P lusieurs fidèles musulmans guinéens disent être victimes d’arnaque de la part des individus se présentant comme des intermédiaires ou représentants d’agences de voyage.
Parmi les victimes, madame Oumou Mabadiba et Alpha Mohamed Ramadan Diallo, deux candidats malheureux, ont livré leurs témoignages.
Selon madame Oumou Mabadiba, installée à Dakar, son désir d’accomplir le cinquième pilier de l’islam l’a poussée à faire le déplacement jusqu’à Conakry pour s’inscrire au pèlerinage. Sur place, elle se tourne vers un certain Elhadj Aziz, qu’elle dit avoir connu depuis longtemps au marché de Madina. Ce dernier lui aurait proposé de passer par d’autres agences, sous prétexte qu’il reste des places. Elle verse alors la somme de 57 300 000 francs guinéens, avant qu’on ne lui demande d’ajouter 10 millions supplémentaires, ce qu’elle refuse catégoriquement.
« Je lui ai dit que l’État ne demande que 54 millions et quelques. Je ne comprends pas comment ils peuvent exiger 65 millions. Quand j’ai menacé de porter plainte, il a fini par accepter le premier montant », raconte-t-elle.
Malgré ses nombreuses sollicitations, elle n’obtient ni visa ni billet. Elle explique avoir passé la nuit chez des connaissances pour être à l’aéroport dès 3 heures du matin, sur instruction des organisateurs. Mais une fois sur place, aucune trace de documents de voyage.
« Tant que je ne suis pas à La Mecque, je ne crois plus en rien », conclut-elle, avant de lancer un appel aux autorités, notamment au président Mamadi Doumbouya, pour qu’elles interviennent afin d’aider les victimes à voyager ou à récupérer leur argent.
Alpha Mohamed Ramadan Diallo, autre victime présumée, affirme quant à lui avoir versé 65 millions de francs guinéens à un individu du nom de Thierno Ciré.
« L’État fixait les frais à 54 200 000 GNF, mais moi, on m’a soutiré 65 millions. J’ai tout laissé derrière moi pour accomplir le Hajj, et à la fin, c’était une arnaque pure et simple », déclare-t-il avec amertume.
Le jour du départ, c’est à l’aéroport que la vérité éclate. Aucun des 29 candidats concernés n’a pu embarquer, faute de visa.
« Nos passeports étaient vides. Pas de cachet, pas de visa. On nous a demandé de dire qu’on se rendait en Côte d’Ivoire ou au Ghana. C’était une tromperie organisée. »
Ces deux témoignages mettent en lumière un système opaque et potentiellement frauduleux qui entoure certains circuits non officiels du pèlerinage.
Les victimes exigent des autorités guinéennes une enquête rigoureuse et, surtout, des mesures concrètes pour qu’une telle situation ne se reproduise plus.
En attendant, plusieurs dizaines de fidèles restent dans l’attente d’un éventuel départ ou d’un remboursement, dans une atmosphère mêlée de colère, de résignation et de foi brisée.
Alpha Ibn Boubacar Diallo