Kankan : la « mamaya », un patrimoine culturel en voie d’institutionnalisation en guinée !

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D epuis près d’un siècle, cette forme de danse collective appelée « mamaya » a été instaurée et célébrée dans la ville culturelle et islamique de Kankan. Elle tire son origine dans le pays des « Bambaras », et a été introduite dans la localité grâce au concours de certains fils du terroir qui voyageait dans ce pays entre 1936-1937. Mais la forme qui est dansée actuellement est bien différente de la mamaya originale importée.

Le début de cette expérience n’a pas été chose aisée, car en ces temps, les sages estimèrent que cette danse était incompatible avec la culture islamique qui était fortement enracinée dans la ville. Malgré toutes les interdictions, cette génération de voyageurs prit le risque de s’exposer en organisant la mamaya dans la cité de M’bemba Alpha Kabinet Kaba. Mais bien avant, ils donnèrent aux sages des garanties suffisantes quant au respect rigoureux des heures de prière. Heures au cours desquelles la musique et la danse connaîtront une trêve.

Chaque année, cette manifestation est organisée par les « Sèdè » (des personnes regroupées par classe d’âge). C’est le Sèdè dénommé « Dandiya » qui a introduit pour la première fois cette danse à Kankan. Mais de nos jours, cette danse a pris une dimension importante à telle enseigne qu’elle n’est plus l’affaire d’un seul Sèdè. Tout le monde vient à cette cérémonie : autorités, citoyens de Kankan et environs, ressortissants de Kankan dans les autres localités de la Guinée et dans le monde, invités venus de tous les horizons et touristes. Les blancs (touristes) y viennent munis de caméras et autres appareils photos pour immortaliser ces instants de communion culturelle.

Vu son impact socioculturel, elle est devenue aujourd’hui l’une des plus grandes manifestations artistiques et peut-être l’une des plus représentatives du patrimoine culturel, oral national de Guinée.

Comme tous les ans, cette année aussi, la danse mamaya sera organisée au grand carrefour de « Chérifoulah » à côté de la grande mosquée de Kankan. Elle se déroulera comme d’habitude pendant trois jours successifs qui sont : le 22, 23 et 24 août 2018, au cours desquelles trois couleurs différentes d’accoutrement seront utilisées, le bleu d’Azur, le blanc et le vert. Pour la danse proprement dite, il y aura trois cercles : le cercle des femmes, celui des hommes et le troisième composé de femmes et d’hommes. Il y aura également des danseurs aux cannes et des danseurs aux foulards sur la scène. À tout cela s’ajoutent les activités de développement local, qui ont été intégrées à cette grande fête, et qui sont en passe de devenir une véritable réussite pour la nouvelle génération de « Kankan Nabaya » et une façon de joindre l’utile à l’agréable.

Cette année c’est le Sèdè Diamanadiya IV qui tient les rênes de la 78ème édition de la mamaya qui sera célébrée sous les auspices du ministère de la culture, des sports et du patrimoine historique. Après tant d’années de dur labeur, la danse « mamaya » bénéficie enfin d’une attention particulière de la part des autorités de tutelle. C’est du moins ce qui ressort d’un point de presse animé par le ministre « Bantama Sow, le jeudi 16 août. D’où la projection d’une ligne budgétaire pour le financement des prochaines éditions, la construction d’un village de la « mamaya » etc.

Reste à savoir savoir si cette déclaration sera suivie d’effets ou si le ministre Sow aussi suivra la trace de ses prédécesseurs, seul l’avenir nous le dira. En attendant, bonne fête de l’Aïd El Kebir à tous et à toutes.

Malick DIAKITE

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