Abdourahmane sano, possible candidat unique de l’opposition en 2020 ?

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D epuis l’avènement de l’ère Condéenne, malgré l’adoption d’une loi consacrant le Chef de file de l’opposition, jamais la question du leadership de Cellou Dalein Diallo n’a fait l’objet d’unanimité au sein de l’opposition politique en République de Guinée. Surtout, quand on connait les guéguerres qui existent entre les ténors de celle-ci, notamment Cellou Dalein DIALLO et Sidya TOURE, tous anciens premiers ministres sous la deuxième République. Cependant, avec la création et l’effectivité du Front National pour la Défense de la Constitution (plateforme constituée de partis politiques d’opposition et d’une partie de la société civile ndlr), progressivement, un compromis semble se profiler à l’horizon autour de la personne d’un certain Abdourahmane SANO. Discret mais tranchant, téméraire mais surtout stratège.

Qui est donc ce SANO qui pilote le gouvernail d’un navire aussi complexe qu’hétéroclite qu’est le FNDC ? ‘’ UN HOMME DE CONVICTION ’’

Ancien ministre de la République, Abdourahmane SANO, puisque c’est de lui qu’il s’agit, loin d’être un tombé du ciel, n’est point le nouveau-né des dernières pluies dans le microcosme politique guinéen.

En effet, M. SANO est bien celui qui s’est fait un nom sous la transition militaire, alors dirigé par le président putschiste Moussa Dadis CAMARA.

« …Malheureusement, le nouveau mode de gouvernance publique et les disfonctionnements qu’il engendre n’ont pas permis la conduite de cette mission. Après neuf mois d’efforts sans perspectives claires et n’étant sûr de pouvoir réaliser des résultats fiables dans un tel contexte, il me semble plus juste de tirer les conséquences appropriées, pour éviter de continuer à faire de la figuration et conserver des ‘’honneurs et privilèges’’ au détriment des intérêts du Peuple.

Par ailleurs, les tragiques évènements du 28 septembre dernier, qui n’honorent pas notre pays, constituent un fait condamnable qui nécessite justice. Ils viennent me conforter dans la difficile position qui était la mienne de démissionner de mon de poste de Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage.

En prenant cette décision pour être en harmonie avec mes convictions, je m’incline humblement devant les dépouilles des disparus et compatis à la douleur de toutes ses femmes violées et autres victimes de ces douloureux évènements… » avait-il dans le communiqué officialisant sa démission au poste du Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage du gouvernement KOMARA.

Doura SANO, ainsi affectueusement appelé par ses proches, est marié à une guinéenne et père de quatre enfants. Diplômé de l’Université de Conakry en 1984, il s’envolera en 1989 pour l’Université de Québec à Montréal avec à la clé, un diplôme en Gestion des Investissements. Très vite, en la faveur des réformes engagées par les autorités issues du coup d’Etat militaire de 1984, le sieur SANO, accompagné de certains de ses camarades, créera dans les années 90, l’une des premières formes d’associations de jeunesse du pays, dénommée «Association Jeunesse et Développement ». Parallèlement, il embrassa plusieurs secteurs de développement dont les Banques avant de revenir se consacrer à son association d’origine avec en projet : ‘’promouvoir l’économie de son pays et tirer les bienfaits du libéralisme économique’’. Chemin faisant, par le truchement de sa structure associative, il créera les ‘’Foires de Jeunesse et de Développement’’ avant de s’affirmer définitivement à travers la création du Centre International d’Echanges et de Promotion des Exportations « CIEPEX ». Avec ce nouvel instrument adapté à sa vision, M. SANO multipliera les actions concrètes en faveur de la promotion de l’économie guinéenne. A son actif, le Salon AIA (Agriculture, Industrie et Artisanat), le Grand Bazar de Conakry, pour ensuite faire de Conakry, l’une des plus belles vitrines d’Afrique de l’Ouest grâce à la création de la ‘’Foire Internationale de Conakry FIC’’.

Intrépide, pugnace et inarrêtable, sieur Abdourahmane Sano, au gré de l’évolution sociopolitique de son pays, va progressivement se tailler le costume d’un visionnaire avec un leadership avéré. Du statut de citoyen lambda à celui de leader au plus haut niveau du pays, Doura SANO, va se construire une réputation d’homme de principe et de conviction.

  • Entre 2000 à 2004, il participera et présidera la Coordination nationale des Associations de Jeunesse de Guinée (CAJEG) ;
  • Entre 2003 à 2005, Vice-Président de la Chambre du Commerce, d’Industrie et d’Artisanat de Guinée (CCIAG) ;
  • Entre 2005 à 2006, principal artisan de la signature de l’Accord de Promotion et de Protection mutuelle des Investissements entre la Guinée et l’Allemagne ;
  • En 2007, alors que le secteur privé guinée est miné par des guéguerres liées à l’affaire Mamadou SYLLA, l’homme sera à la base de la création du Mouvement des Entreprises de Guinées (MEDEG), une autre voix pour le patronat guinéen ;
  • En 2009, à la faveur de la prise du pouvoir par le CNDD, il fait ces entrées dans le gouvernement dirigé par le premier ministre Kabinet KOMARA, en tant que Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage. Quelques mois plus tard, il présente sa démission suite à des désaccords précisés dans sa lettre de démission et devient conséquemment, le premier haut cadre guinéen ayant rendu sa démission en restant au pays.
  • En 2011, il créera la Plateforme des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD) dont il assure, jusqu’ici la présidence;
  • En 2018, membre fondateur et leader naturel du mouvement citoyen appelé « Forces Sociales » qui s’activa pour la lutte en faveur de la réduction du prix du carburant. Parallèlement, il est resté très engagé dans la grève des enseignants dirigée par Aboubacar SOUMAH, Secrétaire Général du SLECG (Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée, ndlr) ;
  • En début d’avril 2019, M. SANO, membre fondateur et Coordinateur du FNDC, est devenu, à l’image de Feu Kéléfa SALL, la figure de proue du combat pour la défense de la constitution en vigueur dans le pays.

‘’UN LEADERSHIP CONFIRME, UN CHEMIN DEJA BALISE’’

Dès la création du FNDC, le leadership de SANO s’est illico imposé à la cohorte de politiciens guinéens. En procédant ainsi, il a tué dans l’œuf toute possibilité de quiproquo relatif aux humeurs et aux états d’âme des figures de l’opposition guinéenne.

Mieux, suite à leurs arrestations (SANO et d’autres leaders du FNDC) à la veille de la marche du 14 octobre organisée par le FNDC, le pouvoir a cru annihiler l’influence de plus en plus grandissante de l’homme sur son entourage. Du moins, c’est ce qu’on a cru lire dans les réactions des communicants du camp opposé. Il n’en a jamais été ainsi, au contraire les différents leaders de l’opposition politique ont unanimement manifesté leur volonté de se battre jusqu’à la libération effective des détenus. C’est ce qui fut fait.

Par ailleurs, malgré les nuisances intempestives du pouvoir sur les businesses de l’homme (les activités du CIEPEX auraient pris un sérieux coup), en dépit de la complexe coexistence avec l’essentiel des ténors de l’opposition guinéenne, le leadership de Doura SANO s’est naturellement imposé à l’égo des hommes politiques. Face aux échecs multiples et aux lacunes connues de l’opposition, tout semble désormais convergé vers l’acceptation du leadership du sieur SANO comme hypothétique alternative. D’ailleurs, des voix, anonymes et connues, de la société civile et de l’opposition politique, commenceraient d’ors et déjà à se faire entendre à l’effet de donner suite à de telles éventualités. Ce serait d’ailleurs le cas de Lamine CAMARA, membre du BPN (bureau politique national) de l’UFDG, principal parti de l’opposition politique à Alpha CONDE.

« Toute l’opposition est devenue FNDC. Alors présentons Abdourahmane SANO candidat unique à la présidentielle de 2020 » écrit-t-il sur sa page facebook.

« NOUS NE LAISSERONS PAS CE PAYS DANS LES MAINS DES BANDITS »

En déclarant ceci, pour peu qu’on connaisse l’engagement et la détermination du président de la république, les différentes interprétations issues de cette affirmation révèlent que le professeur Alpha CONDE s’adressait directement au club d’anciens ministres et de premiers ministres du régime CONTE      . Ainsi, l’effectivité du choix d’un nouveau challenger, que ce soit du côté du RPG arc-en-ciel (mouvance au pouvoir, ndlr) ou du côté de l’autre camp, semble désormais se balisé à l’effet de procéder à un renouvellement de l’establishment politique du pays.

Par ailleurs, d’autres langues plus pessimistes allèguent que cette sortie d’Alpha CONDE serait aussi valable pour SANO. Car disent-ils, ce dernier avait été, notamment pendant la période de grève du SLECG, qualifié par le président de petit bandit.

Plus sérieusement, il faut rappeler qu’Abdourahmane SANO, fait partie de cette espèce rarissime d’ancien ministre ayant refusé de rejoindre un parti politique, ou d’en créer un nouveau après avoir quitté les affaires. Bien que disposant des moyens et d’un carnet d’adresse relativement important, sieur SANO a toujours clamé être du côté du peuple. Pour lui, chaque action qu’il pose devra être entendue suivant le prisme d’action strictement citoyenne ; donc, à but nettement désintéressé.

Dans tous les cas, ce qui se profile à l’horizon démontre que cette opposition commence à s’accorder sur ces propres désaccords internes. Car, la jurisprudence des élections présidentielles de 2015 étant toujours d’autorité ; ce serait un véritable évènement extraordinaire que l’un des ténors de l’opposition cède la place à l’un de ses pairs. Mais, l’acceptation d’un nouveau challenger issu de la société civile pourrait être, quelque peu, plausible.

En s’acheminant vers l’hypothèse d’une candidature unique de l’opposition incarnée par un invétéré de la société civile comme Abdourahmane SANO, les leaders de celle-ci seraient-ils en train d’anticiper les évènements de 2020 ? Rien n’est moins sûr. Cependant, les mois à venir nous en édifieront davantage.

CHERINGAN

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