D ans un long communiqué publié ce lundi 28 juillet 2025, dont copie est parvenue à guineeactuelle.com, le Collectif des Victimes de l’Examen du C.A.P.A (session 2021) revient en détail sur les nombreuses irrégularités qu’il dit avoir constatées dans le processus d’organisation du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA).
Cette sortie vient en réponse au communiqué du Conseil de l’Ordre des Avocats de Guinée du 22 juillet dernier, dans lequel ce dernier dénonçait les “contestations persistantes” de certains candidats recalés à l’examen.
Le Collectif affirme que ses démarches ont commencé dès l’annonce des résultats d’admissibilité en octobre 2021, en évoquant la publication d’un document sans date ni référence, quu comportait que les moyennes générales, en violation – selon lui – de l’article 17 du décret 037 du 24 juillet 2008.
Autre point de contestation est, selon eux, la mise en place de deux jurys distincts (l’un de cinq membres, l’autre de six), alors que la réglementation en vigueur fixe le nombre de membres à sept.
Le Collectif affirme avoir saisi les autorités judiciaires et administratives, notamment par lettres au Conseil de l’Ordre, au Procureur Général et au Ministère de la Justice.
Malgré ces démarches, le collectif dit être resté sans réponse, évoquant même une “brutalisation” de ses membres lors d’une tentative de rencontre avec le Bâtonnier en novembre 2021.
Cette rencontre aurait donné lieu à des propos fermes du Bâtonnier, refusant toute remise en cause des résultats. Des déclarations consignées, selon le collectif, dans un procès-verbal d’huissier.
Des actes administratifs contestés
Au fil de ses investigations, le Collectif dit avoir découvert que certaines lettres de nomination de membres du jury étaient soit inexistantes dans les archives administratives, soit datées de façon incohérente par rapport à la note de service instituant les jurys. Ces anomalies ont fait l’objet de constats d’huissier datés de décembre 2022 et août 2023.
En novembre 2022, le parquet général aurait proposé la création d’une commission mixte pour vérifier les copies. Le collectif affirme avoir répondu favorablement à cette proposition, malgré ses réserves quant à la régularité du jury. Cependant, la démarche n’aurait pas abouti à ce jour.
Le Collectif soutient également que le décret fondateur de l’examen du CAPA – le décret 037/PRG/SGG du 24 juillet 2008 – est inexistant dans les archives officielles, ce qu’il dit avoir prouvé par des constats d’huissier réalisés en 2024.
Selon lui, la signature du décret serait également différente de celle figurant sur d’autres textes officiels de la même époque.
Appel à l’intervention présidentielle
Face au silence persistant des institutions judiciaires et à ce qu’il considère comme une “campagne d’intimidation” initiée par le Barreau, le Collectif affirme avoir adressé une lettre ouverte au Président de la République.
Il appelle le chef de l’État à faire toute la lumière sur les conditions d’organisation de l’examen du CAPA et à rétablir la légalité dans le processus d’accès à la profession d’avocat.
Le Collectif déplore par ailleurs ce qu’il considère comme une dérive élitiste, opaque et discriminatoire dans le système actuel, soutenant que la Guinée manque d’avocats et que la transparence dans le recrutement des nouveaux professionnels du droit est une condition essentielle pour le renforcement de l’État de droit.
Dans son communiqué du 22 juillet dernier, le Barreau de Guinée avait dénoncé des “déclarations publiques tendancieuses” et des “dénonciations tapageuses” émanant, selon lui, de “candidats recalés à plusieurs sessions”.
Le Conseil de l’Ordre avait même mis au défi les contestataires d’autoriser la publication de leurs copies dans les médias.
En rejetant ces accusations, le Collectif des victimes accuse à son tour le Barreau de se soustraire à toute réponse juridique de fond, en privilégiant des attaques personnelles.
Ce nouvel épisode met en lumière une crise de confiance durable entre une partie des candidats au CAPA 2021 et l’institution en charge de leur admission.
En l’absence de résolution, la situation pourrait continuer d’alimenter les tensions dans le secteur judiciaire guinéen.
Alpha Binta Diallo pour guineeactuelle.com