L e leader du parti Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), comparaissait, mercredi 26 mars 2025, en appel devant la Cour d’appel de Conakry. Accusé de diffamation, il a livré une déclaration poignante dénonçant un climat politique et judiciaire inquiétant en Guinée.
Face aux juges, le leader politique a rejeté en bloc les accusations portées contre lui, affirmant qu’aucune preuve ne démontre qu’il a diffamé qui que ce soit ».
Mais au-delà de sa propre situation, Aliou Bah a exprimé son indignation quant à l’état de la justice et de la gouvernance dans son pays.
“Après plus de 60 ans d’indépendance, nous aurions dû dépasser ce genre de pratiques. Alors, je m’interroge : « Quelle société voulons-nous construire ? »
L’opposant politique s’est insurgé contre un système qui, selon lui, célèbre les opportunistes et les fossoyeurs de la nation tout en punissant ceux qui s’engagent pour des valeurs républicaines.
“Une société où la justice peut emprisonner Aliou Bah, un homme qui n’a jamais nui à personne, mais qui plébiscite ceux qui insultent à longueur de journée ? Une société qui encourage les opportunistes et les fossoyeurs de notre nation ? »
Un engagement intellectuel et politique revendiqué
Rappelant son parcours, Aliou Bah a mis en avant ses contributions intellectuelles et professionnelles.
« Moi, j’ai écrit deux ouvrages qui ont été distingués au niveau international. J’ai travaillé sans relâche depuis la fin de mes études. J’ai toujours été honoré et respecté, en Guinée comme ailleurs dans le monde. »
Il a également lancé un message fort à la jeunesse guinéenne, s’inquiétant des valeurs promues par l’actuelle situation sociopolitique.
« Si nous vivons dans une société qui met en prison un homme comme moi, mais qui célèbre ceux qui détruisent nos valeurs sociales, alors quel message envoie-t-on à la jeunesse ? Que le raccourci est la clé du succès ? Que le mérite n’a pas sa place ? Que les études et le travail ne comptent pas ? »
Un verdict attendu sous tension
Ce procès en appel, très suivi par l’opinion publique, représente bien plus qu’une simple affaire de diffamation. Il symbolise, pour de nombreux observateurs, l’état des libertés publiques et du débat démocratique en Guinée.
Toutefois, la Cour d’appel de Conakry n’a pas encore tranché. L’affaire a été renvoyée au 9 avril prochain, laissant encore planer l’incertitude sur le sort judiciaire du leader du MoDeL.
Le verdict à venir sera scruté de près. S’il venait à confirmer la condamnation d’Aliou Bah, cela enverrait un signal fort sur la manière dont la justice est perçue dans le pays. Dans le cas contraire, ce serait un tournant pour le climat politique et judiciaire actuel.
L’affaire Aliou Bah est plus qu’un cas individuel : elle questionne les fondements de l’État de droit et les perspectives d’une démocratie véritable en Guinée.
Alpha Ibn Boubacar Diallo
