Sommet sur l’adaptation climatique en afrique : discours intégral du président du groupe de bad

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L e président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina , a prononcé un discours lors du Sommet sur l’adaptation climatique en Afrique, à Rotterdam (Pays-Bas), 5 septembre 2022.

Selon Akinwumi A. Adesina, l’Afrique a besoin de financements massifs pour lutter contre le changement climatique.

Ci-dessous le discours intégral

Je tiens à tous vous remercier d’avoir honoré l’invitation, de l’ancien secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki Moon, président du Centre mondial pour l’adaptation (GCA), de M. Patrick Verkooijen, directeur général du GCA, et de moi-même, à ce Sommet sur l’adaptation climatique en Afrique.

Je tiens à remercier le Premier ministre [néerlandais Mark] Rutte de nous accueillir aux Pays-Bas.

Vous êtes tous ici parce que vous êtes des amis de l’Afrique !

L’Afrique est confrontée à trois défis majeurs – les 3 C : Covid-19, climat et conflits. La solution aux 3 C est la même pour tous : les 3 F, Finance, Finance et Finance.

L’Afrique était encore aux prises avec le financement de la relance post-Covid-19, lorsqu’a éclaté le conflit dû à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, déclenchant flambée des prix des denrées alimentaires et inflation.

Pour se prémunir d’une éventuelle crise alimentaire en Afrique qu’entraînerait la guerre de la Russie en Ukraine, la Banque africaine de développement a annoncé, le 29 mai, la création d’une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence, dotée de 1,5 milliard de dollars.

Destinée à soutenir 20 millions d’exploitants agricoles, cette facilité va permettre d’offrir un accès à des semences résilientes au changement climatique, en maïs, en blé, en riz et en soja, et de stimuler la production de 38 millions de tonnes de denrées alimentaires, d’une valeur estimée à 12 milliards de dollars.

Cette Facilité a été approuvée avec une rapidité incroyable. En 60 jours, la Banque a donné son feu vert à des opérations dans 24 pays pour un montant de 1,13 milliard de dollars, et nous devrions atteindre 35 pays d’ici à la fin du mois.

Vos Excellences,

L’Afrique a besoin de financements massifs pour lutter contre le changement climatique.

Le continent se réchauffe plus vite que partout ailleurs dans le monde, et les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat montrent que l’on atteindra en Afrique les seuils critiques de réchauffement de la planète beaucoup plus tôt.

Les effets seront dévastateurs : pertes de récoltes, effondrement des cheptels et des moyens de subsistance des éleveurs, mais aussi hausse de la mortalité infantile de 37 % en Afrique de l’Ouest et de 25 % en Afrique de l’Est. À la hausse de température d’un degré serait aussi corrélée une hausse de 11 % du risque de conflit en Afrique, car cela entraînerait des catastrophes et des conflits dus au climat. Le changement climatique est déjà à l’origine de 4,3 millions d’Africains déplacés.

Selon les estimations de la Banque africaine de développement, les pertes de PIB par habitant pourraient osciller entre 16 et 64 %, dans un scénario de réchauffement élevé.

Face à ce déferlement, l’Afrique ne dispose pas des ressources nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Le continent ne perçoit que 3 % de la finance climatique mondiale. Si la tendance se poursuit, le déficit de finance climatique de l’Afrique atteindra 100 à 127 milliards de dollars par an d’ici à 2030.

L’architecture de la finance climatique telle qu’elle existe aujourd’hui ne répond pas aux besoins de l’Afrique. Selon les projections de Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement, mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et les Contributions déterminées au niveau national en Afrique exigent 1 300 à 1 600 milliards de dollars entre 2020 et 2030, soit 118 à 145 milliards de dollars par an.

Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP) est un programme spécifique à l’Afrique qui a le soutien des chefs d’État africains et qui entend mobiliser davantage de ressources pour lutter contre le changement climatique, afin de faire progresser les objectifs de l’Initiative d’adaptation pour l’Afrique.

La Banque africaine de développement et le Centre mondial pour l’adaptation sont en train de mobiliser 25 milliards de dollars pour ce programme – le plus grand effort d’adaptation au changement climatique jamais entrepris à l’échelle mondiale –, pour lequel la Banque africaine de développement s’est déjà engagée à hauteur de 12,5 milliards de dollars.

Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique dispose d’une facilité en amont, au GCA, et d’une facilité en aval, à la Banque africaine de développement. La facilité en amont, qui nécessite une capitalisation de 250 millions de dollars, permettra d’intégrer des solutions d’adaptation au changement climatique. La facilité en aval de la Banque, qui sera capitalisée à hauteur de 1,75 milliard de dollars, permettra de quadrupler les financements supplémentaires des mesures d’adaptation, pour un montant de 7 milliards de dollars.

Le GCA et la Banque africaine de développement affichent déjà de très bons résultats concernant l’AAAP. La facilité en amont de l’AAAP au GCA a permis de générer 3 milliards de dollars d’investissements de la Banque africaine de développement dans l’adaptation au changement climatique – de l’agriculture à l’énergie, en passant par les transports, l’eau et l’assainissement.

Je souhaite remercier le Royaume-Uni, qui a respecté son engagement de verser 20 millions de livres sterling pour la facilité en amont du GCA, qui ont été entièrement décaissées.

Il nous faut maintenant veiller au financement intégral des 12,5 milliards de dollars du programme AAAP.

Vos Excellences,

La 16e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD) s’avère aujourd’hui une opportunité unique ! Jamais les enjeux n’ont été aussi élevés pour les États africains fragiles et à faible revenu qui dépendent du Fonds africain de développement. Neuf des dix pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne et tous sont membres du FAD. Or, les pays du FAD n’ont pas accès à la finance climatique mondiale.

Pour y remédier, le FAD a mis en place un guichet d’action climatique. Ce guichet escompte mobiliser entre 4 et 13 milliards de dollars en faveur de l’adaptation au changement climatique de ces pays. Les montants mobilisés serviront à aider 20 millions d’exploitants agricoles à accéder à des technologies agricoles résilientes au changement climatique, à permettre à 20 millions d’exploitants agricoles et d’éleveurs de bénéficier d’une assurance récolte indexée sur le climat, à restaurer 1 million d’hectares de terres dégradées et à fournir des énergies renouvelables à quelque 9,5 millions de personnes.

L’engagement qu’avaient pris les pays développés d’octroyer 100 milliards de dollars par an de finance climatique aux pays en développement ne tarde que trop à se concrétiser.

Vos Excellences,

L’Afrique ne peut plus attendre.

Le temps est venu de soutenir le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique.

L’heure est venue de soutenir la 16e reconstitution du FAD.

C’est le moment de soutenir le guichet de financement de l’action climatique du FAD-16.

Vos Excellences,

Sont aujourd’hui présents, ici, des décideurs, des chefs d’État et de gouvernement membres des Nations unies, la Commission de l’Union africaine, la Commission de l’Union européenne, des ministres du Développement, des dirigeants de grandes organisations mondiales, le FMI, l’OMC, des agences bilatérales, des banques multilatérales de développement et bien d’autres encore.

S’il y a bien un groupe qui puisse garantir le succès et faire advenir l’adaptation au changement climatique de l’Afrique, ce sont les dirigeants présents dans cette salle aujourd’hui.

Vous êtes des hommes et des femmes d’action !

Alors, levons-nous et agissons pour l’Afrique.

Assurons notre avenir commun.

Mettons en place les ressources nécessaires à l’adaptation au changement climatique en Afrique.

Le passé nous a mené là où nous sommes, ouvrons maintenant une nouvelle voie, un nouvel avenir, notre futur commun, où chaque Africain pourra prospérer dans un monde sans risque climatique.

Je vous remercie.

Distribué par APO Group

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