Une transition anticipée en guinée ?

Publicité

L ’année 2020, outre la présence inopinée de la pandémie due au Coronavirus, était sans doute l’année de tous les enjeux en Guinée. Du double scrutin du 22 mars dernier à la promulgation de la Nouvelle Constitution ‘’en cours de contestation’’, c’est bien la volonté du peuple de Guinée qui semble être grugée au grand dam de grands principes démocratiques.

Par qui ? Pour quelle fin ? L’épilogue des mandats du Président Condé sera-t-il constaté à la date prévue à cet effet ? Autant de questions qui méritent l’attention de tous les observateurs.

3 553 cas confirmés, 22 personnes passées au trépas et 1 950 cas de guérison. C’est bien le triste bilan du virus maudit à la date du 28 mars 2020. S’il est vrai que tous s’accordent sur l’âpreté de cette épreuve qui a mis à nu les limites des pouvoirs publics en la matière, il ne serait certainement pas sot d’anticiper la trajectoire que pourraient éventuellement prendre les revendications sociales. Car, à l’intérieur tout comme à l’extérieur, de plus en plus de voix s’élèvent pour remettre en question la gouvernance globale du régime en place.

Puisque nous y sommes, il faut le dire sans ambages, c’est un cocktail d’évènements qui, peu ou prou liés, nous dirigent vers un chaos quasi inévitable.

‘’ CONFUSION ENTRE LE CORONAVIRUS ET LE CALENDRIER POLITIQUE’’

Dans un article publié chez Guineeactuelle.com, nous avons relevé les contrastes se trouvant entre le calendrier politique du pays et la gestion qui a été faite du coronavirus en Guinée.

Lienhttp://guineeactuelle.com/covid19-guinee-consequence-dune-gestion-absurde-du-pouvoir-conde

Pendant que le premier cas officiel de coronavirus a été enregistré depuis le 12 mars, l’état d’urgence n’a été institué qu’au lendemain du double scrutin du 22 mars 2020 organisé dans un environnement de contestation et de violences politiques occasionnant la mort de plusieurs guinéens. Entre temps, la majeure partie de l’opinion penchait déjà en faveur d’un report des élections en vue, assorti d’un régime de confinement de la capitale guinéenne. La suite, tout le monde le sait.

‘’ VERS UNE RESURGENCE DU FNDC ’’

Dans un registre relativement sévère, on pourrait facilement conclure que la plateforme FNDC était passée au trépas dès la proclamation définitive des résultats issus du double scrutin. Les dissensions enregistrées au sein de la plateforme peuvent témoigner de ce postulat. Cependant, ces dernières heures, les révélations faites par certains juristes et avocats du pays dont Maitre Pépé Antoine semblent être du pain béni pour les membres du front national pour la défense de la constitution.

En tout cas les repositionnements enregistrés au sein de certains responsables de ladite plateforme sont suffisamment éloquents. Les discours revigorés semblent désormais tournés vers l’instauration d’un régime de transition avec en toile de fond, la Constitution du 7 mai 2010.

‘’ POURQUOI ANTICIPER LA TRANSITION EN GUINEE ’’

Nous partons droit sur un mur. C’est un euphémisme.

Sur le plan politique, les éventualités liées à l’organisation à bonne date ou non des prochaines élections présidentielles, créent une fissure dans le rang de l’opposition politique à Alpha Condé. Du moins, l’ambiguïté des positions soutenues par Lansana Kouyaté et Bah Oury, tous opposants de première ligne, donne un fondement à cette hypothèse.

Le président du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN), contrairement à ces pairs du FNDC, avait indiqué, dans l’émission les Grandes Gueules de la radio Espace Fm, que la crise sanitaire qui mine le pays ne permettrait pas d’organiser les élections présidentielles à bonne date.

« On vit une situation dramatique qui est le Covid-19 qui met à rude épreuve tous les pays du monde… » argumentait-il, avant d’ajouter que le double scrutin du 22 mars a créé des situations qu’il faudrait au préalable régler.

« Il faut désamorcer tout ça, recoller les morceaux pour savoir comment il faudrait aller à des élections apaisées » avait-il proposé.

Alors entre les mésententes des politiques et la différence de fond constatée entre le projet de Constitution soumis à referendum et la Constitution promulguée, les problèmes ne font que s’enchevêtrer. Conséquence, l’acte public désacralisé, les institutions républicaines décrédibilisées.

Partant, si l’Etat n’arrive pas à rassurer l’opinion et les partenaires de la Guinée sur la pertinence  et la régularité des actes posés, nul doute que la Guinée sombrera, du moins elle s’aventurera vers des horizons lugubres, toute proportion gardée.

Au pire des cas, qu’allons-nous faire : remettre la Constitution de mai 2010 à sa place, comme le commandent les membres du FNDC ? Ignorer les réclamations et les griefs portés contre la Constitution promulguée ?  Remplacer la Constitution promulguée par le projet de Constitution proposé au peuple ?

Du reste, à l’aune de notre establishment politique, caractérisé par les coups-bas, le mépris du prochain, les quiproquos à l’emporte-pièce, les calculs politiciens tous azimuts, aucune des hypothèses en vue ne pourrait véritablement seoir à la réalité guinéenne. Cependant, le partage du gâteau à travers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale doublé d’une ouverture sur une période transitoire, clairement définie, pourrait possiblement nous éviter l’hécatombe.

CHERINGAN

Publicité