A l’approche de l’élection présidentielle du 28 septembre 2025, les candidatures indépendantes se multiplient, mais leur validation s’annonce complexe à cause d’une série de contraintes juridiques imposées par le nouveau Code électoral.
Si la loi reconnaît leur droit à se présenter, les conditions de parrainage fixées par le texte en vigueur apparaissent comme un véritable test de résistance politique et administrative.
Selon l’article 248 du Code électoral, toute candidature indépendante doit être parrainée par au moins 30 % des maires du pays, avec une répartition obligatoire dans 70 % des communes.
En théorie, cette exigence vise à garantir une représentativité nationale minimale. En pratique, elle se révèle d’une complexité redoutable dans le contexte actuel de transition politique.
En effet, les maires en fonction ne sont pas issus des urnes. Depuis la dissolution des conseils communaux élus en 2018, des délégations spéciales ont été mises en place par décret, sous la supervision directe de l’Exécutif.
Pour de nombreux observateurs, cette configuration limite la marge de manœuvre des candidats indépendants, qui doivent solliciter le soutien d’autorités locales nommées par le pouvoir central.
Ce parrainage institutionnel devient ainsi une barrière quasi infranchissable pour ceux qui souhaitent concourir sans l’appui d’un parti politique ou d’un réseau gouvernemental. La loyauté présumée des maires envers les autorités de la Transition rend la quête des signatures nécessairement délicate, voire dissuasive.
Outre ce verrou, le Code électoral renforce le cadre de conformité :
- L’article 251 interdit tout double parrainage d’un maire sous peine d’invalidation du soutien et de poursuites judiciaires.
- L’article 253 impose des procédures strictes d’identification des collecteurs et de transmission des listes à la Direction nationale des élections (DENEL).
- L’article 255 limite à 72 heures le délai de régularisation en cas d’invalidation partielle du parrainage.
Ces dispositions, combinées, placent les candidats indépendants dans une position particulièrement fragile. Même si la loi leur ouvre la porte de la compétition électorale, la rigidité des conditions de parrainage risque d’en fermer l’accès dans les faits.
A moins d’un assouplissement ou d’une clarification des règles d’ici au dépôt officiel des candidatures, les exigences du nouveau Code électoral pourraient restreindre la diversité politique à la prochaine présidentielle, en écartant de facto la majorité des prétendants indépendants.
La rédaction