Mines: le village de kandoumba dans les rouages d’une exploitation indécente (reportage)

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L ’arrivée des sociétés minières à Boké a complétement bouleversé le quotidien des habitants de certains villages où l’exploitation s’effectue à longueur de journée. C’est le cas par exemple du village de Kandoumba, sous-préfecture de Malapouya. Ici, l’expression ‘’ nous souffrons’’ est devenu le refrain des habitants.

Depuis l’implantation des sociétés minières dans la zone, les villageois ne cessent de dénoncer les multiples dégâts constatés sur les lieux : destruction de l’environnement, l’expropriation des terres cultivables, entre autres.

Daouda Camara, imam de Kandoumba, photo guineeactuelle.com

« Nous les habitants de Kandoumba, nous sommes là depuis le vivant de nos parents, les deux communautés (peulhs et lamdouma). Nos parents ont toujours préservé la paix cette entente. Nous aussi c’est ce que nous préservons. Pour preuve on a qu’une seule mosquée, c’est là où nou.s prions tous » a rappelé avec fierté Daouda Camara, premier imam de la mosquée Kandoumba

Selon lui, l’unique chose qui fatigue aujourd’hui les habitants de son village est l’arrivée des sociétés minières dans leur localité.

« Ils ont exproprié toutes nos terres, jardins. Les indemnisations qu’ils ont données, ne suffissent pas. Comment faire ? Nos difficultés sont nombreuses, le bruit des bulldozers  la nuit nous fatigue et nous ne dormons pas. Pendant la saison sèche, c’est la poussière qui nous envahit. Mais nous ne pouvons pas revendiquer », a dénoncé Imam Daouda Camara.

Pour sa part, le chef de secteur de ce village de plus 500 habitants, reconnaît les efforts fournis par les exploitants miniers.  Mais, ne cache pas sa crainte. Pour lui, l’indemnisation est un facteur important, mais comment cela ne peut être durable pour des générations futures que si la formation des enfants est garantie.

Ousmane Diallo, chef d’un secteur relevant Kandoumba

«Depuis leur arrivée chez nous, ils nous ont expliqué ce qu’ils veulent. Après, nous leur avons fait part de nos préoccupations. Mais ce que je peux dire là où on travaillait pour gagner de quoi vivre, ils ont tout pris. Même si on a été indemnisé, mais ça ne suffit pas. Cependant, la future génération pourrait être dans les problèmes dans les années à venir.  Ils devaient penser à former nos enfants au moins. Partout où on cultivait, tout est occupé. Nous n’avons pas d’eau et ni le courant », indiqué Ousmane Diallo, chef d’un secteur relevant  de Kandoumba.

A l’image de Kotobolia, les femmes de Kandoumba sont aussi touchées par l’exploitation minière dans leur localité. Ces femmes disent avoir passé cette année une saison difficile. Car, soutiennent-elles, obtenir de l’eau potable est devenu un parcours d’un vrai combattant.

Fatoumata Binta, habitante de Kandoumba, photo guineeactuelle.com

« Avec l’exploitation des mines, toutes les rivières qui servaient de source de provision ont tari. Nous souffrons pour avoir de l’eau. Nous partons quémander, parfois on gagne. Il nous arrive parfois, on ne gagne même pas de l’eau. Actuellement, on ne gagne pas d’eau potable, compte tenu de la boue rouge qui coule dans les rivières. Le seul forage qu’on a ne fonctionne pas. Avec ce forage, nous n’avons fait que quelques mois seulement et après ça ne donnait plus. Depuis lors jusqu’à maintenant, on ne gagne pas », a confié Fatoumata Binta, habitante de  Kandoumba.

Forage en panne à Kandoumba, photo guineeactuelle.com

En voulant confronter les avis, nos reporters ont voulu se rendre dans les installations du port minier de Katougouma, où on voit des camions chargés de tonnes de bauxite qui défilent à longueur de journée. Mais c’était sans savoir que les agents de sécurités postés à la devanture ont une consigne de ne laisser passer aucune personne étrangère. Toutes nos tentatives pour leur convaincre sont restées vaines.

Port minier de Kandomba, photo guineeactuelle.com

« Messieurs, vous venez d’où ? » lance un des agents à qui nous avons décliné notre identité en lui disant que ‘’nous sommes des journalistes et nous venons pour visiter le port dans le cadre d’un constat que nous sommes en train de faire dans les carrières minières’’.

« Pas d’accès s’il n’y a pas d’autorisation préalable », enchaîne un autre agent.

Aliou Diallo

 

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