Ça y est. C’en est désormais définitivement terminé de l’aventure du Syli national local au compte de la 5ème édition du Championnat africain des Nations (CHAN 2018) qui se déroule au Maroc. A l’arrivée, l’équipe guinéenne affiche un bilan plutôt désastreux : trois matches, deux défaites, une victoire, 5 buts marqués contre trois encaissés. Mais le bilan que tout le monde retient, c’est la sortie du représentant guinéen dès le premier tour des phases finales. Sacrée contre-performance quand on sait que lors de la précédente édition, à Kigali, la Guinée s’était classée 4ème du tournoi auquel elle participait pour la première fois. La Fédération guinéenne de football (Feguifoot) et le ministère des sports, sous la pression de l’opinion publique, ont dû se séparer de l’encadrement technique, en place depuis juillet 2016. Mais est-ce la seule réponse à apporter au football guinéen ? Certainement pas.
Bien entendu, les résultats qu’il a obtenus depuis son recrutement ne militaient pas en faveur de l’entraineur, Kanfory Lappé Bangoura. En effet, il convient de rappeler qu’avant la débâcle de Casablanca, l’ancien coach du Horoya AC avait échoué à faire qualifier la Guinée à la coupe du monde, Russie 2018. Pourtant, avec la Tunisie, la RDC et la Libye, les adversaires du Syli national n’étaient en rien des foudres de guerre en matière de football. Il s’ajoute aux résultats bruts que le technicien guinéen s’est enfermé sur lui-même, ignorant toutes les propositions et assimilant les critiques à un acharnement fortuit. C’est ainsi que son limogeage est globalement perçu comme un soulagement aussi bien par les supporters que dans les milieux des spécialistes du football guinéen. Dans l’ensemble, on pense que son recrutement a été une erreur, dans la mesure où il n’aurait finalement pas l’expérience et le gabarit pour conduire une équipe nationale avec autant d’enjeux que ceux qui se rattachent au Syli de Guinée.
Seulement, ce serait répéter les erreurs que de limiter le diagnostic à la personne de l’entraineur ou du staff technique, dans son ensemble. Les problèmes du football guinéen ne datent pas d’aujourd’hui et ne se rapportent pas à un technicien pris isolement. Le mal est à la fois plus profond et plus étendu. Une des manifestations de ce mal profond, c’est le niveau et la qualité du championnat national. Certes, tout le monde s’accorde à reconnaître que l’arrivée récente de quelques mécènes dans le milieu a boosté le secteur. Mais force est de reconnaître que cela reste limité à une poignée de clubs qui, conséquemment, dominent des pieds et des mains le championnat. Le reste du gros lot végète encore dans un amateurisme criard et un dénuement total. Par ailleurs, il y a des efforts de structuration et de professionnalisation du milieu avec notamment la création de la Ligue de football professionnel (LFP). Mais on en est encore aux fondations de l’immeuble en construction. De même, la faible présence de l’Etat dans cette entreprise de professionnalisation, fait craindre un détournement de l’initiative en faveur d’intérêts privés.
Un autre problème dont souffre le football guinéen, c’est celui en rapport avec le leadership. Il faut le reconnaître, la Fédération guinéenne de football (FGF) n’a jusqu’ici pas bénéficié de dirigeants avec la vision que requiert la relance du secteur. Très souvent, il s’agit de responsables qui, cédant à la politisation du sport, s’inscrivent dans une logique court-termiste. Il s’en suit qu’on a très rarement travaillé pour le long terme. Cela revient à exiger des footballeurs guinéens et de leurs encadreurs des performances au-delà de leurs capacités intrinsèques. Ce parce qu’un régime a opportunément envie de se servir des bons résultats à des fins politiques ou que les dirigeants de la Fédération ou du ministère sont plus occupés à voler qu’à servir le football. Cela fait que par moment, la Guinée fait des étincelles. Mais que la dynamique victoire n’a jamais été pérenne. Malheureusement, c’est ce à quoi on devra assister si de la sortie prématurée de la Guinée du tournoi marocain, on ne tire pas les enseignements, les vrais. Le départ de Lappé n’aura, du coup, servi à rien. Hélas.
S.Fanta.