Contexte politique guinéen : il faut de la responsabilité de la presse

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Une fois n’est pas coutume, il est important d’évoquer la place de la presse dans la construction de cette gigantesque entité qu’est l’Etat de droit. Surtout dans ce contexte tendu sur fond de coup d’Etat constitutionnel, il est plus que nécessaire que le ‘’4eme pouvoir’’ choisisse son camp.

Dans le contexte mouvementé de ces 3 dernières années ponctuées par les velléités de proposition de nouvelle constitution ou le tripatouillage de l’actuelle, une seule vérité émerge de ce tohubohu : la volonté de se maintenir au pouvoir d’Alpha Condé, chef de l’Etat guinéen depuis 9 ans. Les termes de ‘’nouvelle Constitution’’ ou de ‘’4eme république’’ ne sont que banditisme verbal pour dissimuler le projet de 3ème mandat du Président.

Depuis l’officialisation à peine voilée de cette intention, chacun y va de son commentaire et de ses pronostics. Et c’est justement dans ce contexte que la presse encore une fois doit jouer un rôle fondamental ; celui du soutien à l’alternance démocratique pacifique et la promotion de l’Etat de droit. Ce rôle se tient et s’assume dans l’assainissement de la ligne éditoriale. Il devra être question de choisir à qui donner la parole. Car si la vocation du journaliste est d’informer et donner la parole à ceux qui veulent la prendre, il lui est tout aussi reconnu d’avoir sa ligne éditoriale qui l’empêche d’être le porte-voix des pyromanes. Ceci est d’autant plus vrai qu’avec le contexte guinéen cette précaution n’est jamais de trop.

En réalité, cette histoire de mandat est alimentée par les médias. Si l’on ne peut les accuser tous de jouer le jeu du pouvoir involontairement, il est clair qu’un certain nombre d’entre eux se prête totalement et avec servitude à ce jeu.

Des groupes de médias de grande écoute préparent, préviennent et conditionnent les mentalités des citoyens à avaler la pilule de ce projet anti-guinéen.

A travers des questions filtrées, ils ouvrent le boulevard aux plus grands promoteurs d’une nouvelle Constitution qui ne se gênent plus d’évoquer le sujet en public et à visage découvert. Leurs antennes sont devenues les tribunes de ces personnes. Il ne se passe pas un jour sans qu’ils n’en parlent avec des émissions d’interaction et de grande écoute dans les quelles des citoyens ordinaires et des leaders d’opinion sont questionnés sur leur position vis-à-vis du coup d’Etat constitutionnel. C’est le référendum avant le référendum   Le citoyen s’en souviendra le moment venu.

Cet état de fait de ce média est tellement flagrant qu’un député de la mouvance les a remerciés d’avoir lancé le débat sur la Constitution. Est-ce de cette façon que l’on croit contribuer à la consolidation de l’Etat de droit ?

La presse doit dès à présent adopter une ligne dure contre tous ces ennemis de la République qui versent dans ce projet suicidaire. Car s’il est établi à présent que  la volonté du Président est de se cramponner au pouvoir, pourquoi alors offre-t-on une tribune à ceux qui soutiennent ce tripatouillage pour qu’ils s’expriment sur ce qui n’a pas lieu d’être ?

Comme en 2018, cet appel est lancé à tous les médias pour qu’ils jouent leur partition dans ce combat du bien contre le mal.

Vivement une nouvelle dictature de la presse.

 Alpha Oumar DIALLO

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