Construction des murettes le long des marchés à conakry : une solution à l’origine d’un autre problème

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L ancée depuis quelques années par le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire, la campagne de déguerpissement des emprises et voiries des routes à Conakry n’a pas eu des résultats escomptés.

En lieu et place du déguerpissement des étalagistes, le gouvernorat de la ville de Conakry, en collaboration avec le ministère des Travaux Publics, a opté au cours de l’année 2019 pour la construction des murettes en bordure des marchés. Mais cette construction ne résout pas tous les problèmes.

A Enco 5, commune de Ratoma, banlieue de Conakry par exemple, où notre reporter s’est rendu, les femmes se plaignent du manque non seulement d’espace, mais aussi de passager pour y accéder.

« Ici, on vent toutes sortes de marchandises : des denrées alimentaires, des matériaux de construction, mais aussi des habits. Un grand marché par rapport au service qu’on y trouve mais avec peu d’espaces. Ce manque d’espace a poussé certaines étalagistes à sortir hors du marché voire même occupé une partie de la route. C’est ce qui crée souvent des accidents de la circulation, des embouteillages, de passage difficile pour les piétons » a dénoncé un étalagiste, assis au bord de la route.

Interrogé sur l’utilité de la construction des murettes le long des marchés par les autorités guinéennes, Ismaël Diakité, deuxième responsable du marché Enco5, a apprécié la mesure à sa juste valeur.

« Nous apprécions très bien la mise en place de ces dalles par le gouvernorat de la ville de Conakry car. Cela permet de préserver la vie humaine, réduire le taux d’accident, faciliter la libre circulation des voitures, des piétons, et la réduction du vol ici à Enco5. Donc la construction de ces murs nous va droit au cœur. Les risques dont les vendeurs s’exposaient sont devenus minimes maintenant. Cette construction nous a facilité la tâche en tant que responsable du marché. Avant la construction de ces murs, on prenait dix (10) jeunes qui travaillaient matin et soir pour empêcher les femmes de s’asseoir au bord de la route. Donc cette initiative nous va droit au cœur» a apprécié Ismaël Diakité.

Au-delà de ce beau discours du deuxième responsable du marché d’Enco5, la construction de ces murettes ne fait pas l’unanimité. Des femmes rencontrées dans ce marché dénoncent le manque de passage entre les murs.

Une femme ayant du mal à se frayer un chemin

« Nous ne condamnons pas la construction de ces murs. Nous apprécions bien cet effort fourni par nos responsables du marché. Mais la seule chose que nous déplorons, c’est le manque de passage. Il  y a qu’une seule rentrée et sortie. Ce n’est pas du tout facile pour les clients d’accéder aux marchandises et même nous c’est difficile pour se déplacer. Actuellement pour se déplacer rapidement, il te faut escalader ces murs et ce n’est pas toutes les femmes qui peuvent faire cela. Donc nous nous adressons  toujours à nos chefs, c’est bon de construire ces murs, car cela va dans le sens d’assurer sécurité de nous les vendeuses, de nos  enfants, de nos biens. Mais ils n’ont qu’à nous aider aussi à trouver plus de passage entre ces murs pour faciliter l’accès facile aux clients afin d’accéder à nos marchandises », plaide Kadiatou Camara, vendeuse.

Ce cri de cœur semble être bien entendu par le deuxième responsable de ce marché. M. Ismaël Diakité promet de faire tout son possible auprès des autorités pour satisfaire ces femmes vendeuses.

« Les membres du bureau du marché, y compris le maire de la commune, nous nous battons depuis qu’on a été averti de ce problème. Nous avons plaidé, crié partout les moyens afin de nous donner plus d’accès, en vain. On nous informe du côté du gouvernorat de la ville de Conakry que la situation n’est plus à leur niveau, qu’il faut aller au ministère des Travaux Publics. Alors le problème n’est pas au niveau du marché, ni au quartier, ni à la mairie. Donc c’est le seul handicap que nous avons actuellement et les discussions sont en cours pour trouver une solution» a promis M. Ismaël Diakité.

En attendant, les membres du bureau du marché poursuivent la sensibilisation auprès de ces femmes vendeuses.

Alama KOLOMOU

 

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