Comme annoncé, la marche des femmes de l’opposition s’est déroulée ce mercredi dans la commune de Kaloum. L’objectif était de demander justice pour les 95 victimes des manifestations politiques de l’opposition. Foulards rouges noués autour de leurs têtes, portraits de quelques victimes et pancartes en mains et habillées en blanc pour la plupart d’entre elles, elles sont allées du buffet de la gare au ministère de la justice, en passant par les carrefours du ministère des Mines et de l’ambassade du Nigeria. Avec un seul slogan : « justice à nos morts »
Une fois au ministère et devant le ministre Cheick Sako, c’est Nènè Oussou, présidente des femmes du parti GRUP de Papa Koly Kourouma, qui donne le ton : « Au nom de toutes les femmes de l’opposition, de toutes les mères des victimes, de toutes les femmes de ce pays, de l’Afrique et du monde, je demande humblement au ministère de la justice de nous montrer qui tue nos enfants, nos maris. S’il le veut, il le peut. Il n’y a pas de boutiques où on vend des armes. Les armes se trouvent avec le pouvoir, avec la gendarmerie, la police. Nous demandons justice pour nos morts ».
De son côté, Madame Bah Maïmouna, de l’UFDG, s’adresse plus directement à Me Cheick Sako et lui demande de prendre ses responsabilités : « 95 victimes et jamais une enquête n’a été faite. Nous venons au nom de ce pays, au nom des pouvoirs que vous exercez, au nom des responsabilités que vous avez, vous demander humblement justice pour nos enfants. Nous venons vous déposer un mémorandum dans lequel nous vous demandons humblement la justice pour nos victimes ». Et de poursuivre « Nous en appelons à votre esprit patriotique, à votre esprit de père de famille. Dites-vous, Monsieur le ministre, que ce ne sont pas les femmes de l’opposition seulement qui sont là. Ce n’est pas une ethnie qui est là. C’est la maman, la femme guinéenne, c’est un cri de cœur des mamans. Monsieur le ministre, aidez-nous à ce que justice soit faite, prenez vos responsabilités ».
Puis, le ministre de répondre, plutôt sobrement : « En ma qualité de ministre garde des sceaux de Guinée, je suis dans ce pays pour appliquer la loi à l’encontre de quiconque, y compris vos partisans et ceux de la majorité. Concernant votre requête, je vous répondrai par écrit sur tous les cas de mort »
Me Cheick Sako en profite d’ailleurs pour démentir les allégations selon lesquelles la justice est indolente : « A chaque fois qu’il y a mort d’hommes, d’enfants, de femmes dans notre pays, il y a une information qui est ouverte au niveau judiciaire. Dès lors que le décès est constaté, on ouvre une information, c’est à dire un dossier sur les causes de la mort. On va démontrer à ceux qui disent que la justice ne fait rien dans ce pays, le contraire. On peut dire que la justice est lente, que certains dossiers dorment mais vous ne pouvez pas apporter la preuve qu’un dossier d’assassinat, de mort suspecte n’a pas été ouvert ni à Dixinn, ni à Mafanco ».
A l’appui de cette assurance, il conclut : « Pour ceux qui ne le savent pas, on a un dossier en cours. C’est celui d’un capitaine de police qui a ôté la vie à un jeune homme lors d’une manifestation. Il est jugé actuellement ».
Il est à rappeler qu’à la demande de la communauté chrétienne de Guinée, l’opposition suspend les manifestions prévues ce jeudi pour permettre aux fidèles chrétiens de préparer pâques dans les meilleures conditions.
Bah Mamadou