Hivernage : sale  temps pour la guinée

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A utrefois associée au début de travaux champêtres et des cultures, la saison des pluies est devenue une véritable période de calvaire pour les Guinéens. Entre inondations et ruptures de ponts, on dénombre plus le nombre de catastrophe causée par la pluie qui est pourtant une richesse dans le château d’eau d’Afrique de l’Ouest.

L’eau, source de vie. Une richesse inépuisable et renouvelable qui a fait de la Guinée, le château d’eau de l’Afrique occidentale. Le pays compte 1120 cours d’eau et abrite la source de fleuves emblématiques comme le Niger ou le Sénégal.

Une guinéenne les pieds dans l’eau

Gâtés par dame nature, les Guinéens ne tirent presqu’aucun bénéfice de leur florissant écosystème qui est tant envié par des pays voisins moins dotés par la nature. L’importation massive des produits de consommation de base comme le riz, le sucre ou l’huile affaiblit le marché intérieur de ces mêmes produits qui sont pourtant plus sains que ceux importés avec leur tonnage d’OGM.

Mais revenons à cette spécificité de la Guinée qui est son abondante pluviométrie. Depuis quelques années, cet atout naturel est en passe d’en devenir son handicap. Auparavant, nous étions habitués à entendre des cas de noyades mortelles, de véhicules emportés par les flots et de quelques cas d’inondations dans les quartiers populaires. Les vents ont tourné et les averses ont grossis.

En août 2016, deux fleuves sortent de leurs lits et se sont déversés sur la route nationale 1 entre Kindia et Mamou. Les usagers furent contraints de traverser sur le dos de gros bras moyennant des francs glissants en fonction de leur poids. C’était la pluie qui annonçait l’orage.

L’orage s’abat le mardi 22 août 2017 lorsqu’après une matinée de pluie torrentielle, la montagne d’ordures installée à Dar-es-Salam dans la banlieue de Conakry s’écroule sur les habitations environnantes faisant dix morts. C’est la première fois que les ordures tuent en Guinée. Le président se rend sur les lieux et promet de déguerpir les habitants. Mais il ignorait que Conakry même est un gros Dar-es-Salam à ciel ouvert qui croule sous les ordures.

Appelée capitale par défaut parce qu’il en faut une à la Guinée. Le drame de Dar-es-Salam a passé sous silence tous les cas autres d’inondations anonymes. Ces véhicules noyés, des habitations envahies par les eaux, les embouteillages et plus encore.

Nouvelle année, nouvelle saison. 2018, les pluies innovent. Elles mettent à rude épreuve les infrastructures de communications relativement nouvelles et achèvent carrément certaines qui datent de l’époque coloniale. Comme pour mettre en pratique les dires du Président qui, quelques jours avant a demandé à l’Afrique francophone de couper le cordon ombilical avec l’ancienne métropole. Les ponts tombent comme des fourmis et mettent à nu  l’extrême fragilité de nos belliqueuses voies de communication. C’est le pont colonial de Linsan qui coupe  le premier son cordon ombilical. Construit en 1932, le temps, le manque d’entretien ont eu raison de lui. La déviation de fortune construite pour fluidifier le trafic est submergée par la montée des eaux. Le calvaire des usagers est tel qu’une femme en provenance de Kérouané y laisse la vie. L’ultime sacrifice.

L’eau tue en Guinée. D’autres ponts en haute Guinée vont suivre sans oublier la passerelle de Gbessia….Les autorités n’en tirent aucune leçon. Elles sont trop occupées à bâillonner et piller.

An 2019, rebelote, le 17 mai, cinq personnes sont tuées par des flots après une forte pluie à Dabondy, dans la commune de Matoto. Les mimes scènes sont reprises. Salamalecs, condoléances, achat de consciences… Mais la pluie, elle n’arrête pas. Hier 22 août, elle provoque un éboulement sur la RN1 entre Coyah et Kindia. Conséquences, d’endormes files d’attente de part et d’autre de la voie.

La question que l’on se pose est la suivante : la saison des pluies est-elle une chance pour la Guinée ? Pas de doute, la réponse est oui. Quel pays n’aimerait voir son sol inondée, ses cultures irriguées, ses barrages remplis, sa nappe phréatique gorgée d’eau douce etc.

Chez nous, ce sont nos gouvernants qui ne savent que faire de la pluie. A part faire tourner les turbines de Kaléta ou Garafiri pendant… 5 mois.

Aucune politique de canalisation et de conservation des eaux de ruissèlement, aucune anticipation dans l’entretien préventif des infrastructures critiques touchées par la pluie. Non rien. Elles attendent que nous soyons inondées pour prendre des dispositions. Avec le dérèglement climatique, les choses ne sont pas prêtes de s’arrêter.

Il appartient aux autorités de renverser la tendance et faire en sorte que notre perception de la saison des pluies ne change pas : le bonheur.

Alpha Oumar DIALLO

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