D ès la prise du pouvoir par l’armée guinéenne le 5 septembre 2021, le numéro 1 du Conseil National de Rassemblement pour le Développement (CNRD), le colonel Mamadi Doumbouya, a cité comme modèle, l’ancien président ghanéen, Jerry Rawlings, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1981 avant de démocratiser son pays.
Certes, le nouvel homme fort de Conakry a pu rassurer, à travers sa première déclaration, les uns et les autres, sur le bien-fondé de leur coup d’Etat, en dénonçant les tares du défunt régime caractérisé par une gabegie financière, la politisation à outrance de l’administration publique, la pauvreté et la corruption endémique.
Donner le bon exemple
Mais, les nouvelles autorités devraient poser un certain nombre d’actes dans l’urgence pour donner les couleurs d’une rupture totale tant rêvée par les guinéens.
Le bon sens voudrait que la junte publie la liste de tous les militaires et civils qui composent le CNRD (Conseil National du Rassemblement pour le Développement) pour que chacun d’eux déclare ses biens.
Après un peu plus de deux semaines aux commandes, le CNRD et son président doivent en principe définir une feuille de route pour qu’ils soient jugés dans le temps.
Mettre fin au rêve des anciens dignitaires convaincus du retour de leur champion
Il y a encore des anciens dignitaires et certains militants qui croient au retour du président déchu par la force des choses. Ce rêve obscur se traduit par la volonté de certains artisans du 3eme mandat d’Alpha Condé à retrouver, coûte que coûte, les positions de privilèges perdues suite au coup d’Etat.
C’est pourquoi, c’est maintenant ou jamais pour le CNRD d’enterrer ce rêve, en ne donnant plus la chance aux promoteurs du 3ème mandat et aux pyromanes de se recycler sous le manteau de leaders politiques.
La rupture, la fermeté et la rigueur comme fil conducteur
S’il est vrai que la justice va être désormais la boussole, le CNRD doit envoyer un signal fort en vue de barrer la route à toutes les spéculations et à toutes les velléités susceptibles d’entraver son programme. Ceci devrait commencer par un audit systématique, qui aboutirait au virement pur et simple de tous les anciens directeurs et DAF complices des crimes économiques…
Dans la même logique, le CNRD doit également mettre en place une commission justice vérité sur tous les massacres commis depuis 2010 pour définir les responsabilités de toutes les violations, de l’instrumentalisation de l’administration publique, du piétinement des droits humains, de l’injustice, en traduisant devant les tribunaux tous les cadres (ministres, secrétaires généraux, chefs de cabinet, directeurs généraux, chefs de projet et DAAF.
En posant ces différents actes, les nouvelles autorités du pays auront donné des preuves palpables de rupture que les guinéens dans la majorité attendent.
Alpha Diallo, depuis Paris