Carnet de route : linsan, la déviation de tous les dangers

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Le samedi 30 juin 2018, une équipe de Newsguinee.info s’est rendue à Linsan, à 90 km de Kindia pour toucher du doigt les réalités que vivent les populations sur place et les usagers de la nationale Kindia – Mamou, 11 jours après l’effondrement du pont de Linsan. Cette zone tampon qui marque la limite entre les régions naturelles de Basse Guinée et de la Moyenne Guinée est un axe stratégique majeur sur lequel passe l’essentiel des échanges entre la Basse Guinée qui abrite la capitale Conakry et le reste du pays. Depuis, la Guinée est pratiquement coupée en deux et les usagers de cette route se retrouvent coincés. Lisez plutôt le récit de ce voyage.

À l’entrée de la sous-préfecture de Linsan, il règne un calme trompeur qui fait croire au visiteur que tout va bien. Mais à seulement quelques mètres du marché, la triste réalité le rattrape : une longue file de véhicules formée de part et d’autre de la déviation de fortune crée à cet effet, attend de passer à l’autre rive du fleuve Konkouré. L’endroit est truffé des forces de l’ordre qui vocifèrent contre les chauffeurs indélicats et empêchent toute personne de prendre des images. Sur le site de la déviation, des gros-porteurs en provenance de Conakry passent au compte-goutte pendant que l’autre file en provenance de Mamou attend impatiemment.

Nous y rencontrons M. Sandouno, superviseur des travaux et représentant du Ministre des travaux publics. Il précise qu’il est retissant a parlé aux médias pour ne pas, selon lui, exacerbé davantage la colère des Guinéens. Devant notre insistance, il se plie à nos exigences : « Nous sommes en train de mettre tout en œuvre pour fluidifier la circulation. Vous voyez que moi-même, je suis dans la boue avec les gendarmes et je me suis installé à Linsan ici jusqu’à ce que les piliers du nouveau pont émergent de l’eau. Aujourd’hui, vous avez trouvé que la journée est ensoleillée. Sinon en temps de pluie, les véhicules ont du mal à passer. Surtout les petites voitures. Dans deux semaines, les piliers du nouveau pont devraient émerger ».

Des voyageurs fatigués et désolés traversent la déviation à pied et attendent leurs véhicules plus loin. Il n’existe aucune disposition sanitaire pour traiter ou évacuer les cas d’urgence. Des vendeurs véreux profitent de la situation pour augmenter les prix des denrées alimentaires.

Nous nous rendions alors du côté de Petromans, l’entreprise à laquelle les travaux de construction du nouveau pont ont été confiés. M. Touré, son directeur général nous renvoie systématiquement aux autorités de Conakry, se refuse de tout commentaire et s’oppose à ce qu’on y prenne des images. Il restera impassible quant aux questions relatives au choix de son entreprise pour ce marché, au niveau d’exécution et au délai d’achèvement des travaux.

Sur le site de l’ancien pont, des blocs de béton sont disposés. La crainte de tous réside dans cette période hivernale qui avance de jour en jour vers les temps de grande pluie.
Au moment où nous mettions en ligne ces informations, une femme enceinte en provenance de Kérouané a rendu l’âme de ce côté par manque d’assistance. Si rien n’est fait, une crise sanitaire risque de frapper Linsan tout en paralysant l’économie du pays.

Alpha Oumar DIALLO

 

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