Sept unités de production de glaces et une boulangerie moderne, installées dans les hauteurs de Kaporo, un domaine réservé de l’Etat, sont sommées de quitter les lieux dans les 72 heures qui suivent. Un délai jugé trop juste par les propriétaires de ces unités industrielles.
Kaporo-rails est devenu un grand Bazard suite au démarrage des opérations de déguerpissement enclenchées par le ministère des villes et de la modernisation.
Sur les lieux sont installées des unités de productions de glaces destinées à la conservation des produits halieutiques. Dans 72 heures, ces unités devront être déguerpies au grand dam des travailleurs et de plusieurs clients.
« C’est une perte de plus de 200 tonnes qui vont partir en l’air. Et finalement, la chaîne de production du poisson ainsi que les barques, les mareyeuses seront affectés. Ça aura un impact négatif au niveau économique et humain en même temps. La population pourrait se retrouver sans poissons dans les marchés » a prévenu Mamadou Cellou Baldé, producteur de glaces, qui emploie 18 personnes au sein de son unité.
Installés après la signature d’un contrat de convention avec la mairie de Ratoma, ces producteurs de glaces sont bien conscients d’être sur un domaine de l’Etat. Mais leur activité, disent-ils, a favorisé la baisse du prix de la glace sur le marché et a facilité la conservation des poissons dans les débarcadères.
« La glace était rare. Mais depuis que nous nous sommes installés ici, nous revendons la glace à un prix plus bas. De 10 mille, nous la vendons aujourd’hui à 8 mille » a rappelé de son côté Bademba Diallo, travailleur dans l’une des unités menacées.
Nènè Oumou Bah, propriétaire d’une unité qui produit 20 tonnes de glaces par jour et qui emploie 15 personnes, a formulé une cerataine doléance à l’endroit du président pour qu’il ait un peu de temps pour quitter les lieux.
« Je demande une doléance au professeur Alpha de nous laisser du temps avant de nous faire quitter ici » a-t-elle plaidé.
Depuis l’annonce de ces opérations de déguerpissement à Kaporo, la crise de glaces commence déjà à se faire sentir.
Les peu de glaces existant dans les frigos n’arrivent pas à répondre à la demande des clients. Tel est le cas de Souleymane Bah détenteur de 4 barques au port artisanal de Bonfi.
« C’est des milliers de sacs de glace qui sortent ici par jour. Moi, aujourd’hui je voulais acheter 600 sacs, mais je n’ai rien eu » a-t-il confié
A côté des unités de glaces, un four moderne où on produit du pain est construit seulement il y a un an avec un investissement de plus d’un milliard 600 millions de francs guinéens. Cette boulangerie moderne est aussi concernée par l’opération de déguerpissement.
L’emploi d’une centaine de personnes risque d’être affecté si ces unités sont déguerpies. A cela s’ajoutera une crise de glaces à cette période d’étiage pour la conservation des poissons dans les ports artisanaux.
Mata Malick Madou
