L a route nationale reliant Mamou à Labé, longue de 148 kilomètres, et traversant les préfectures de Dalaba et Pita, est devenue un véritable chemin de croix pour les usagers.
Cet axe essentiel au Fouta Djallon est aujourd’hui méconnaissable : le goudron a disparu, remplacé par des mares de boue et des trous béants qui piègent véhicules et voyageurs.
Depuis le début de la saison pluvieuse, le calvaire s’aggrave. A l’entrée de Dalaba notamment, les camions et véhicules particuliers s’enlisent dans des embouteillages interminables.
Certains attendent des heures, d’autres des jours entiers, dans l’espoir d’avancer de quelques mètres. Là où il fallait jadis moins de quatre heures pour relier Mamou à Labé, il en faut désormais près de dix, parfois plus.
Le spectacle est alarmant: une file de plusieurs kilomètres de camions chargés de marchandises (riz, huile, ciment, produits agricoles) tente désespérément de se frayer un passage. Les marchés du Fouta Djallon, largement dépendants du port de Conakry, subissent de plein fouet cette paralysie.
Les conséquences se font sentir immédiatement sur le quotidien des populations.
« Un sac de sucre qu’on achetait à moins de 400 000 francs est monté jusqu’à 500 000 francs », déplore un habitant de Labé, dénonçant une hausse des prix qui frappe de plein fouet les familles. Pour lui, l’indifférence des autorités est flagrante.
Ce drame routier ne date pas d’hier. La dégradation de l’axe Mamou–Labé remonte à plus d’une décennie, déjà sous le régime d’Alpha Condé, sans qu’aucun entretien sérieux n’ait été engagé.
Dix ans plus tard, la situation n’a fait qu’empirer, et le silence des responsables en charge des infrastructures ajoute à l’exaspération des usagers.
Malgré la lassitude et les souffrances, les populations continuent de garder l’espoir qu’un jour, cet axe vital retrouvera son image d’antan.
A l’Etat désormais de transformer cette attente en réalité.
Alpha Binta Diallo, de retour de Labé