Guinée : les avantages de la transition

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D epuis le 05 septembre 2021, le destin de la Guinée a brusquement changé pour prendre une direction quasi-radicale. Une direction qui, jusqu’à ce jour, tranche foncièrement avec la gestion, on ne peut plus chaotique du régime précédent.

Depuis, peu à peu, le CNRD, pose les bases d’une transition inclusive que nous souhaitons tous réussie. Même si sa durée reste pour le moment inconnue et que sa vocation n’est pas de développer la Guinée au plan socio-économique, la transition est l’opportunité de mettre néanmoins le pays sur les rails démocratiques. Des rails solides et une locomotive tellement achevée que le nouveau conducteur qui viendra sera obligé de s’adapter à la dynamique à défaut de faire mieux, car rien ne sera plus comme avant.

Alpha est parti, Mamadi est venu. Une révolution de palais disent certains, un véritable coup de force militaire clament d’autres. Quoi qu’il en soit, le régime du président Alpha est tombé. S’écroulant comme un château de cartes avec tous ses dignitaires qui ont fait crisper plus d’un dans ce pays.

Depuis bientôt trois mois, la junte au pouvoir est entrain de poser les jalons de la transition qui doit aboutir au retour de l’ordre constitutionnel bâclé en réalité depuis mars 2020.

La transition est une période unique et n’est pas souhaitable pour un pays soucieux d’un véritable développement économique et social. Mais celle du 5 septembre 2021 apparait comme une délivrance, une nécessité impérieuse à sortir de la léthargie. Pour un avenir radieux sans risque d’intervention de nouvelle crise constitutionnelle, il est fondamental que tous les acteurs de l’actuelle transition adoptent une posture nouvelle qui tranche radicalement avec les méthodes de gestion clanique du régime défunt.

Il s’agira non seulement de doter le pays d’institutions fortes et surtout de pratiques de gestion saines axées sur des résultats. Faire moins dans le bavardage, et plus dans l’action. L’avantage d’une transition est qu’elle soit politiquement incolore et donc plus flexible qu’un pouvoir dirigé par un parti politique. Avec un parti politique ou une coalition de partis, il existe inexorablement un plafond de vers infranchissable dans l’exécution des reformes. Ce plafond de vers comprend des «intouchables» dans le gouvernement, l’administration publique ou parapublique, des territoires appelées «bastions» et mêmes des entités inutiles, mais très budgétivores dites «indéboulonnables.» Les compromissions mesquines inaliénables à la gestion d’un parti politique altèrent les bonnes pratiques de gouvernance. Elles se font parfois au détriment de la loi et toujours sur le dos du contribuable.

Pour la Guinée, la gangrène de notre plaie est tellement développée qu’il faille une bonne dose de courage et de crans pour son ablation. La complexité sociologique fait que chaque acte des mandants, petit ou grand, est scrutée non pas sous l’approche de la conformité juridique ou de sa portée, mais généralement sous le prisme communautaire.

Dans le cadre de l’assainissement de la fonction publique par exemple, il est évident  que le reclassement ou l’éviction de toute la horde d’incompétents parachutée dans les sphères de l’administration sous Alpha Condé, fera forcement grincer des dents. Un parti politique dirigeant qui cherche à faire adhérer à sa gouvernance l’ensemble de la communauté nationale fera forcement des compromis sur ce type de réforme pourtant essentielle à l’efficacité de la machine administrative. Seule une transition apolitique bien conduite peut se le permettre. C’est pourquoi, même si ce type de chantier reste lourd et peu recommandable pour une transition, celle-ci doit avoir le mérite de le lancer et de le porter haut afin de déblayer le terrain pour le prochain président de la République.

La même action de salubrité publique peut être menée dans d’autres secteurs, notamment les audits sur la gestion précédente et surtout l’action judiciaire après l’obtention des résultats. Cette lourde responsabilité ne doit nullement être enfreinte dans des arrangements politiques.

Tous les acteurs de la transition doivent être exemplaires afin de laisser une habitude de gestion irréprochable dans l’optique de persuader les futurs gouvernants sur la désormais impatience du peuple et sa jalousie d’indépendance qu’il ne tronquera contre rien au monde.

Alpha Oumar DIALLO

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