Cancer du col de l’utérus : plus de 77% de femmes consultées à donka atteintes (médecin)

Publicité

En Guinée, plus de 77% de femmes diagnostiquées à Donka sont atteintes du cancer du col de l’utérus. Caractérisé par des saignements fréquents et des pertes liquidiennes, le cancer du col de l’utérus peut être prévenu et guéri contrairement à d’autres cancers.

Causée par un virus qu’on appelle « péplum », cette maladie peut parfois durer dans le corps de la femme plus de 10 à 15 ans sans aucune manifestation  de signe, selon Mamadou Cissoko, médecin gynécologue obstétricien au centre de traitement et de prévention des lésions précancéreuses de Guinée.

Mamadou Cissoko, médecin gynécologue obstétricien au Centre de traitement et de prévention des lésions précancéreuses de Guinée.

« Le cancer est une maladie provoquée par la transformation des cellules qui deviennent anormales et qui se multiplient de manière excessive. Ces cellules complètement modifiées peuvent se former en masse qu’on appelle tumeur maligne. A partir de ces tumeurs malignes, des cellules peuvent se détacher et migrer soit à travers  les vaisseaux, soit à travers les muscles lymphatiques pour aller vers d’autres organes et faire des dégâts. Comme nous parlons du cancer de col, c’est une affection très fréquente dans notre pays et qui représente la première cause des cancers gynécologiques en Guinée. Les cancers gynécologiques ce sont des cancers qui atteignent la sphère génitale de la femme.  Plus de 77% de femmes qui se font consultées ici ont le cancer. Le cancer de col est classé dans le groupe des maladies sexuellement transmissibles, il est causé par un virus, ce qui fait de lui une maladie virale » rapporte ce médecin gynécologue obstétricien au centre de traitement et de prévention des lésions précancéreuses de Guinée

Pour ce gynécologue, la précocité sexuelle est l’un des facteurs de risque favorisant l’installation du col de l’utérus chez la femme.

 « Les facteurs de risque de cette maladie sont la précocité des rapports sexuels ; accoucher avant 20 ans, les femmes à multiples partenaires, des infections sexuellement transmissibles, la grande multiparité. A côté de ces facteurs de risque, il y a d’autres tels que le tabagisme, l’alcoolisme, le VIH. Ce sont des facteurs qui favorisent l’installation du cancer du col chez les femmes» a expliqué Mamadou Cissoko, médecin gynécologue obstétricien au centre de traitement et de prévention des lésions précancéreuses de Guinée.

S’agissant de la manifestation symptomatique, le spécialiste obstétricien pense que la maladie peut se manifester parfois sans aucun signe dont la durée d’incubation peut aller jusqu’ à 15 ans.

« Parfois, cette maladie peut évoluer sans aucune manifestation, une fois que tu es infectée, le virus peut évoluer plus de dix à 15 ans sans aucun signe, et lorsque les signes commencent chez les femmes, ça se manifeste soit par le saignement ou des pertes liquidiennes malodorantes. Parfois, c’est par un test de dépistage qu’on parvient à savoir qu’une femme est atteinte du cancer. Il atteint le plus souvent les femmes en activité sexuelle dans la tranche d’âge de 35 à 40 ans, de 45 à 50 ans ou jusqu’à 60 ans. C’est pourquoi, les femmes qui ne sont plus en activité sexuelle, c’est-à-dire les femmes âgées et qui saignent à plus de 65 ans, qui ne voient plus les règles et qui continuent à saigner sont suspectes de cancer » a-t-il révélé.

Croisée dans les couloirs du Centre de traitement et de prévention des lésions précancéreuses de l’hôpital de Donka, une patiente , âgée d’une  trentaine d’années, confie avoir contracté cette maladie depuis plus de 6 mois.

« J’ai commencé à ressentir cette maladie pour la  première fois lorsque je partais à la douche pour uriner, je voyais mes règles et parfois des pertes liquidiennes. Cela a duré très longtemps et  lorsque ça ne cessait pas, mon frère m’a demandé de venir ici pour des consultations. Bien avant de venir ici, j’avais essayé avec la médicine traditionnelle qui n’a eu aucun effet. Chez nous, on le nomme ‘man’, j’ai essayé avec certains médicaments traditionnels qui ont stoppé un peu la perte juste un temps avant de recommencer ce lundi. Il y a  de cela plus de six mois que j’ai cette maladie. Elle se manifeste, je ressens des douleurs autour  des hanches, et au niveau du bas ventre » raconte-t-elle sous le visage couvert, indiquant avoir suivi en vain un long traitement avec la médecine traditionnelle.

Citant les conséquences de cette maladie chez la femme, docteur Mamadou Cissoko invite toutefois les femmes à se faire dépistées très tôt pour limiter risques.

« Si cette tumeur est déjà constituée, elle envahit les autres organes de voisinage et les cellules migrent par le sang ou par les vaisseaux lymphatiques pour aller vers les autres organes tels que le foie, l’estomac, cerveau et ça peut atteindre tout l’organisme (….). Une fois que la femme a le cancer du col de l’utérus, si elle est vue très tôt, nous avons de possibilités d’aider cette femme. Mais lorsqu’elle vue tard, les conséquences sont aussi dramatiques (…..) » a précisé Docteur Sissoko.

Parmi les difficultés rencontrées au sein de ce centre de traitement de cette maladie, docteur évoque le manque, non seulement des moyens liés à la prise en charge des femmes atteinte du cancer du col, mais aussi des matériels de travail adéquat.

De nos jours, le cancer du col de l’utérus est l’une des maladies qui touche la couche féminine en Guinée. Faute de traitement immédiat, plusieurs femmes y perdent leur vie.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS), le taux élevé de décès dû au cancer du col de l’utérus s’expliquerait entre autres par le fort taux d’infection par le virus du papillome humain (VPH), le manque d’informations et de sensibilisation de la communauté, le manque de services de prévention secondaire,  la faiblesse des capacités nationales, le coût élevé de la vaccination contre le VPH ou encore l’inaccessibilité des ressources thérapeutiques.

Kadiatou Diallo

Publicité