L a question de la gouvernance interne et du renouvellement des instances dirigeantes des partis politiques est actuellement au cœur des débats en Guinée. Le Cercle des Amis de Gaoual (CERAG-UFDG), à travers son président, Lamarana Petty Diallo, a exprimé, mercredi 27 février 2025, une volonté ferme de réforme au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
L’objectif affiché est de moderniser les textes, rajeunir les instances et garantir une transition démocratique pour éviter toute crise de succession au sein de la principale formation politique en Guinée.
Un Congrès Extraordinaire pour éviter l’inertie
Depuis 2015, l’UFDG n’a pas tenu de congrès, maintenant ainsi des textes et des pratiques jugés obsolètes par une partie des militants.
Dans un contexte où la Guinée et le monde évoluent politiquement, économiquement et socialement, le CERAG-UFDG estime qu’il est impératif d’adapter les règles de fonctionnement du parti pour qu’il reste en phase avec les réalités actuelles.
Au cours d’une conférence de presse , le camp de l’actuel ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, exclu de l’UFDG, a annoncé un Congrès Extraordinaire les 12 et 13 avril 2025 pour :
- Réviser les textes fondamentaux du parti (statuts, règlement intérieur, projet de société);
- Rajeunir les instances dirigeantes en intégrant de nouvelles générations politiques;
- Réaffirmer la démocratie interne, en s’éloignant d’un système de nominations centralisées;
- Répondre aux exigences du ministère de l’Administration du Territoire, qui a relevé des manquements administratifs dans le fonctionnement des partis politiques, y compris l’UFDG.
Lamarana Petty Diallo insiste sur le fait que cette démarche n’a rien d’un mouvement contestataire, mais s’inscrit dans une volonté de rénovation et de redynamisation du parti.
La fin du « président à vie » ?
L’un des points majeurs soulevés par le président du CERAG-UFDG est la question de la longévité des dirigeants au sein des partis politiques guinéens.
Selon lui, il est inacceptable qu’un président démocratiquement élu à la tête d’un parti s’y maintienne indéfiniment. Il critique un système où les mêmes visages restent en place pendant des décennies, freinant ainsi l’émergence de nouvelles figures capables de proposer des visions alternatives.
Dans cette optique, explique-t-il, le congrès doit permettre à tout militant possédant les capacités morales, intellectuelles et physiques de se porter candidat à la présidence du parti, y compris face à Ousmane Gaoual Diallo, qui semble être le candidat favori de l’actuelle direction.
Démocratie interne en péril ?
Lamarana Petty Diallo dénonce également une tentative de verrouillage du processus démocratique au sein du parti. Il évoque notamment une note interne en préparation pour le congrès du 29 avril, qui viserait à supprimer tout débat et tout vote en interne. Parmi les mesures envisagées, il y a, d’après lui :
- Suppression des 40 postes de secrétaires nationaux, sans possibilité de les rénover;
- Nominations centralisées par le président du parti pour les postes clés, y compris les vice-présidences et le secrétariat exécutif;
- Création d’un Secrétariat Exécutif permanent, dirigé par un secrétaire exécutif en chef avec rang de vice-président, qui contrôlerait l’ensemble des activités politiques et administratives du parti.
Ces décisions, si elles étaient appliquées, signifieraient, aux yeux du président du CERAG-UFDG, la fin du suffrage universel au sein du parti.
Une nécessité pour la survie du parti
Le CERAG-UFDG voit dans ce Congrès Extraordinaire une bouée de sauvetage pour l’UFDG, afin d’éviter des sanctions pouvant aller jusqu’à la suspension du parti. Il s’agit non seulement d’une démarche de mise en conformité avec les lois guinéennes, mais aussi d’un engagement en faveur de la démocratie interne et de la pluralité des candidatures.
Reste à savoir si cette initiative va prospérer pour aboutir à une véritable transformation de l’UFDG.
Alpha Ibn Boubacar Diallo