Les élections du 4 février dernier sont uniques en Guinée. Des élections qui ne sont tenues qu’après plus de dix ans, 2005 à 2018, au vu et au su d’une constitution préétablie. Ce qui ressort un manque de volonté politique depuis la 2ème République. Une élection qui, selon l’ONU, n’a connu que peu d’imperfections et de fraudes minimes opérées par les deux géants politiques de la Guinée : RPG et UFDG.
Durant plus de deux ans, nous avons assisté au remous qui ont abouti au décès de plusieurs jeunes manifestants ; des manifestations organisées par l’opposition qui a donné parturition d’accords contestés, remaniés auxquels sont assortis ces élections. Et ces remparts de jets de pierres, de brulures des pneus n’étaient dans l’idée de personne comme une bonne issue.
Nos politiques n’ont aucune stratégie que celle de la matoiserie ethnique. Comme l’a dit François Soudan, ils ne comptent que sur leur communauté ; c’est tout simplement une politique communautariste. Pour un peu illustrer cela, le RDIG de Papa Koly Kourouma n’a pas osé présenter de candidat à Kankan, à Mandiana ou à Labé lors de ces élections communales. La seule cause à laquelle on peut s’en tenir est tout simplement que Papa Koly n’est pas de l’ethnie de cette localité. Rien ne prouve le contraire de cela : son parti a pu présenter des candidats à Kissidougou, Sangardo, Gueckedougou… Il est tout simplement forestier : ça a joué en sa faveur dans cette région.
Par quoi pouvons-nous justifier la présence du PUP à Sandenya, dans Faranah où les Djalonké sont majoritaires ? Conté est un Soussou, le PUP est le parti des Soussou et nous savons que le soussou est le dérivé du Djalonké ; automatiquement ils deviennent tous la même chose. Nous avons pu observer qu’à part ces localités à consonance soussou, le PUP n’a existé nulle part : c’est la politique guinéenne.
Pourquoi il n’y –a qu’à Coza, Hamdallaye et Bambeto, des soulèvements routiniers ? De toute vérité, il n’y a pas que ces localités qui ne soient sales ou qui ne soient les seules à vivre le délestage du courant. Toutes les révoltes dans ces coins ont une connotation ethnique. Ces localités ne laissent jamais un véhicule VA sans l’incendier. Pendant leurs mouvements, la langue malinké est interdite.
Et Voyons par exemple si le jeu politique est mature en Guinée. Pourquoi Bantama Sow ne bat pas campagne pour le parti au pouvoir ailleurs qu’à Mamou ? A Mamou, c’est son ethnie « peuhl » qui donne la couronne.
Cellou Dalein, Alpha condé n’ont aucune stratégie politique à part celle basée sur l’attrait ethnique. Ils ne participent aucunement pas à l’amélioration de la vie politique guinéenne. Leur politique communautariste a fait en sorte que les malinkés et les peuhls ne sentent plus opposés que jamais.
Du coup, c’est la bipolarisation politico-ethnique. Ces politiques savent déjà, avant même que ces élections ne se tiennent, où ils doivent remporter la victoire. Cellou Dalein sait qu’on ne pourra jamais le battre à Labé où son ethnie est majoritaire. Même en dormant, Alpha a cette vérité en lui : il est impossible de l’exproprier de son électorat à Siguiri et à Kankan.
Les propos de François Soudan sont certainement caustiques, mais ce confrère de « Jeune Afrique » peint équitablement la réalité qui prévaut en Guinée : une vérité qui fait mal, mais qui du reste, demeure une vérité.
Ibrahim Latif OULARE, chroniqueur
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