Financement du programme anies : que peut-on dire sur la provenance des fonds ?

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L ’information relative au financement du programme ANIES par la Banque Mondiale, publiée le 30 mai dernier par le gouvernement guinéen, ne semble pas être en parfaite cohérence avec le contenu du plan de riposte contre la covid-19 présentée par le gouvernement guinéen. Du moins, il ressort que des précisions importantes restent à apporter sur l’origine exacte des fonds alloués audit programme.

Accordé sous forme de don, un montant d’une valeur de 70 millions de dollars octroyé par la Banque Mondiale, permettant à l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale (ANIES) d’amplifier ses multiples actions dans le cadre de la lutte contre l’extrême pauvreté et en particulier dans le contexte de la crise sanitaire liée à la Covid-19, en vue d’amortir les conséquences de la pandémie sur les plus vulnérables, selon une note du gouvernement guinéen.

Le Président Alpha Condé et le premier ministre Kassory Fofana, au sortir d'une réunion consacrée à l'ANIES
Le Président Alpha Condé et le premier ministre Kassory Fofana, au sortir d’une réunion consacrée à l’ANIES

Ainsi, dans le cadre de la riposte à la crise sanitaire liée à la COVID-19, 25 millions de dollars issus de ces fonds seront affectés aux transferts monétaires que l’ANIES lance à la fin de ce mois de juin 2020 au bénéfice de 240 000 ménages vulnérables, soit 1,6 million de guinéens, à raison de 25 dollars (aux alentours de 250 000 GNF, ndlr) par mois et par ménage.

Le reste de l’enveloppe soit 45 millions de dollars, explique le gouvernement, permettra à l’ANIES de déployer ses politiques d’inclusion économique, sociale et financière pour la période 2021 à 2024.

Cependant, dans le plan guinéen de riposte contre la covif-19, la composante sociale du plan, quant à elle, viserait à apporter une aide appropriée aux populations, en particulier les plus démunies. Elle comporte le plan de l’ANIES et des mesures sociales complémentaires.

A cet effet, l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES), fer de lance de la politique sociale du Gouvernement, aurait commencé à exécuter un plan d’urgence de 439 milliards de francs guinéens qui contrastent nettement avec les 25 millions de dollars américains mentionnés dans l’information précédente.

L'ONG Tinkisso en pleine activité de désinfection dans le cadre des projets de l'ANIES
L’ONG Tinkisso en pleine activité de désinfection dans le cadre des projets de l’ANIES

Ces 439 milliards étaient disponibles selon le premier ministre et permettraient de mener les campagnes de sensibilisation, d’effectuer la distribution de kits de protection, la réalisation de travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) destinés à assainir le cadre de vie à Conakry, et la réalisation de transferts monétaires pour 240 000 ménages vulnérables visés (soit 1,6 millions de Guinéens).

L'ANIES à l'intérieur du pays
L’ANIES à l’intérieur du pays

Par ailleurs, nulle part le gouvernement guinéen ne précise l’origine de la grande partie des fonds utilisés par l’ANIES. Tout ce que nous savons réside dans le discours du Chef du gouvernement qui indique que 439 milliards GNF seraient disponibles pour le financement de l’ANIES dans le cadre de la riposte économique contre la COVID (pan social dudit plan, ndlr).

Ces fonds proviennent –t-il exclusivement du budget national ? De l’aide des partenaires au développement ? Ou plutôt d’une contribution quasi paritaire de l’Etat guinéen et de ses partenaires ?

Ces questions demeurent.

Toutefois, il est évident que ladite de la contribution de la Banque Mondiale n’apporte que la moitié des fonds attendus pour l’effectivité des actions de l’ANIES dans le cadre de la riposte économique adoptée par le gouvernement guinéen.

En conséquence, l’on décèle une incohérence entre les fonds annoncés disponibles et ceux déclarés reçus. Ou plutôt un manque de précision dans les annonces publiques. Car si l’opinion est au courant de la provenance de la moitié des fonds (25 millions du groupe de la BM) tels qu’annoncés, il n’en demeure pas moins que le gouvernement guinéen reste tenu d’informer ses populations quant à la provenance réelle de l’autre moitié des 439 milliards GNF annoncés.

Au moment où nous publions cet article, toutes nos tentatives pour joindre les responsables de l’ANIES sont restées vaines.

A suivre !

Iso Abdoul Latif

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