A l’occasion de la fête internationale du travail, célébrée le 1er mai de chaque année, treize centrales syndicales guinéennes ont rendu public un manifeste revendicatif exigeant des réformes immédiates en faveur du pouvoir d’achat, de la protection sociale et du respect des droits syndicaux.
Dans un manifeste articulé autour de six axes, ils réclament l’application d’engagements antérieurs, des mesures concrètes en faveur des contractuels, une revalorisation des pensions de retraite, et la relance du dialogue social.
En première ligne, les syndicats exigent l’application intégrale du protocole d’accord du 15 novembre 2023, resté lettre morte selon eux.
Ils demandent également le paiement immédiat des salaires bloqués de nombreux enseignants et fonctionnaires locaux nouvellement intégrés, ainsi que l’engagement à la fonction publique des contractuels laissés pour compte après les concours d’intégration.
Le mouvement syndical pointe la cherté de la vie, alimentée par la flambée des prix du carburant et des denrées de base. Il réclame en réponse la revalorisation des indemnités de transport et de logement à hauteur de 600 000 GNF chacune, l’adoption d’une nouvelle grille salariale pour les agents publics et la révision du statut particulier des enseignants.
Les syndicats appellent aussi à formaliser le secteur du moto-taxi, souvent la seule activité des jeunes chômeurs, et à lever l’interdiction de circulation dans certaines zones comme Kaloum. Ils fustigent les “mesures disproportionnées” infligées aux conducteurs et les fréquentes tracasseries policières sur les axes routiers.
Côté protection sociale, ils dénoncent des pensions de retraite “dérisoires” et demandent une réforme profonde de la Caisse nationale de sécurité sociale, afin d’aligner ses prestations sur celles de la CNPS, notamment la prise en charge médicale à 80 %. Ils exigent également que les retraités exclus perçoivent les augmentations obtenues par d’autres et que les anciens agents de l’Agence d’assainissement soient indemnisés.
Le manifeste appelle aussi à la ratification de la Convention 190 de l’OIT contre la violence et le harcèlement au travail, à la révision de la loi L-027 qu’ils jugent contraire à la Convention 87 sur la liberté syndicale, et à la mise en place de structures décentralisées du Conseil national du dialogue social.
Enfin, les syndicats insistent sur l’organisation impérative des élections sociales d’ici fin 2025, pour une représentation légitime des travailleurs dans les instances de négociation.
En avertissement, les centrales syndicales préviennent que la satisfaction intégrale et diligente de ce cahier de charges est un gage de paix sociale.
Profitant de ce 1er mai, le mouvement syndical appelle le gouvernement à sortir du silence et à engager des discussions sérieuses.
Alpha Ibn Boubacar Diallo