Les populations impactées par le projet hydroélectrique de Souapiti dénoncent le non-respect de leurs droits en dépit des mesures prises pour les recaser ailleurs. Crainte, inquiétude, désespoir et colère se lisent sur les visages des déguerpis.
Cette crainte s’explique par la fermeture de la première vanne du barrage alors que toutes les cités devant accueillir les déplacés ne sont pas encore prêtes.
Par exemple, à Madina, aménagé pour accueillir les habitants de Tayiré, l’une des localités de Dubréka, située au bord de Konkouré, le projet a certes mis à l’abri les villages qui risquent d’être inondés après le démarrage du barrage, mais les citoyens dénoncent la mauvaise qualité des maisons construites à cet effet.
« Les toitures suintes, les plafonds commencent à pourrir. Il n’y a pas de nourriture, l’eau qui sort du robinet, une fois dans les récipients change de couleur quelques minutes après. Ils nous ont jetés ici comme des animaux, on n’a rien à manger » fustige Thierno Abou Diallo, Président de Tayiré.
D’aucuns parmi les déplacés ont pour activités principales l’agriculture et l’élevage. Ceux-ci ont du mal à pouvoir abandonner leurs troupeaux.
« Je n’ai pas un autre endroit où aller avec mes animaux, c’est pourquoi je suis obligée d’y rester. On n’accepte pas qu’on rentre avec les animaux dans le village donc je n’ai pas le choix » a confié Aissatou Diaby.
Même son de cloche à Khouloufa, où une grande partie du village n’aurait pas été prise en compte par le projet dans le cadre de l’indemnisation.
A Bouramaya-Sosso dans la sous-préfecture de Tênê-Kansa, les champs de riz et de fonio sont envahis par des eaux suite à la fermeture des vannes du barrage de Souapiti.
« L’eau est venue inonder nos cultures et nos terres cultivables. Pire, nous, nos habitations sont menacées et on n’a pas où aller. Quoi faire? » se lamente une dame d’une cinquantaine d’années, le visage trempé de larmes.
Du côté de ‘’ Gata-Laba », un autre village qui sera déplacé, les populations préfèrent un dédommagement en espèce qu’habiter des maisons qu’elles qualifient d’inconfortables et mal construites.
Après avoir été recasés, les habitants de Kinfaya continuent d’exprimer leur regret par rapport aux multiples promesses qui leurs ont été faites par les responsables du projet de Souapiti.
Par ailleurs, deux familles refusent encore de quitter leurs maisons à Konkouré pour exiger la réalisation de toutes les promesses.
A rappeler que la construction du barrage de Souapiti devrait toucher plus de 80 villages partagés entre les préfectures de Dubreka, Kindia, Télimélé et Pita.
L’union pour la défense des sinistrés du barrage se bat comme un beau diable sur le terrain pour que toutes les réclamations des déplacés soient prises en compte.
Mata Malick Madou