Lutte politique en guinée : le pouvoir face à une opposition qui biaise son propre combat

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Les nouveaux membres de la commission électorale nationale indépendante seront investis, lundi 21 janvier 2019, de tous les pouvoirs afférant à leur fonction de commissaire de la CENI. Cette cérémonie, manifestement légale, sera placée sous le magistère de l’institution gardienne de la constitution guinéenne, en l’occurrence la Cour Constitutionnelle. C’est justement à ce point précis que se trouve le hic. Tout le paradoxe lié au combat que mènent les acteurs de l’opposition guinéenne y trouve son entière expression.

Pour rafraîchir la mémoire de nos lecteurs, qu’il leur plaise qu’on leur rappelle qu’en octobre 2018, le président  Alpha Condé, à travers un décret signé de ses mains, avait entériné la destitution du magistrat Kéléfa Sall et confirmé Mohamed Lamine Bangoura au poste de président de la Cour Constitutionnelle. Cet acte du timonier de Sekhoutoureya qui a longtemps défrayé la chronique, avait été qualifié par l’opposition guinéenne de «push constitutionnel ».

En conséquence, elle s’était engagée à ne pas reconnaitre en monsieur Mohamed Lamine Bangoura, toute la légitimité dont ce dernier aurait besoin en vue de poser des actes qui siéent à son statut. De cette pugnacité affichée par l’opposition guinéenne soutenue par des activistes de la société civile, pour qui connait le rôle d’une Cour Constitutionnelle dans un Etat de droit, une véritable lutte aux saveurs politico-juridique venait de se déclencher entre les principaux protagonistes de la vie publique guinéenne. Et bien que le camp au pouvoir ait toujours un coup d’avance, le combat semblait loin d’être terminé.

Hélas, encore une fois, voilà que le staff piloté par Cellou Dalein Diallo (président de l’UFDG, principal parti de l’opposition guinéenne et chef de file de celle-ci ndlr) emprunte une direction qui va en contre-sens de leur engagement vis-à-vis du peuple. Cet engagement, quoiqu’il soit, devrait s’inscrire dans ses premiers abords, non seulement en droite ligne du respect des lois de la république, mais aussi loué le peuple à travers un discours dont il s’imposerait la rigueur de suivre.

Et malheureusement, depuis les guéguerres enregistrées dans la composition des membres de la CENI, nul ne pouvait ne pas constater les ambitions aux allants oligarchiques de la classe politique guinéenne. Au lieu de concentrer son énergie afin que le président légitime de la Cour Constitutionnelle regagne dignement son poste, ou qu’un autre acteur ne le remplace légitimement, l’opposition pilotée par son chef de file n’a point ménagé ses efforts pour que le décret présidentiel, anciennement décrié, soit entériné de la manière la plus originale que possible.

Partant de là, si aujourd’hui les représentants des principales formations politiques du pays (UFDG de Cellou Dalein Diallo, UFR de Sidya Touré, PEDN de Lansana Kouyaté) prêtent serment devant Mohamed Lamine Bangoura, actuel président de la Cour Constitutionnelle, cette même opposition se serait fait harakiri au regard des discours qu’elle tenait hier. Jamais, elle ne pourrait délégitimer la Cour ou encore remettre en cause l’autorité du président de la Cour.

Par ailleurs, il faut entendre ce comportement de l’opposition guinéenne comme étant une illustration de ces nombreuses contradictions qui deviennent de plus en plus ubuesques. Critiquer une élection et participer à celle-ci, clamer la politisation d’une CENI pour en créer une autre plus politique, refuser une législature et siéger à celle-ci, s’indigner d’un décret présidentiel et se battre pour entériner celui-ci, refuser le troisième mandat, refuser la prorogation du mandat du chef de l’Etat et se gratifier de la prorogation du mandat de ses députes : telles sont les bêtises qui caractérisent l’opposition guinéenne.

CHERINGAN

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