Politique africaine : décryptage de la situation guinéenne (par syndie amoussou)

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L ’Afrique de l’Ouest plonge à nouveau dans la spirale des coups d’État. Après le Mali, c’est au tour de la Guinée voisine.

La pratique du coup d’État semble être désormais le seul moyen d’imposer l’alternance politique en Afrique face à des régimes qui verrouillent souvent l’expression démocratique de leurs peuples à travers ce qu’il convient de nommer « le syndrome du troisième mandat ».

Faudrait-il incessamment faire appel à « la grande muette » pour restituer la souveraineté nationale au Peuple ?

Incontestablement, les aspirations démocratiques des populations africaines s’expriment avec une acuité. La volonté d’alternance et d’alternative est irréfutable.

Toutefois, l’analyse invite à se montrer circonspect. Le coup d’État n’est pas une façon régulière (légale) d’exprimer la volonté populaire. Une alternance imposée par les militaires pourrait aussi être le résultat de luttes hégémoniques pour le contrôle de l’appareil de l’État. C’est une lecture qui échappe assez régulièrement aux acteurs politiques et/ou de la société civile qui se mobilisent pour faire aboutir leurs revendications politiques et sociales.

Sur le cas de la Guinée, au-delà de la ferveur populaire qui accompagne ce putsch, les différents facteurs qui conditionnent l’avènement du coup d’État sont, intentionnellement ou non, moins évoqués. Les revendications démocratiques exprimées depuis plus de deux années par le FNDC légitiment de facto l’action de la garde prétorienne.

Un autre aspect de l’analyse. C’est de tenir compte de certaines contingences géopolitiques. La menace djihadiste plane dans le Sahel et s’étend vers les pays du Golfe de Guinée.

Bien que l’unité d’élite de l’armée guinéenne, les Forces Spéciales, auteure du putsch, soit une conception du régime déchu, et qu’elle soit conçue pour conduire des opérations spéciales en zone de risques (comme dans le Sahel), il convient tout de même de préciser que la pratique récurrente des coups d’État favorise un désordre institutionnel qui pourrait devenir le terreau fertile des foyers terroristes.

D’où la nécessité pour les différents régimes d’Afrique de promouvoir le respect des revendications démocratiques de leurs peuples à travers l’organisation d’élections libres et transparentes, la mise en place d’un modèle de société démocratique et inclusif tenant compte de la promotion sociale et économique de chaque citoyen.

Le peuple guinéen entre dans une nouvelle phase de son histoire. J’espère qu’il saura capitaliser sur les acquis de son histoire pour promouvoir la paix et la bonne gouvernance.

Syndie Amoussou

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