Face a sekou toure : le double discours d’alpha condé

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Le président guinéen passe pour un animal politique. Cette image-là est si ancrée chez les Guinéens qu’il y en a qui vont jusqu’à penser que leur président irait jusqu’à simuler sa mort pour en tirer les avantages politiques. Ce parallèle est peut-être forcé, mais il a le mérite d’illustrer à quel point les guinéens associent Alpha Condé aux manœuvres politiciennes. Cependant, cette tendance à vouloir percevoir les choses et à agir exclusivement au gré des retombées politiques escomptées fait qu’il arrive que le chef de l’Etat s’en mêle les pinceaux . Il a aussi la réputation de s’attaquer à tout et à tout le monde, quand cela lui chante. Eh bien, il arrive qu’il ne maîtrise pas le flot ininterrompu et qu’il se retrouve pris au piège. C’est ce qui semble s’être passé récemment quand le président de la République, harcelé par les critiques relatives au retour des délestages électriques, a voulu faire la réplique.

Comme à son habitude, au lieu de défendre son propre bilan, il s’en est pris à celui de ses prédécesseurs. Il a ainsi lancé : « Avant que je ne sois président, on pouvait faire trois mois sans courant électrique. Quand le courant revenait, les enfants sortaient en criant ». Sur certains pans de cette déclaration, il n’a peut-être pas tout à fait tort. Mais ce n’est pas cet aspect qui nous a intéressés. C’est plutôt dans la suite de ses propos avec cette série d’interrogations : « Qu’est-ce que la première République a fait pour doter la Guinée en courant électrique ? Qu’est-ce que la deuxième République a fait?”. A coup sûr, là aussi, ses interrogations sont légitimes à certains égards. Mais ce qui a surtout attiré notre attention, c’est la question que nous mettons en gras. Une remise en question des acquis du premier régime. A défaut d’être l’unique, c’est une des rares fois que le président Alpha Condé s’en prend ainsi au bilan de Sekou Touré. Jusqu’ici, pour des raisons politiciennes sans doute, il s’était soigneusement gardé de perturber le repos éternel du premier président de la Guinée indépendante.

On se rappelle qu’il avait même, dès le lendemain de son élection en 2010, déclaré qu’il prendrait la Guinée « là où l’avait laissée Sékou Touré ». Et quand des proches de Lansana Conté avaient sonné la révolte criant à la négation pure et simple du passage de ce dernier à la tête du pays, le même Alpha Condé s’était empressé de préciser sa pensée : « J’ai voulu dire que Sekou Touré ayant donné l’indépendance politique à la Guinée, moi je lui donnerai l’indépendance économique ». Du jonglage, toujours et encore. Mais il arrive toujours un moment où ne maitrisant pas toujours les choses, que l’on se dévoile. Et pour Alpha Condé, ce moment d’inattention qui révèle l’authentique pensée, c’est bien dans cette dernière déclaration, où il met dos-à-dos le premier et le deuxième régimes de la Guinée post-indépendante. Désormais, on sait donc que le Monsieur n’a aucune sympathie, ni culturelle, ni idéologique pour le défunt camarade chef suprême de la révolution. L’impression qu’il a jusqu’ici donnée dans ce sens n’était que feinte. Mais heureusement, on en est informé, dorénavant. Et c’est le seul mérite de ce qui passe ainsi pour une bourde

S. Fanta

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