Nkurunziza / alpha condé : une lecture nuancée des successions

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Le trépas annoncé, ce mardi 9 juin 2020, du président burundais, Pierre Nkurunziza, âgé de 56 ans, des suites d’un « malaise » devrait interpeller les guinéens.

Aujourd’hui, la crise que traverse la Guinée est en passe d’atteindre son paroxysme. La légitimité d’Alpha Condé et la légalité des actes posés par lui sont de plus en plus contestées. La Constitution et l’Assemblée Nationale issues du double scrutin du 22 mars dernier, ne sont pas reconnues par certains partis politiques de l’opposition et autres plateformes et mouvements de la société civile réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Des Guinéens sortis manifestés contre le 3ème mandat d'Alpha Condé
Des Guinéens sortis manifester contre le 3ème mandat d’Alpha Condé

Le président Nkurunziza, en dépit des rumeurs, a été déclaré mort de problèmes cardiaques à la suite d’un malaise constaté 24 heures plutôt. Donc, aucune maladie de nature prévisible.

Âgé de seulement 56 ans, Nkurunziza avait la possibilité de candidater à sa propre succession, un peu comme son forcing de 2015. Mais rien de tel. Il a tout bonnement décidé de donner suite aux manifestations contre le mandat viager en réglant, de manière « définitive », sa succession. C’était l’enjeu véritable des élections de mai dernier qui ont vu élire son dauphin désigné, le Général Évariste Ndayishimiye, un autre rebelle des FDD, Président de la république du Burundi.

Quoiqu’il en soit, cette approche, déjà expérimentée en RDC, est de loin mieux qu’une transition vers l’incertitude et l’inconnu qui semble désormais se profiler du coté de Conakry.

Sauf changement de dernière minute,  celui qui a été élu par le peuple burundais, le 20 mai passé, prendrait fonction dans la seconde moitié du mois d’août prochain.

Nkurunziza et Ndayishimye en pleine campagne présidentielle. Crédit photo mai 2020
Nkurunziza et Ndayishimye en pleine campagne présidentielle. Crédit photo mai 2020

En Guinée, où en sommes-nous avec la succession d’un président, âgé de 82 ans, se trouvant aux frontières de la sénilité ?

L’élection présidentielle pourrait-elle être organisée avant la fin de mandat du Président Condé ? Si oui, quelles chances pour qu’Alpha Condé ne se succède pas ?

Au cas échéant, quid des luttes de positionnement au sein de la mouvance RPG-arc-en-ciel au pouvoir depuis 2010, ce grand éléphant au pieds d’argile ?

Alpha Condé sera -t-il disposé à proposer un dauphin à sa propre succession ?

En cas de survenance d’événements inopinés, Amadou Damaro Camara (président de la nouvelle Assemblée Nationale, NDLR) aura-t-il la légitimité nécessaire et les coudées franches pour faire observer la procédure Constitutionnelle prévue en la matière ?

Autant de questions que seul Alpha Condé pourra répondre.

Guinea's President Alpha Conde arrives to attend a visit and a dinner at the Orsay Museum on the eve of the commemoration ceremony for Armistice Day, 100 years after the end of the First World War, in Paris, France, November 10, 2018. REUTERS/Benoit Tessier - RC154027BAF0
Guinea’s President Alpha Condé. REUTERS/

Toutefois, il ne serait pas impertinent de faire remarquer que la gouvernance Nkurunziza a, sur le plan économique, relégué son pays au rang des trois Etats les plus pauvres du contient et enliser celui-ci dans un régime tout à fait liberticide, toute proportion gardée.

Malgré cela, l’espoir d’une transition constitutionnelle apaisée au Burundi reste de rigueur, étant entendu que le dauphin, le Général Évariste, est déjà plébiscité par les forces armées burundaises, du moins par une bonne partie des ex-rebelles au pouvoir depuis 2005.

En Guinée, les leçons à tirer doivent être conséquentes, car la fin de mandat du locataire de Sekhoutoureya inspire autant d’interrogations que d’incertitudes

A suivre !

Ibrahima CHÉRIF

Analyste

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