L e rapport 2024 de Plan International sur la situation des jeunes filles dans le monde a été présenté, mardi 22 octobre 2024, à Conakry, a-t-on assisté.
Au compte de 2024, l’enquête a porté sur les expériences des jeunes vivant dans des pays en conflits, à savoir le Cameroun, la Colombie, l’Éthiopie, le Liban, le Mozambique, le Nigeria, le Soudan, l’Ukraine, les Philippines et un pays dont le nom ne peut être cité en raison de sensibilités politiques et opérationnelles.
Cette enquête menée auprès de 9 995 personnes, souligne-t-on, a permis de comprendre les expériences de ces jeunes filles face à la violence, l’interruption des études, la perte des moyens de subsistance et la détresse émotionnelle causées par les conflits.
«L’impact sur les civils, et en particulier sur les enfants et les jeunes, est dévastateur. Ils sont recrutés, kidnappés, attaqués dans les écoles et les hôpitaux. Ils subissent des violences sexuelles et on leur refuse l’aide humanitaire au milieu de ce chaos », note ce rapport, indiquant que les filles et les garçons, ainsi que les jeunes femmes et les jeunes hommes, vivent ces conflits de manière distincte.
D’après les résultats de cette enquête, plus de la moitié des jeunes filles et garçons subissent des troubles émotionnels sous l’effet de la guerre.
« Les jeunes ont montré des niveaux élevés de détresse émotionnelle, comprenant des troubles du sommeil (55%) et une préoccupation constante (54%). Les filles et les jeunes femmes ont déclaré des niveaux significativement plus élevés de ces indicateurs de stress émotionnel que les garçons et les jeunes hommes », a déclaré Louaratou Diallo, influenceuse mondiale de Plan international.
S’agissant des violences sexuelles, le rapport dresse un bilan très alarmant dans ces pays en guerre.
« 27% des filles et des jeunes femmes de l’étude ont rapporté des violences sexuelles ou basées sur le genre comme un risque constant du quotidien, comme l’ont fait les filles et les jeunes femmes dans les entretiens. Les personnes interrogées en Éthiopie, en particulier, ont vécu ou assisté à des violences sexuelles extrêmes et à l’encontre des filles et des jeunes femmes et ont insisté sur le besoin urgent de sécurité et d’assistance, notamment sur le besoin de services relatifs à la santé mentale. Les filles et les jeunes femmes qui sont tombées enceintes suite à un viol ont déclaré être stigmatisées une fois de retour chez elles », a ajouté Louaratou Diallo.
Sur le plan sécuritaire, 38% des personnes interrogées ont déclaré ne pas se sentir en sécurité ou très peu en sécurité.
« Les filles et les jeunes femmes (39%) se sentent moins en sécurité que les garçons et les jeunes hommes (36%) », rapporte-t-on dans ce rapport.
Pour Thérèse Akakpo, responsable de la protection des jeunes et enfants au Club des jeunes filles leaders de Guinée, il est essentiel d’écouter les jeunes pendant qu’ils essayent de surmonter les défis complexes auxquels ils sont confrontés.
« Ils ont tous besoin d’être autonomes financièrement. Et en matière d’éducation, ils ont besoin du strict nécessaire. Ils doivent également avoir accès à des services adaptés à leur situation, tout particulièrement en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, les droits et l’assistance psychologique, pendant et après le conflit », estime-t-elle, ajoutant qu’un “conflit peut briser une génération entière, mais c’est l’expérience et l’énergie de cette génération, si elle est soutenue correctement, qui aideront leurs communautés à survivre et à se reconstruire”.
«Malgré le caractère peu prometteur de leur situation actuelle, il y a encore de l’espoir pour l’avenir, et les jeunes participants à cette étude ont de nombreuses idées sur la manière dont ils peuvent survivre au conflit et se reconstruire après celui-ci », a conclu Thérèse Akakpo.
S’exprimant au nom de la ministre des Affaires Sociales, de la promotion féminine et des personnes vulnérables, madame M’barra Diallo, Conseillère chargée de la promotion féminine, dudit ministère, évoquant certaines de cette situation, a proposé une piste de solution pour renverser cette tendance.
« Je pense qu’on doit briser le silence. Nous devons vulgariser les textes de droits. Les textes juridiques doivent être vulgarisés pour que la fille et la femme arrivent à savoir qu’elles ont des droits, qu’elles puissent savoir qu’elles ont le droit d’aller se plaindre et se plaindre là où il faut. Il faut qu’on brise le silence», soutient-t-elle.
«Tout le problème de cette violence-là, il y a aussi l’impunité. Parce que le plus souvent, quand tu arrives à te plaindre, tu envoies l’intéressé dans les lieux, je ne sais pas, on ne peut pas d’abord appeler juridique, mais dans les lieux, je peux appeler peut-être la gendarmerie ou la police. Le plus souvent, sans aucun procès, on libère la personne. Et le plus souvent, on essaie de corriger les imperfections, on essaie de régler les problèmes de viol et de violence à l’amiable, en famille. Et il faut qu’on enlève cela de notre tête, qu’on arrive à savoir qu’on est très riches en textes » a ajouté la représentante de la ministre des Affaires Sociales, de la promotion féminine et des personnes vulnérables.
Pour rappel, ce rapport est présenté en marge de la Journée Internationale de la Fille, célébrée le 11 octobre de chaque année.
Alpha Ibn Boubacar Diallo