo) décrit la situation dramatique qui prévaut à Djinkonyah un secteur de Kourou-maninka et Kétiguiyah district de Mafara. Et met à l’index le décret présidentiel qui attise le feu de la haine et de la division dans cette partie de la Guinée jusque-là havre de paix, de cohésion sociale et de respect de la dignité humaine.

Citoyens blessés à l’arme blanche. Rescapés des heurts capturés et séquestrés. Plantations et périmètres forestiers détruits puis incendiés.  A Dalaba, depuis l’érection du district de Kourou en sous-préfecture le 25 novembre 2020, le conflit entre le secteur de Djinkonyah et le district de Kétiguiyah dans la sous-préfecture de Mafara met cette partie du Fouta-Djalon à feu et à sang.

Ce foyer de tension est gravement affecté par le virus du « Manding-Djalon » entretenu au nez et à la barbe des autorités. Il embrase régulièrement les deux localités et leur voisinage.

Au-delà de ce malheur qui frappe les paisibles populations de Mafara et Kourou, des questions cruciales demeurent posées. A savoir : Pour quelles raisons l’administration publique guinéenne toute entière reste amorphe devant un tel désastre dans ces collectivités locales du centre du pays ? Comment se fait-il que l’administration publique garante de la paix sociale et protectrice des droits de l’homme soit impuissante face aux pyromanes qui foulent au pied les principes de l’Etat de droit ? Quelle voie de solution durable à ces affrontements fratricides qui mettent délibérément et intentionnellement le feu au Vivre-ensemble ?

Mais la question la plus lancinante se résume en ces quelques mots : Comment éteindre le feu allumé par le décret présidentiel?

Nous avons interviewé Mamadou Diallo, éminent membre de la communauté des ressortissants de Dalaba à Conakry, afin de partager les leçons qu’il en tire pour apporter des réponses à ces questions lancinantes.

Le Populaire : Quelle est l’origine du conflit qui oppose le secteur de Djinkonyah de la sous-préfecture de Kourou et le district de Kétiguiyah de la communauté rurale de Mafara, selon vous ?

Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez d’apporter la lumière sur ce conflit qui n’a pas sa raison d’être chez nous où nous vivons en toute harmonie depuis des siècles et des siècles. Effectivement, selon le cheminement, cela a débuté en août 2018 lorsqu’un citoyen de Djinkonyah relevant de la sous-préfecture de Kourou dénommé Babaden Diallo citoyen de Sambaya est allé défricher une partie de la plaine de Kétiguiyah.Quand il a commencé, il lui a été interdit de poursuivre le défrichage de ce lopin de terre qui appartient à Kétiguiyah. L’affaire a été portée devant les autorités qui lui ont notifié, sur la base des investigations menées, que le domaine en question ne l’appartient pas. Babaden Diallo a reconnu les faits. Il a d’abord présenté ses excuses à la population de Kétiguiyah afin qu’elle lui laisse terminer son projet agricole pour l’année en cours. En plus de cela, il s’est engagé par écrit à demander dorénavant l’autorisation expresse du propriétaire dudit domaine s’il venait à exprimer le besoin l’année prochaine.

Si le différend a été clos, dites-nous alors d’où est née la discorde autour du périmètre forestier de Tokèhi qui envenime les relations entre les deux localités?

En 2018, avec le soutien des autorités, tout est rentré dans l’ordre. Le conflit a été évité. C’est en 2019 qu’un autre citoyen de Djinkoya du nom d’Idrissa Keita s’est présenté dans la forêt de Tokèhi pour abattre le périmètre dans l’objectif de domicilier son projet agricole là-bas. Bien entendu, les citoyens l’ont rétorqué que ce domaine-là est réservé pour la forêt. Il a quitté les lieux. C’est tout dernièrement, en 2021, qu’il est revenu sur le même domaine en compagnie du nommé Mamadou Diouma Keita, commencer un défrichement. A deux, ils ont refusé d’abandonner le domaine prétextant que le domaine appartiendrait à celui qui le met en valeur.  C’est en ce moment qu’une première plainte adressée au sous-préfet de Mafara a été remontée au niveau de Dalaba. Le service forestier s’est réuni avec les autorités de Dalaba-centre, de Mafara et de Kourou Maninka pour statuer. Il a été fait comprendre à tous que lorsque les populations ont décidé d’elles-mêmes de réserver un domaine pour une forêt en faveur des deux sous-préfectures de Dalaba et qu’ils interdisent la coupe du bois dans cette forêt, quiconque touche à cette forêt-là, aura touché l’interdit. Malgré cela, le nommé Idrissa Keita poursuit son projet en profitant des jours de marché hebdomadaire pour étendre la coupe à sa convenance et à l’insu des citoyens de Ketiguiyah. C’est ainsi qu’un jour, ils ont mis le feu à une partie de la forêt. Et le feu a débordé le périmètre forestier pour consumer une plantation située non loin du périmètre forestier.

Que s’est-il passé après cet état de fait ?

Habituellement, quand de telles situations sont enregistrées, des excuses sont présentées à la partie victime. Mais cela n’a pas été le cas. C’est en ce moment que la victime a formulé une deuxième plainte adressée au Sous-préfet de Mafara, puis acheminée à Dalaba. La justice a dépêché sur le terrain une mission pour constater les dégâts. Les agents sont allés là-bas constater s’il y a eu incendie ou pas au niveau de la plantation. Ils ont recueilli des éléments de preuve. Par la suite, le Juge a convoqué les deux parties pour entendre leurs versions tous les mercredis durant six mois afin de programmer le jugement. En fin de compte, le juge a donné son verdict, condamnant Idrissa Keita de Djinkoyah, au payement de 5 millions de Francs guinéens à la victime et une amende de 500 mille Francs guinéens. Sur place, devant les autorités, il a fait la promesse de payer. Mais une fois de retour à Djinkoyah, il n’a payé aucun Franc guinéen à la victime. A ma connaissance, au moment où nous parlons, aucun Franc guinéen n’a été déboursé pour réparer les préjudices subis par la partie victime.

L’incendie du périmètre forestier de Tokèhi et l’affaire de la plaine de Kétiguiyah sont-ils à l’origine de cet incident malheureux ?

Pas seulement. A l’approche de la Tabaski 2022, des individus ont commencé le défrichement d’un domaine appartenant à Kétiguiyah qui, selon eux, était un projet de terrain de football en faveur de Djinkonyah.  Il leur a été signifié qu’un domaine avait été déjà cédé par Kétiguiyah pour abriter les activités sportives à ce secteur, et qui est opérationnel depuis des années. Ça, c’est une réalité, vous pouvez vérifier. Une plainte a été formulée à cet effet, par Kétiguiyah. Elle a été transmise à Dalaba, par voie hiérarchique. Le préfet s’est immédiatement rendu sur les lieux. Ayant constaté que Djinkonyah est doté d’un terrain opérationnel, il a ordonné qu’aucun individu ne touche au domaine en question qui appartient à Kétiguiyah. Mais dès qu’il tourne le dos la situation s’envenime. C’est ainsi que lors de sa seconde mission sur le terrain, le Préfet a invité les différents sous-préfets de son ressort de se rendre avec à Djinkonyah en vue de régler ce différend. Effectivement, en plus du Préfet, les sous-préfets, les responsables coutumiers, tous les maires des communes rurales, étaient présents. Chaque responsable a plaidé pour que le principe du bon voisinage entre les deux localités soit respecté par chacun et tous. Certains ont expliqué que partout en Guinée les citoyens vivent ensemble dans le respect mutuel traditionnel en donnant des exemples. Tout avait l’air de bien se terminer autour des sages conseils prodigués par les autorités présentes jusqu’à ce que le nommé Babaden demande la parole. Son discours que je ne commenter ici a été hué. Je vous dis qu’il a suscité l’ire des sages et provoqué des désapprobations de toute part. C’était le 15 Août dernier. Une grande rencontre où vous aviez le préfet et les sous-préfets venus de partout, des sages, des imams et toute une cohorte de respectables femmes et jeunes, je vous dis, a été dispersée par des jets de pierres. Les affrontements se sont poursuivis les jours suivants.

Les forces de l’ordre n’ont pas pu calmer les esprits non plus ?

Des appels ont été formulés à Conakry afin de dépêcher les forces de l’ordre mais rien n’en a été fait. Malheureusement, depuis le début des affrontements, le 15 août, personne, aucune autorité de la gendarmerie ou de la police n’était sur les lieux. C’est le gouvernorat de Mamou qui a envoyé une délégation pour tenter de rétablir le calme.

A ce jour, combien de blessés vous déplorez et quelle nouvelle pouvez-vous donner au sujet de leur prise en charge dans les centres hospitaliers ?

Au moment où je vous parle, on déplore une trentaine de blessés. Ils ont été secourus d’urgence et pris en charge dans des centres hospitaliers pour des soins. D’autres ont été acheminés ici même à Conakry. Parmi ceux envoyés à Conakry, on nous apprend qu’il y a des cas qui méritent une évacuation d’urgence à l’étranger. Sur le terrain, on ne nous a pas parlé de la situation sanitaire des citoyens enlevés ou capturés. Mais je peux vous dire qu’au lendemain des affrontements, le 17 août, nous avons été informés des cas d’enlèvements et de séquestrations du muezzin de Kétiguiyah Alpha Mamadou, un citoyen dénommé Mamadou Diouldé Diallo qui partait en voyage, et d’un autre chauffeur qui tentait de sauver son véhicule sur la route de Kankalabé.

Sont-ils libérés ou pas ?

Ils ont été relaxés.

Actuellement vous poursuivez les démarches en bons Samaritains ?

Bien sûr. Au niveau de Conakry avec le soutien des ressortissants de nos localités respectives, nous avons frappé à plusieurs portes dans la recherche d’appui des autorités au plus haut niveau. Dans ce sens, nous avons été reçus en audience par le Ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, et son homologue de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé. Notre démarche vers les hautes autorités consiste à faire comprendre la réalité qui prévaut sur le terrain et démontrer par les faits qu’il ne s’agit pas d’un conflit ethnique, mais de divergences autour du respect des propriétés des collectivités locales et du Vivre-ensemble. Dans la soirée du vendredi 19 août 2022, par exemple, avec les représentants de toutes les communautés, nous avons expliqué les sources du conflit dans nos localités. Nous avons été informés du souhait des autorités de créer une zone tampon pour ramener le calme et la quiétude sur place. Nous apprécions cette volonté. Sauf que nous avons été surpris d’apprendre le lendemain matin, c’est-à-dire le samedi 20 août, que les protagonistes ont barré la route qui mène au marché hebdomadaire de Bodié. Une nouvelle fois, nous avons alerté les autorités. Même si cela a été fait tardivement, nous sommes quand même heureux de vous annoncer que le barrage érigé a été démantelé. Nous sommes débout, parce que jusqu’à présent et malgré nos appels renouvelés de venir sauver les populations locales, les forces de l’ordre ne sont pas déployées sur le terrain.

Que regrettez-vous d’autre dans cette situation ?

C’est l’indifférence de certaines autorités à travers le manque de suivi des actes que nous demandons de poser sur le terrain afin d’éteindre le feu allumé dans nos localités. Parce que depuis le premier conflit autour du domaine de Tokèhi, ce manque de suivi de la décision d’interdiction a engendré ces affrontements-là dans nos localités. C’est regrettable de voir l’Etat laisser faire les auteurs de coups et blessures volontaires, de menaces, d’injures publiques, d’enlèvements et de séquestrations régulièrement portés à la connaissance de l’autorité. Nous reconnaissons les efforts fournis par le Préfet et les autres décideurs, comme le Procureur général près la Cour d’appel de Conakry et le Procureur de la république près le tribunal de première instance de Mamou. Ces efforts sont louables.

Mais le laisser-faire est à dénoncer. Cet état de fait est vraiment déplorable, n’est-ce pas ?

Vraiment. C’est pour cela que nous poursuivons les démarches pour faire comprendre aux autorités et à toutes les parties en conflit qu’il faut que l’Etat soit présent sur le terrain pour assurer le retour de la paix, de la quiétude et de la concorde sociale. A Kétiguiya principalement et partout ailleurs dans les sous-préfectures de Mafara et de Bodié. Et surtout dans la nouvelle sous-préfecture de Kourou-maninka

Kourou, nouvelle sous-préfecture, vous dites ?

Oui. Son érection en sous-préfecture est récente. Elle date du 25 novembre 2020 exactement.

Située à 47km de la ville de Dalaba, Kourou autrement appelée Kourou-maninka est tout nouveau, tout beau. L’Etat doit prendre ses responsabilités pour maintenir la paix dans cette zone multiculturelle dont l’érection en sous-préfecture ne doit pas constituer une menace au Vivre-ensemble. C’est votre avis ?

Oui. Tout ce que l’Etat fait c’est pour le bien de tous les habitants, mais je vous invite à voir l’emplacement des localités et villages rattachés à cette nouvelle sous-préfecture composée des districts que sont : Kourou centre, Djinkonyah, Kourouba et Dalato. Vous verrez qu’elle a été créée de toute pièce par l’administration. Par la suite, vous vous rendrez compte du danger que le décret présidentiel de 2020 représente pour l’ensemble des communautés qui vivaient paisiblement ici depuis le temps de l’Etat théocratique du Fouta-Djalon.

Voyons ! Sur la nouvelle carte administrative de Dalaba certaines localités des sous-préfectures de Mafara et Ditinn sont détachées pour former des districts de Kourou. Et cela ressemble à prendre des villages de Kindia pour les rattacher à une administration relevant de Mamou ou de Conakry …

Vous avez bien compris la réalité. Mais, il faut dire que cette situation créée dans nos localités n’aurait pas constitué un foyer de conflits si l’Etat était suffisamment présent sur le terrain.

En prenant la date de création de la sous-préfecture de Kourou et en analysant le contexte sociopolitique qui prévalait en ce moment dans le pays, à quelques semaines seulement après les élections controversées d’octobre 2020, l’on peut souligner qu’il s’agit-il d’un décret fratricide qui met ces contrées du pays profond à feu et à sang. A présent, vous qui faites partie des prêcheurs du retour de la paix et de la concorde sociale, qu’est-ce qu’il faut pour résoudre ce conflit, selon vous ?

Merci pour la question sur la solution à ce conflit. Du fait qu’on est avec les différents ressortissants des districts de Mafara, on a fait une réunion au domicile du doyen Elhadj Ibrahima Diallo ici le dimanche 21 août à Conakry dans le quartier de Gbessia. Les districts relevant de Mafara ont été représentés. L’objet était de nous mettre autour de la table pour aplanir les divergences. Un accord avait été obtenu avec le Président des ressortissants de Mafara de tenir une rencontre des parties le mardi 23 août à 10 heures du matin à Gbessia. Cette réunion n’a pas pu se tenir jusqu’au moment où je vous parle à cause de la réticence de certains de nos frères de Djinkonyah. Mais en tant que patriotes convaincus nous poursuivrons les plaidoyers et les démarches jusqu’à ce que tout le monde accepte de venir se parler.

Concrètement, est-ce que ce fameux décret fratricide n’est pas le frein à l’organisation à Conakry des pourparlers entre ressortissants de ces localités?

Vous avez raison de poser la question autour de ce décret, parce que Dalaba est composée d’une population cosmopolite multiculturelle vivant en paix depuis des siècles et des siècles. Effectivement, le décret de Monsieur Alpha Condé tente de scinder les populations de Dalaba. Il est venu perturber la société. Non seulement il a procédé à un découpage administratif qui est du jamais vu, mais aussi et surtout il a opposé les habitants de nos localités pour des intérêts bassement électoralistes. Mais avec l’aide des nouvelles autorités, nous avons l’opportunité de faire rapporter ce décret inique parce que nous sommes forts de nos liens séculaires. Et toutes les parties qui s’affrontent dans nos localités savent qu’elles doivent arrêter le massacre, parce que depuis des siècles nos populations sont soudées. Cette union est nourrie par des liens familiaux multiculturels qui ne doivent pas être rompus par les ravages d’un décret qui tente de saper les fondements même de notre histoire commune qui fait la richesse de notre identité culturelle.

Sans langue de bois, dites-nous sur quelle raison basez-vous pour espérer que c’est maintenant sous la transition militaire que le redécoupage administratif fait par Alpha Condé va être corrigé ?

Je vous dis que nous sommes des patriotes. Nous y croyons, parce que nous sommes très optimistes. Franchement, nos démarches n’ont pas été engagées maintenant sous la transition, mais depuis que le président Alpha Condé a pris le décret pour ériger Kourou en sous-préfecture. Les ressortissants de Dalaba et de la région de Mamou à Conakry le savent. D’ailleurs, les populations de Mafara sont composées de partisans du pouvoir du professeur Alpha Condé. Franchement, ça aussi, c’est une réalité vivante dans nos localités. C’est pour cela que la délégation de Mafara n’a pas eu de problèmes pour aller voir le professeur Alpha Condé et lui dire que le découpage administratif tel qu’il est pratiqué est une source de conflit au Foutah. C’est l’un des rares sous-préfecture dans toute la Guinée, où il n’y a presque la même communauté nationale. La délégation a bien expliqué au professeur Alpha Condé l’erreur ou la faute commise. En réponse, le Professeur a dit que si c’est comme ça que ça se passe, on l’a trompé. Et franchement, c’est ça la réalité, ils ont trompé le professeur Alpha Condé. D’ailleurs, tout dernièrement, quand nous avons eu l’occasion de faire l’état des lieux au ministre Mory Condé, il a dit que c’est la faute à l’Etat. Vous comprenez ! Donc, ce que nous demandons à l’Etat, c’est de revenir à l’ancienne composition administrative, de faire revenir les localités rattachées à la sous-préfecture de Kourou maninka à Ditinn et les autres enlevées à Mafara. Ainsi, l’Etat aura fait justice. L’Etat aura joué son rôle responsable. Parce que nous voulons tous que justice soit faite. Nous disons tous oui au pardon, oui à la paix, mais que l’Etat corrige son erreur !

C’est la seule solution qui vaille, selon vous ?

C’est la seule solution. Si vous posez la question à tous les ressortissants de Mafara et même de Kourou-maninka, on vous dira de bonne foi que c’est l’incontournable solution.

C’est la seule solution qui vaille, selon vous ?

C’est la seule solution. Si vous posez la question à tous les ressortissants de Mafara et même de Kourou-maninka, on vous dira de bonne foi que c’est l’incontournable solution.

Cela revient à dire que si Dalaba est à feu et à sang, ce n’est pas à cause du virus du manding-djalon propagé pendant les élections locales et présidentielles par les politiciens véreux ?

Certains le voient de cette façon. C’est pourquoi, notre objectif encore, c’est de montrer à toute la Guinée et à tous les amis de notre pays que ce n’est pas un conflit ethnique qui oppose Ketiguiyah à Djonkonyah. De deux côtés vous avez les mêmes familles, les mêmes communautés qui vivent là ensemble et, il n’y a jamais eu de problème. Partez sur le terrain, vous verrez qu’il y a des citoyens de Djinkonyah qui ont leurs potagers à Kétiguiyah. Et jusqu’au moment où je vous parle, leurs champs ne sont pas touchés parce que chacun respecte les droits de l’autre. Et ce n’est pas en 2022 qu’il doit y avoir un problème ethnique chez nous. Je voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour lancer un appel au sens de la fraternité à l’endroit de certains ressortissants tapis dans l’ombre à Conakry pour leur demander d’arrêter leur sale besogne. A ces personnes anonymes, ces fonctionnaires aux esprits tordus, qui enveniment la situation en lançant des messages divisionnistes, je prie chacun et tous de mettre notre région au-dessus de leurs intérêts personnels. Chacun doit respecter le serment de nos ancêtres communs qui ont décidé de s’établir là et de vivre ensemble au nom de la fraternité humaine et des liens de sang et de mariage qu’ils ont bénis. Ensuite, chacun doit avoir dans sa conscience l’amour de nos parents vivants à Dalaba. Tous, nous devons contribuer à réduire le risque de contagion qui guette les villages environnants Kétiguiyah et Djonkonyah. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de rectifier le tir rapidement. Cela, pour faire mordre la poussière aux instigateurs de conflits qui manipulent leurs complices en leur assurant qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent sur tout domaine agricole de leur choix et de couper les arbres des périmètres forestiers au nom du décret de 2020.

Est-ce suffisant pour ramener la paix dans ces localités de Dalaba ?

Le règlement de ces conflits aurait pu ne jamais dépasser le cadre familial local, mais c’est dommage qu’on en arrive là où nous sommes actuellement devant la presse, devant la justice. Franchement, ça ne nous honore pas devant les communautés de ressortissants des autres localités de la Guinée et du reste du monde. Même nos parents dans leurs tombes se tordent de douleur. Ce n’est vraiment pas honorable de notre part. Sur ce, la première chose que je souhaite faire passer c’est de dire à tous qu’en tant que citoyens condamnés à vivre ensemble, on ne peut pas séparer Kétiguiyah de Djonkonyah. On ne peut pas non plus séparer les liens séculaires créés entre ces communautés. La deuxième chose c’est de demander que l’Etat prenne ses responsabilités, en envoyant les forces de sécurité pour ramener le calme et qu’il rapporte le décret de novembre 2020 qui a créé cette division qui risque de mettre en péril l’unité familiale et communautaire. Ensuite, il faut que la justice soit faite afin que ceux qui ont insulté, blessé, incendié, séquestré soient punis à la hauteur de leur forfaiture. Nous voulons la paix chez nous. Nous demandons que la main noire qui est derrière ça, depuis le ministère de la Décentralisation jusqu’à Dalaba centre, soit démasquée. Nous ne voulons pas d’un conflit entre Djinkonyah et Ketiguiyah. Pour empêcher ça, empêcher que Kourou et d’autres localités s’affrontent, c’est à l’heure-là qu’il faut prévenir, parce qu’il y a la tension non seulement dans la sous-préfecture de Mafara, mais aussi dans d’autres sous-préfectures qui étaient présentes lors du premier règlement du conflit en présence du préfet. Donc nous demandons encore à l’État de corriger cette faute du départ jusqu’à nos jours. Nous voulons qu’on cherche à rapprocher les populations l’une après l’autre.

Réalisée par

Alpha Abdoulaye Diallo (Le Populaire) & Abdoul Wahab Barry (kababachir.com)

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