La crise russo-ukrainienne accélère-t-elle la pression sur les matériaux critiques en afrique ? (par mohamed lamine sidibé) 

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S i l’urgence climatique a failli imposer aux dirigeants Européens de sortir définitivement des énergies fossiles, la guerre Russo-Ukrainienne elle n’en manque pas. La forte dépendance des pays de l’UE aux importations de pétrole et de gaz Russe limite la marge de manœuvre des 27 à sanctionner lourdement la Russie dans sa campagne militaire en l’Ukraine.

Selon l’ingénieur Maxance CORDIEZ  l’Europe consomme 550 milliards de Gm³ de gaz par an. En 2020, la Russie lui en a fourni 200 milliards de Gm³ de gaz soit 40% de sa consommation. La Russie fourni également 27% de pétrole et 47% de charbon au vieux continen. Pour parer à cette forte dépendance à l’énergie Russe, les pays de l’UE se tournent de plus en plus vers les énergies vertes. Pourtant, l’alternative des énergies moins polluantes exacerbe davantage la pression sur les matériaux critiques, notamment en Afrique ou sont concentrés l’essentiel des métaux stratégiques (cuivre, cobalt, bauxite, lithium et le nickel) de la transition énergétique.

Dans son plan de résilience économique et social publié en date du 16/03/2022, le gouvernement français a souligné l’urgence de diversification des sources d’approvisionnement en matière première stratégique pour la France et pour l’UE, notamment dans le domaine de l’énergie, de la métallurgie (nickel, aluminium, cuivre, graphite etc…) et des intrants critiques du secteur agricole.

Pourtant, la forte concentration de ces matériaux stratégiques sur le continent enclenche une pression géopolitique énorme sur les pays de la région. Selon les données de l’US Geological Survey, la République Démocratique du Congo produit 70% de la production mondiale de cobalt. Alors que la Chine constitue le principal acheteur de la production Congolaise. En Guinée également, pays identifié comme deuxième producteur mondial de bauxite (82 millions de tonnes en 2020), exporte 40% de sa production vers la Chine. L’Afrique du sud, elle, occupe la deuxième place en termes de production de palladium à l’échelle internationale, juste après la Russie.

La fermeture de la Russie, principale pourvoyeuse de l’UE en matériaux critiques, fait peser les craintes de rupture d’approvisionnement sur des secteurs tels que l’automobile, l’aéronautique ou encore le secteur agricole qui dépend de la Russie pour ces intrants critiques. L’ex URSS produit 13% du titane mondial, 5,4% d’aluminium, 4,4% de cobalt, 10,5% de platine et 9,2% de nickel. Et les productions de matière première Russe sont généralement orientées vers l’Europe qui dépend de l’approvisionnement extraterritorial.

Finalement, on peut déduire que la crise Russo-Ukrainienne qui s’est rapidement transformée en crise énergétique, amorce le passage des économies Européennes vers les EnR qui, dans une large mesure risque de causer des dommages géopolitiques et environnementaux croissants sur le continent Africain.

Mohamed Lamine Sidibé    

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