Guinée : baadiko dit non à la braderie de nos richesses non renouvelables (déclaration)  

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F ace à l’intolérable pression des lobbies miniers sur le CNRD, pour qu’il ouvre les vannes du bradage des mines, nous ne pouvons que rappeler ceci :

Comme on le sait, depuis 2011, avec le nouveau Code minier, la Guinée a été transformée en une gigantesque termitière ou grouillent toutes sortes d’exploitants miniers, plus ou moins recommandables. Toute la politique économique irresponsable qui a été menée, s’est limitée pratiquement au développement anarchique des mines. Nous savons également que, du fait de la complicité active d’un pouvoir corrompu à tous les niveaux, tous les contrats octroyés ont été exploités sans aucun contrôle. Les recettes tirées par la Guinée de ces richesses non renouvelables de notre sous-sol, sont sans commune mesure avec l’énorme coût à payer en contrepartie. Dans toutes les zones minières, en plus des richesses définitivement perdues, l’environnement est complètement détruit : cours d’eau à sec, terres rendues arides par les poussières rouges, déversements de produits chimiques toxiques dans la nature ou dans les cours d’eau (mercure, cyanure, soude, etc.). Toutes ces zones sont devenues impropres à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche, alors que depuis des dizaines de milliers d’années, ce sont ces activités qui ont fait vivre les peuples Négro-africains. Après les mines, resteront les trous béants, l’environnement détruit et le désert humain. Les dégâts sur le plan social sont encore plus dramatiques : jeunesse déscolarisée et jetée dans les trous à or, explosion des tares sociales (anarchie, criminalité, drogue, alcoolisme, viols, etc.). Parlant de l’or par exemple, nos ancêtres depuis plus de 8000 ans en bénéficiaient. Chaque génération l’exploitait en son temps et laissait la place à la génération suivante, justement puisque l’exploitation était durable. Aujourd’hui, hélas à ce rythme, c’en est fini du Bouré par exemple. Face à cette catastrophe définitive et irréparable, Mansa Mussa doit être entrain de se retourner dans sa tombe.

Pour sortir de la misère, du sous-développement chronique, du pillage de ses ressources naturelles, de la ruine économique et sociale, l’Afrique doit absolument mettre fin à sa situation néo-coloniale, consistant à n’être qu’une simple pourvoyeuse de matières premières non transformées, bazardées à vil prix. Ceux qui évacuent nos minerais bruts vers chez eux pour les transformer, doivent installer ici en Guinée, des raffineries de pétrole et des industries métallurgiques. Toute politique contraire constituerait un crime économique que les générations futures ne nous le pardonneront pas. Malgré la dénonciation des crimes du régime de Sékou Touré, nous ne pouvons pas ne pas rappeler ses propos : « Les ressources provenant de l’exploitation minière sont aléatoires et insignifiantes ».

La seule politique acceptable en ce domaine de la part du gouvernement de Transition est celle qui consiste à résister courageusement aux pressions de toutes sortes et à geler indéfiniment toute délivrance de nouveaux permis de recherche et d’exploitation minière. Au contraire, nous devons plutôt travailler durement à contraindre les exploitations existantes à respecter scrupuleusement et intégralement tout leur cahier des charges et les lois guinéennes du travail, du droit fiscal et de protection de l’environnement.

A noter que nous avions accueilli avec la plus grande inquiétude cette curieuse affaire d’avion présidentiel dont on dit qu’il aurait été « offert » à la Guinée – qui n’en a nul besoin – par un conglomérat minier indien. Nous devons refuser ces marchés de dupes consistant à recevoir un œuf pour donner un bœuf.

L’agriculture, l’élevage, la pêche, doivent constituer les moteurs de notre développement et notre émancipation.

Conakry, le 24 février 2023.

Mamadou Baadiko BAH Président de l’UFD

 

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