L our la première fois, le N’ko s’est retrouvé au cœur d’une double polémique: d’abord celle religieuse avec l’affaire de la prière musulmane en Maninka par l’imam Nanfo Ismael Diaby à Kankan lors de la nuit du destin à la fin du Ramadan ; ensuite le débat à l’Assemblée nationale autour d’une proposition de loi relative à l’introduction du N’ko dans le système éducatif guinéen pour la transcription et l’enseignement des langues nationales ayant provoqué un débat national et une guerre médiatique entre partisans et opposant de ce projet.
Beaucoup d’analystes avaient prédit dès la première crise provoquée par l’acte de Nanfo, une baisse de popularité du n’ko qui serait fatale à la progression de l’écriture. Qu’en est-il réellement aujourd’hui ?
Au contraire, les centres de formation n’ko ont vu leur effectif doublé partout au monde (à l’étranger, à Conakry et en provinces).
« L’effet médiatique de l’acte de Nanfo a engendré une publicité inespérée, un véritable coup de maître en matière de communication » reconnaissent les formateurs.
Maintenant, des intellectuels laïcs, des panafricains, des révolutionnaires, des activistes, des fonctionnaires et des étudiants, apparemment séduits par le caractère progressiste et intellectuel du N’ko, sont entrain de rallier en masse les programmes de formation N’ko.
Donc, ceux qui avaient prévu le recul du n’ko ou sa chute n’ont rien compris et ont sans doute sous-estimé le dynamisme et l’ancrage populaire de cet alphabet. Le fait aussi que la majorité des gens n’ont jamais assimilé le N’ko à une religion, a permis de corriger l’amalgame et d’éviter la confusion.
Pour le cas de la ville de Conakry, tous les centres d’initiation au N’ko connaissent une certaine affluence. Du Département N’ko de l’Université Kofi Annan de Guinée à Nongo, à l’Institut Professionnel N’ko de Matoto, en passant par les centres de formation N’ko de Madina, de Gbessia, de Concasseur, de Lambagny, de Tombolia et du km 36, la mission d’inspection de l’Académie Centrale N’ko a fait le constat du triplement des effectifs d’apprenants.
D’après Moussa DIALLO, le secrétaire général de l’institution, le système de formation N’ko a profité du buzz médiatique.
Pour faire face à cette demande d’inscription massive exceptionnelle, l’Académie Centrale N’ko, en collaboration avec les structures spécialisées du N’ko, compte organiser une formation intensive de trois semaines pour initier des fonctionnaires et cadres de la ville de Conakry qui ont manifesté le désir d’apprendre l’Alphabet N’ko pendant cette période de grandes vacances (du 25 août au 17 septembre 2019).
Cette formation certifiée sera destinée uniquement aux cadres et diplômés.
Par Nafadji Sory CONDE, membre du Réseau Central de l’Alphabet N’ko et de l’Académie Centrale N’ko.