Epu 2025: la guinée sous la pression des ong de la société civile 

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A une semaine de l’examen périodique universel (EPU) de la République de Guinée devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, six organisations majeures de la société civile guinéenne (Amnesty Guinée, COLTE CDE, CAFIDHE, Wafrica, OGDH et Actions) ont livré, mardi 22 avril 2025, une déclaration conjointe.

Ces organisations dressent un état des lieux critique de la situation des droits humains dans le pays et formulent une série de recommandations.

Dans leur déclaration, les signataires reconnaissent certains progrès réalisés depuis le dernier EPU il y a cinq ans, notamment la tenue du procès du massacre du 28 septembre 2009, et l’adoption de lois sur l’aide juridictionnelle, la protection des victimes et témoins, ainsi que sur le contenu local. Toutefois, ces avancées ne sauraient masquer les graves régressions constatées dans plusieurs domaines clés.

Régression des libertés publiques

Depuis 2021, la société civile, à travers ces organisations, observe une nette détérioration de la situation des droits humains en Guinée.

“La répression des manifestations pacifiques, désormais systématiquement interdites, a entraîné la mort d’au moins 44 personnes entre juin 2022 et mars 2024. La liberté de la presse est également sévèrement mise à mal : fermeture de radios, arrestations arbitraires de journalistes, et cas de disparitions inquiétantes – notamment celles d’Oumar Sylla, Mamadou Bilo Bah et Habib Marouane Camara – pour lesquelles aucune enquête crédible n’a été menée à ce jour”, déplorent ces ONG qui ’’appellent à la levée immédiate de l’interdiction de manifester, à des enquêtes indépendantes sur les violences policières, et à la restauration des libertés fondamentales, notamment l’accès à l’Internet et la protection des défenseurs des droits humains’’.

Secteur minier : des droits communautaires négligés

Malgré la richesse minière du pays, les communautés locales continuent de subir expropriations sans compensation juste, manque de consultation, et pollutions environnementales, souligne ces organisations de la société civile, exigeant “des consultations transparentes, la publication accessible des contrats miniers, et la mise en œuvre d’un cadre national pour l’indemnisation des populations affectées”.

Violences basées sur le genre : un fléau endémique

Avec plus de 80 % des femmes exposées aux violences basées sur le genre (VBG), une sous-déclaration des cas de viol et un taux d’excision atteignant 95 %, la situation des femmes reste alarmante. Ces ONG réclament l’adoption d’une loi globale contre les violences faites aux femmes, un accès gratuit aux soins pour les survivantes, et un mécanisme judiciaire efficace de suivi des VBG.

Droits de l’enfant et inclusion sociale : des défis persistants

Les enfants guinéens sont encore trop nombreux à être privés d’accès à l’éducation, à la santé, et à la protection contre les violences et l’exploitation, notent-elles.

A ce niveau, ces organisations recommandent notamment la scolarisation des enfants travailleurs, la poursuite de la construction d’infrastructures scolaires, et l’adaptation des services publics aux personnes handicapées.

Justice, prison et gouvernance : un système à refonder

Les prisons guinéennes souffrent de surpopulation, d’insalubrité et d’un accès médical précaire, révèlent ces ONG, rapportant des décès suspects régulièrement signalés.

Ainsi, elles plaident pour l’application des Règles Mandela, l’adoption de peines alternatives, et une refonte du système pénitentiaire ainsi que l’adoption de lois contre la corruption et à la promotion d’une gouvernance responsable.

Un appel pressant à la communauté internationale

En conclusion, les organisations de la société civile guinéenne, en appellent à la communauté internationale pour un suivi rigoureux des engagements de l’État guinéen, demandent que l’EPU du 29 avril soit plus qu’un exercice diplomatique : un levier réel de changemen.

« Nous ne voulons pas de promesses sans lendemain. Nous voulons des actions concrètes pour bâtir une Guinée plus juste, plus équitable et plus humaine pour toutes et tous », ont-elles martelé.

Alpha Ibn Boubacar Diallo 

 

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