F ace à la recrudescence des accidents sur les routes interurbaines de Guinée, notamment sur l’axe Conakry-Mamou, plusieurs usagers expriment leurs inquiétudes et pointent du doigt certains types de véhicules, en particulier les Toyota Verso et les Opel Zafira, souvent impliqués dans les collisions les plus graves.
Ces véhicules ont progressivement remplacé les Peugeot 504 et 505 dans le transport en commun.
Appréciés pour leur confort et leur rapidité, ils sont cependant accusés de favoriser des comportements à risque sur la route. Leur vitesse, souvent mal maîtrisée, contribuerait à leur réputation inquiétante.
Certains usagers les surnomment même « RIP », en référence à l’expression anglaise Rest In Peace, tant les accidents mortels sont fréquents sur les trajets où ils circulent.
Des causes multiples identifiées
Plusieurs facteurs sont cités parmi les causes récurrentes de ces drames : surcharge des véhicules, installation de porte-bagages improvisés, dépassements dangereux, excès de vitesse, fatigue ou distraction des conducteurs, ainsi que l’état dégradé et la dangerosité de certaines routes nationales.
Selon de nombreux observateurs, sur les tronçons étroits et accidentogènes, ces comportements multiplient considérablement les risques de collisions.
Des propositions pour renforcer la sécurité
Face à cette situation, certains usagers proposent l’interdiction pure et simple de ces véhicules pour le transport interurbain, bien que cette mesure paraisse difficile à appliquer.
D’autres pistes sont évoquées pour encadrer leur utilisation, notamment, la limitation obligatoire de la vitesse à 80 km/h pour les véhicules de transport interurbain, l’installation d’un boîtier électronique de bridage sur chaque véhicule, conditionnant toute nouvelle immatriculation, la mise en conformité des véhicules déjà en circulation dans un délai fixé par les autorités, la prise en charge du dispositif par les propriétaires, avec possibilité de subvention ou d’ajustement du prix des billets pour compenser les coûts et la supervision de la mise en œuvre par une structure spécialisée, telle que la CADAC ou AGEROUTE.
Au-delà de la question des véhicules, plusieurs spécialistes estiment que l’insécurité routière en Guinée résulte d’un problème structurel.
Ces derniers plaident pour une stratégie globale, incluant la modernisation des infrastructures, le renforcement des contrôles, la sensibilisation des chauffeurs, et l’application stricte des sanctions contre les infractions graves.
L’installation de panneaux de signalisation, la limitation de vitesse sur les zones critiques et l’organisation de campagnes d’éducation routière destinées aux transporteurs figurent parmi les mesures jugées prioritaires.
« Ces actions, même si elles ne sont qu’un début, pourraient contribuer à réduire le nombre d’accidents et à sauver des vies sur les routes nationales », estime Mamoudou Diallo, usager régulier de l’axe Conakry-Mamou.
Alpha Ibn Boubacar Diallo