Mondial russie 2018 : le déclin du foot africain ?

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Les équipes africaines engagées au mondial Russe ont déçu les attentes du public sportif. Contre-performances, mauvais choix tactiques, fébrilités défensives, manque de percussion sont entre autres les raisons de ce naufrage footballistique qui a vu les 5 représentants du continent sombrer dès la phase de poules.

DES ÉGYPTIENS QUI N’Y ARRIVERONT PAS !

L’Egypte était l’équipe la plus médiatisée du tournoi au plan africain. Hélas, la bande à Mohamed Salah échoue à la porte des 8ème de finale lors de cette campagne russe. Cette participation qui était d’ailleurs la sortie de Salah avec sa sélection, la plus attendue du continent. Son succès lors de la saison sportive écoulée avec Liverpool a fait de lui le footballeur le plus célèbre de l’heure en Afrique et le plus suivi.

Face à l’Uruguay, le bateau Egypte n’a pas eu du répondant pour t renverser la vapeur avec une défaite (0 – 1). L’absence de Salah devenu joker de luxe n’a pas permis de mettre les pendules à l’heure. Contre toute attente, la mayonnaise n’a pas pris face à la Russie (1 – 3) et l’Arabie (1 – 2). Ironie du sort, l’Egypte est remerciée en dernière minute de jeu.

Finalement, l’icône du pays des Pharaons se retrouve au cœur d’une polémique qu’il digère mal. Il a été filmé en compagnie du dirigeant de la Tchétchénie Kadyrov qui a épinglé le badge du drapeau tchétchène au maillot international de l’Egypte. Une polémique si complexe à gérer pour Mohamed Salah, qui n’exclut pas de quitter la sélection après le Mondial.

Pour l’heure, les supporters sont aux bons soins et lui font les yeux doux pour qu’il n’aille pas dans ce sens. Son club de Liverpool vient d’annoncer la prolongation de son contrat « pour une longue durée ». Espérons que ce soit le cas avec la sélection nationale, car l’Egypte a beaucoup à faire valoir à la prochaine CAN.

UN MAROC ENTREPRENANT MAIS INCONSISTANT

Les Lions de l’Atlas participaient aussi à la messe du mondial. On les avait perdus des radars depuis 1998 lors du mondial en France où Zidane a éclaté la compétition de tout son talent. Sauf que pour ce rendez-vous russe, le Maroc avait hérité de la poule de la mort puisqu’il était logé avec le Portugal et l’Espagne. Hélas, les poulains d’Hervé Renard n’ont pas pu faire d’exploit en se hissant au degré des 8ème de finale. La rencontre face au Portugal n’a pas été favorable : défaite (1 – 0) contre des Portugais décidés à réussir avec leur idole Cristiano Ronaldo.

Le forfait du Latéral marocain Noureddine Amrabat, a pesé sur la finition. Son absence a dégagé un manque de relance, sans lequel les finalistes de la CAN 2004 n’ont pu se mettre des occasions sous les crampons devant les filets adverses. La réaction des joueurs du royaume chérifiens face à l’Espagne (2 – 2) avait laissé paraître des espoirs de qualification. Finalement, la défaite face à l’Iran (1 – 0) de ce grand espoir africain aura pesé dans la balance.

On n’oubliera pas la première déception de la famille marocaine. Le royaume chérifien débutait la compétition avec le mauvaise nouvelle portant sur son échec d’obtention du mondial 2026. Situation dans laquelle la Guinée a sa part de responsabilité au vu des votes et du choix défavorable de la FEGUIFOOT qui a fait couler assez de salive. Le manque de solidarité africaine avait déjà déstabilisé le Maroc avant même que les joueurs soient dans le bain de la compétition.

UN SÉNÉGAL MÉCONNAISSABLE

Si l’on pensait la mission abordable pour les lions de la Teranga, personne n’aurait imaginé pareil scénario. Déjà, avant de s’envoler pour la Russie, les compagnons de Sadio Mané s’étaient fait remarquer par les performances de l’attaquant de Liverpool.

Pourtant, la 1ère sortie du Sénégal n’a pas étonné plus d’uns. Les lions ont eu le dernier mot l’emportant par le score de (2 – 1) face à la Pologne d’un certain Podolski. Bien que présents dans l’impact physique, les Sénégalais n’ont jamais inquiété leurs adversaires après ce mythique match d’ouverture. Manquant de fond de jeu et de percussion, ils ont fini par sombrer affligeant au foot africain sa plus grande humiliation à ce rendez-vous mondial du ballon rond.

Accrochés par le Japon (2 – 2) où la défense a été laxiste, les lions se sont faits dompter par la Colombie de Falco (0 – 2) avec pour bourreau le joueur Yerri Mina. Le Sénégal aura été la sélection africaine qui a décliné au fil des rencontres : victoire, match nul et défaite. Sadio Mané n’aura jamais touché le fond des filets à part le but chanceux du rebond lors de la victoire du 1er match. Dans le jeu, la coordination entre le milieu et l’attaque n’a jamais existé, ce qui l’aura sevré d’occasions de buts.

Finalement le rêve de l’épopée 2002 aura pris fin. Une campagne asiatique qui avait vu l’actuel coach Aliou Cissé aller en demi-finales avec un groupe mené par El hadj Diouf, joueur le plus en vue du continent. Ce fut aussi le tournoi qui mit sous les projecteurs notre compatriote Henri Camara qui avait choisi d’évoluer sous les couleurs du Sénégal. Dur sera le retour et la gestion des émotions une fois à Dakar pour la génération 2018.

SUPER EAGLES CUEILLIS EN PLEIN ENVOL

Le Nigéria avait une obligation de résultat pour la raison suivante : il était absent de la dernière CAN et fut la première sélection à se qualifier en Russie. Aussi pour avoir été au mondial 2014 en terre brésilienne, il fallait faire un parcours plus honorable. Dans un groupe D plus ou moins équilibré, les boys de Gernot Rohr retrouvaient une vieille connaissance : l’Argentine de Lionel Messi qui a cette fois, les galons de capitaine. Le groupe Nigérian était le même que celui des éliminatoires composés de locaux à 90% encadrés par des expatriés comme Obi Mikel, Moses, et l’attaquant Ahmed Moussa qui aura été décisif durant la compétition.

Le premier match face à la Croatie s’est soldé par un score défavorable (0 – 2). La piètre prestation des Supers Eagles n’a pas échappé aux critiques. Avec un jeu plus défensif, les attaquants ont pesé de leur poids sur la défense croate sans pour autant inquiéter le gardien de but adverse. Le milieu sera neutralisé par Modric qui a occasionné les deux buts qui feront tomber le Nigéria.
Ce sera donc face à l’Islande que les Supers Eagles empocheront les trois points avec un fond de jeu timide mais remarqué. L’emportant sur le score de (2 – 0) ils devaient se surpasser face aux Argentins. Lionel Messi avait aussi un compte à régler avec le pays de Jay jay Okocha : en 2010, Vincent Enyama a été le 1er gardien de but du continent à avoir accroché l’héritier de Maradona dans tous les duels de la rencontre.

Tirs cadrés, coup de pied arrêtés, tirs à bout portant, un contre un, les Africains n’ont pu trouver la faille, ce qui permis à l’Argentine d’ouvrir le score à travers Lionel Messi. Ce dernier, mature et décisif a fait du mal aux Naja-Boyz qui ont pris un but de Rojo à la 86ème minute. Le Nigéria a lâché prise mettant fin aux espoirs du public sportif africain. Désormais, le défi sera de revenir à la CAN après quasiment 4 années d’absence.

TUNISIENS ET FACTEUR MALCHANCE

Les Aigles de Carthage ont commencé la compétition sans certaines valeurs du football tunisien dont Youssef Msakni, victime d’une rupture des ligaments croisés. Dans un groupe G très équilibré avec la Belgique, l’Angleterre et le Panama, les Tunisiens avaient des chances de qualification. S’ils ont été entreprenants face aux Belges pour leur 1ère sortie, ils sont passés à côté de leur rencontre.
On n’oubliera pas qu’ils ont cédé aux offensives adverses pour s’incliner (5 – 2) laissant filer les trois points, ils furent l’équipe africaine qui aura encaissé le plus de buts lors d’un mach et durant le tournoi. Techniques mais inorganisés dans le compartiment offensif, le secteur défensif tunisien fut défaillant en seconde période facilitant les assauts d’Eden Hazard. Malgré quelques occasions de but, ils se retrouvent dépassés par les Belges grâce à Lukaku qui inscrit deux buts.

L’attaquant d’origine congolaise réédite ce qu’il faut en club en plus d’être appuyé par un Hazard intraitable en sélection après plus de 4 années d’attente. Cette défaite sera d’ailleurs le match qui mettra en lumière les diables rouges qui auront le dernier mot face aux Aigles de Carthage.
Le sort s’acharnera contre la Tunisie face au Panama. C’est sur un but contre son camp de Yassine Meriah que le match s’ouvrira, mais l’ancienne sélection de Santos pourra remonter le but et s’imposer (2 – 1). On peut comprendre qu’avec cette victoire pour l’honneur, que l’équipe est sans reproche au plan technique, mais laisse à désirer quand elle est face à une défense bien organisée.

CONCLUSIONS

Au plan continental, la mobilisation autour des équipes africaines était sans faille et aucune discrimination n’a été faite, car le monde sportif africain n’a qu’un seul but : voir ses représentants atteindre les demies finales et augmenter leur représentativité lors des prochaines éditions.
Grande fut la déception, car on comptait beaucoup sur des équipes comme le Sénégal ou le Nigeria. Un constat revient toujours, c’est le manque de réalisme des équipes africaines devant les buts. Aussi, des spécialistes de coups-francs manquent encore, depuis l’épopée de Didier Drogba ou Jay Jay Okocha. En attendant, c’est l’entraîneur Hector Cuper qui paie pour les mauvais résultats de l’Egypte. Son contrat a été résilié et il fut simplement limogé de son poste. C’est d’ailleurs le coach Français Hervé Renard du Maroc qui est annoncé partant pour la CAN 2019 avec les Pharaons.

D’ici là, la reprise des éliminatoires du rendez-vous prévu au Cameroun reprend le week-end prochain. Occasion de voir si les mondialistes ont retenu les leçons et acquis de l’expérience pour mieux figurer cette fois, entre nations du Continent. Rendez-vous est donc pris en 2022 où le Mondial se tiendra au Qatar. Certains espoirs auront pris la révèle entre-temps !

IDI KEITA

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