Interview : rama barry sur son projet ‘’ oshūn art’’

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A près avoir effectué une formation en Histoire de l’art et Archéologie, à la Sorbonne, et en Administration, au CNFDI, Rama Barry a évolué dans le mannequinat, où elle a acquis une certaine notoriété, avant de décider de se lancer dans l’entreprenariat par la création d’Oshūn Art, une plateforme dédiée à la promotion de l’art contemporain africain.

Convaincue et certaine que la réussite de tout projet dépend de l’engagement et de la détermination de son porteur, cette franco-guinéenne, qui a figuré  dans le top du classement 2020 des 500 africains les plus influents dans le monde, capitalise une expérience professionnelle de plus dix ans dans le secteur artistique.

Dans une interview accordée à la rédaction de guineeactuelle.com, Rama Barry parle de son projet phare ‘’Oshūn Art’’, sa perception sur  l’art contemporain africain de façon générale.  Elle aborde également les défis liés à la consommation et à la diffusion des productions artistiques africaines contemporaines sur le continent.

Interview

Qui êtes-vous ?

Je suis Rama Barry et j’ai effectué une formation en Histoire de l’art et Archéologie, à la Sorbonne, et en Administration, au CNFDI. En parallèle, je me suis également lancée dans le mannequinat, un domaine dans lequel j’ai acquis une certaine notoriété. Après dix ans d’expérience professionnelle dans le secteur artistique, j’ai décidé de devenir entrepreneure, en tant qu’historienne de l’art, et de créer Oshūn Art.

C’est quoi Oshūn Art? Quelle est l’idée maitresse qui se cache derrière ce projet ?

Oshūn Art est une plateforme dédiée à la promotion de l’art contemporain africain. Perpétuellement en quête d’authenticité, nous accompagnons des artistes et des artisans qui valorisent leurs traditions, leurs valeurs, à travers des œuvres d’art uniques et accessibles à tous.

Au regard de l’engouement autour de l’art contemporain d’Afrique, j’ai décidé de créer ce projet pour apporter ma pierre à l’édifice. En effet, j’ai pu aisément constater que malgré un intérêt croissant du public, peu de professionnels avaient investi ce secteur d’activité. Et c’est pour cette raison que j’ai décidé de m’y consacrer pleinement.

Que propose concrètement Oshūn Art

Parallèlement à la vente d’œuvres d’art, Oshūn Art propose également un blog où sont publiés divers articles autour de trois thématiques : des portraits des acteurs du marché de l’art contemporain africain, des événements culturels (comme des expositions, des foires, etc.) et enfin, l’histoire de différents mouvements artistiques. A travers ce blog, j’entends démocratiser un maximum l’art contemporain africain et le rendre accessible au plus grand nombre.

Vos efforts pour vous faire connaitre par le public guinéen ?

Grâce aux réseaux sociaux, j’ai la chance de discuter quotidiennement avec de nombreux guinéens. Il s’agit de véritables échanges car tandis que je les informe sur l’actualité artistique et conseille certains artistes pour développer leurs carrières, ils m’aident également à connaître les artistes qu’ils apprécient et les événements artistiques qui s’organisent en Guinée.

J’espère pouvoir développer des actions plus concrètes pour rendre cette initiative plus publique.

Votre regard sur l’art contemporain africain ?

Je me suis consacrée à l’art contemporain africain car j’ai pu observer qu’il existait un magnifique « terreau » d’artistes et d’œuvres d’art au sein du continent où les amateurs d’art pouvaient y découvrir une énergie intarissable et un éclectisme artistique absolu. Contrairement à l’art contemporain européen ou américain, où beaucoup constate un éloignement latent entre l’art et son public, les créations africaines sont à la fois originales mais aussi accessibles, autant artistiquement que financièrement.

La création et la  diffusion des productions artistiques africaines contemporaines sont-elles mieux facilitées dans les centres artistiques occidentaux qu’en Afrique ? 

A ce propos, je rejoins le propos du philosophe Babacar Mbaye Diop : « Le vrai marché de l’art contemporain africain se trouve en Occident ».

Malheureusement, j’ai pu constater que malgré les nombreuses initiatives indépendantes des centres artistiques en Afrique, la diffusion était tout de même régie par le marché occidental qui regroupe les plus importantes institutions et qui, elles-mêmes, influencent les plus petites. Ainsi, il subsiste toujours une ascendance de l’Occident dans le choix de mettre en avant tel ou tel artiste.

Malgré tout, je reste optimiste vis-à-vis de l’avenir car l’intérêt de plus en plus clair pour les initiatives africaines, notamment de l’Europe, prouve qu’une évolution est en marche.

Votre analyse sur les différentes mutations intervenues dans le paysage artistique en Afrique depuis les indépendances ?

Bien entendu, il est particulièrement délicat de vous proposer une analyse générale de toutes les mutations. Mais je souhaite vous proposer une double-lecture entre l’Afrique anglophone et francophone. En effet, nous pouvons aisément constater qu’une grande majorité de l’Afrique francophone s’est naturellement orientée vers le marché français, en tentant d’y accéder au même titre que les artistes français. Quant à l’Afrique anglophone (je pense notamment au Nigéria et à l’Afrique du sud), ils ont privilégié les initiatives locales : un choix risqué mais actuellement gagnant !

Par contre, le principal point commun entre ces paysages artistiques depuis l’indépendance, c’est cette quête d’authenticité et une volonté claire de s’éloigner de l’influence de l’art occidental, au profit de leurs propres traditions artistiques.

Vos conseils pour que les artistes africains puissent tirer profit de leur travail

Tout d’abord, je vous remercie d’aborder cette problématique très importante car il s’agit de la première question que les artistes me posent lorsque j’échange avec eux. Pour ma part, je suis persuadée que les réseaux sociaux forment l’alternative la plus intéressante pour un artiste en Afrique pour se faire connaître, au-delà des frontières géographiques, et se créer une clientèle de base. Pour ce faire, il n’y a que trois solutions : la régularité des posts, la diversité des médias utilisés (vidéos, photos etc.) et la relation avec les abonnés.

Ensuite, j’incite tous les artistes à participer à un maximum d’expositions de groupes, à rejoindre des initiatives artistiques communes, à tenter leur chance dans les concours et ce, dans le but de se faire remarquer par les professionnels du secteur.

Quelques mots pour conclure ?

Je tenais à remercier toute l’équipe de Guinée Actuelle pour ces belles questions et tous les lecteurs qui ont pris le temps de lire mes réponses…

Au-delà d’Oshūn Art, j’espère que de nombreux guinéens seront motivés par mon parcours, soit pour se renseigner davantage sur l’art contemporain africain, soit pour se lancer dans ce beau secteur d’activité.

De plus, j’invite tous les artistes et les amateurs d’art à rejoindre ma communauté sur www.oshunart.com et les réseaux sociaux.

Entretien réalisé par Alpha Ibn Boubacar Diallo

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