L a période de gouvernance de Lansana CONTE, suivi par l’avènement du multipartisme en Guinée dans les années 90, a ouvert la voie à une prolifération sans précédent des partis politiques.
Cette expansion a souvent manqué de mécanismes adéquats de régulation, laissant ainsi les hautes sphères de l’administration précédente, marquées par un libéralisme sauvage et une gabegie financière, utiliser les formations politiques comme refuges pour échapper à la justice. La suite sous Alpha CONDE n’a guère apporté de changements, laissant persistantes des pratiques qui ouvraient la porte à des influences potentiellement dangereuses.
Dans ce contexte, le coup d’État du 5 septembre 2021, mené par le général Mamadi Doumbouya et son CNRD, marque un tournant décisif. Se présentant devant le peuple de Guinée, le général Doumbouya a fait la promesse solennelle d’entamer une ère de rectification et refondation, en réponse aux manquements passés et en promesse d’une gouvernance rénovée. Cet engagement a marqué le début d’une série de réformes profondes visant à assainir et à normaliser la structure politique du pays.
Les réformes initiées visent principalement à instaurer une transparence irréprochable et à légitimer les activités des partis politiques opérant en Guinée. Ainsi, le CNRD a mis en place un processus d’évaluation obligatoire et méticuleux pour toutes les formations politiques, piloté par la Direction nationale des affaires politiques et de l’administration électorale (DNAPAE). Pour être évalué, chaque parti doit fournir un dossier composé de 14 documents essentiels, parmi lesquels des copies de l’agrément du parti, des statuts et règlement intérieur, des procès-verbaux des congrès, ainsi que des informations détaillées sur leurs organes de direction, leur patrimoine, et leurs comptes bancaires.
Cette démarche exhaustive vise à éliminer toute possibilité de financement illicite, notamment de cartels de drogues ou d’autres formes de crime organisé, assurant ainsi que les structures politiques servent le bien commun et non des intérêts privés ou criminels. Par ces mesures, le CNRD espère limiter fortement les influences néfastes et rétablir la dignité de l’engagement politique en Guinée.
Ces réformes, quoique perçues comme strictes par certains, sont largement considérées comme essentielles pour l’établissement d’un cadre politique stable et fiable. Elles sont un élément fondamental pour la consolidation de la démocratie et le maintien de la paix sociale dans le pays. L’approche ferme du CNRD envers la rectification et la refondation promet non seulement de réparer les erreurs du passé mais aussi de jeter les bases d’une gouvernance transparente et équitable, nécessaire pour le futur de la Guinée.
Alpha DIALLO
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Correspondant Guineeactuelle à l’international