Arrangements rpg/ufdg : et si sydia touré finissait comme bédié ?

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S ous nos cieux, le bicéphalisme reste un passage obligé en politique quoi qu’on dise. Seulement la victime de la chose reste bien Sydia TOURÉ, qui malgré tout, siège au sommet de l’État en tant que Haut Représentant d’un Chef de l’État dont la formation n’a que faire de lui. Et jusqu’à quand ?

ENTENTE DES DEUX SUR LES ELECTIONS COMMUNALES

On vient de le voir, la marche annoncée de l’opposition a fait réagir. Une entente politique fut conclue en catimini entre le RPG-Arc-en-ciel et l’UFDG. Le giron politique n’est pas resté silencieux après cet arrangement réglé hors du cadre de concertation politique traitant de la question des contentieux relatifs aux communales. Une situation qui prouve bien que malgré les brouilles enter le Chef de l’État et celui de l’opposition, on se comprend toujours. Évidemment le 3ème homme Sydia TOURÉ n’a pas été associé à la chose. Ce n’est nullement l’unique fois où il est « oublié » par celui qu’il représente pourtant à un niveau très haut. Un deal qui est encore à l’image de celui de la CENI.

Les délégués de cet organe central électoral ont été « répartis » entre les 3 forces politiques du pays : Sydia TOURE ne s’est pas plaint. Son parti a une assise qui lui accorde le service minimum et ne le met pas hors-jeu comme d’autres acteurs qui ont grogné lors des faits. Depuis, que l’accord évitant la marche du jeudi 9 août a été trouvé, l’UFR n’a pas tardé à réagir. Une sortie qui a conduit à une visite inopinée du Pr Alpha CONDÉ chez son Haut Représentant pour calmer les choses. On parle d’une visite surprise du camp présidentiel, mais avec la présence de nos confrères de la RTG. Il est pourtant établi que le dindon de la farce reste bien l’UFR. Le ménage à trois politique prouve bien qu’il y a quelqu’un qui est dans un suivisme passif !

COHABITATION STÉRILE

Au lendemain de la présidentielle de 2015, le RPG et l’UFDG étaient au-devant de la scène. Déjà, les résultats ont mis Sydia TOURÉ en deçà du poids politique qu’il avait lors de l’exercice de 2010. Son ralliement à la mouvance a fait de lui un traître chez l’opposition d’alors qu’il animait avec Cellou Dalein DIALLO. Un couple qui ne plaisait pas au RPG de surcroît à un Kassory Fofana qui réglait ses comptes avec Sydia TOURÉ par médias interposer.

Seulement la montagne de Boké a bien accouché d’une souris, car aux communales de 2018, l’alliance entre l’UFR et le RPG n’a pas réellement vu le jour. Le Parti présidentiel a fait cavalier seul, jugeant Sydia TOURÉ trop critique sur la gouvernance de son mentor. Même l’actuel Premier ministre avait dit en son temps : « mon soutien est effectif, je n’ai pas un pied dedans et un pied dehors », lançait Kassory FOFANA à la veille de son arrivée à la primature ; une façon d’attaquer silencieusement Sydia TOURÉ pour sa liberté de ton sur les frasques du pouvoir.

Le RPG et Sidya TOURÉ n’ont pas fait de réelle alliance et ont plutôt été dans des listes séparées. Finalement, c’est le RPG qui s’est renforcé au détriment de son allié qui l’a rejoint en 2015 et qui avait là une occasion d’être la seconde force.

Au bout du compte, l’UFR se retrouve à contester les résultats des communales où l’UFDG a eu le temps d’asseoir largement son assise au plan national et de très loin par rapport à son ancien allié de 2010 – 2015. Aussi, les critiques de l’ancien député de Boké ont fini par le mettre en minorité avec pour conséquence : le limogeage de son sué ministre lors du dernier remaniement qui a vu son rival Kassory FOFANA occuper le poste de Premier ministre qu’il avait en 1996.

C’est dire que l’alliance UFR/RPG n’est qu’un marché de dupes. Depuis la constitution du nouveau gouvernement en mai 2018, le Parti présidentiel est devenu plus représentatif et dicte par moments au PRAC, sa ligne de conduite.

UN DIVORCE À L’IVOIRIENNE ?

Quand Sydia TOURÉ rejoignait Alpha Condé au début de son second mandat, on le voyait comme son dauphin en 2020. Entre-temps, l’eau a coulé au barrage de Kaleta et les turbines chinoises ont produit du courant pour éclairer les lampions de Conakry et environs, et l’actuel chef du gouvernement est désormais pressenti à ce poste et le convoite avec toute son énergie. La classe politique africaine est au cœur des débats à cause de l’éventuel 3ème mandat dans des pays comme le Togo ou la Côte d’Ivoire. Si du côté de la RDC la question a été tranchée, la situation conduit à des similitudes entre Abidjan et Conakry qui a laissé planer le doute depuis plus de 2 ans. Finalement, y a-t-il un hasard quand on sent que le RPG est dans l’optique d’un choix interne que de soutenir un allié pour Sékhoutoureyah 2020 ?

Depuis plus d’une année, ce fut le débat de l’heure à savoir les ambitions d’Alassane OUATTARA qui indiquait « ne pas avoir décidé » s’il s’arrêtera à un second mandat. Pareille attitude que son aîné du côté de Conakry qui dit « laisser le peuple se prononcer ». Un contre-pied à Abidjan de celui qui avait pourtant une alliance avec le PDCI d’Henri Konan BEDIÉ censé prendre les rênes de la Côte d’Ivoire en 2020. Au final, ce dernier a fini par quitter la majorité et a commencé à flirter avec le FPI d’Affi N’GUESSAN qui n’est pas reconnu par l’ex première dame Simone GBAGBO fraîchement sortie de prison après 8 ans de privation totale.

Un scénario à l’ivoirienne qui écarte de plus en plus l’arrivée de Sydia TOURÉ au palais présidentiel avec la bénédiction du RPG à la fin du mandat actuel du PRAC. Les barons et leaders du RPG voient Sydia TOURÉ comme un opposant au lieu d’un acteur titulaire de la majorité présidentielle de Guinée. Ce dernier se dit de l’opposition plurielle rejetant celle de Cellou Dallein DIALLO, en gardant une liberté de ton qui fâche finalement dans les deux camps. Certes, Alpha Condé n’a pas encore décidé à qui il passera la main, mais il a opté pour la politique de la fusion. Ce qui lui a bien réussi puisque dans la foulée de la constitution du gouvernement Kassory FOFANA, plusieurs alliés et opposants ont définitivement migré au cœur de la vague jaune : le RPG-Arc-en-ciel.

C’est dire qu’à la longue, Sydia TOURÉ devra regarder la réalité en face et s’assumer, pour ne pas continuer à être virtuellement un figurant politique. Le RPG a peur de ne pas subir ce qui s’est passé avec les départs de Sékou TOURÉ et Lansana CONTÉ : la disparition de l’échiquier politique devenu de plus en plus mitigé et exigeant. Bédié l’a compris et a vite pris les devants en divorçant. À Sydia TOURÉ d’en faire autant pour être en phase avec lui-même et avec sa base lors des législatives de fin 2018.

Comme Bédié qui est partant avec le FPI modéré, lui aussi a des alliés en vue s’il franchit le pas : l’Honorable Ousmane KABA du PADES et Lansana KOUYATÉ du PDEN. Des anciens collaborateurs à lui qu’il a côtoyé au gouvernement dans les années antérieures et aussi lors de la réélection d’Alpha CONDÉ en 2015. Les départs du camp présidentiel de ces deux barons de la politique guinéenne, sont d’ailleurs des motifs qui doivent lui servir de leçon avant que son parti ne se retrouve esseulé aux prochaines échéances électorales : chose qui pourrait anéantir l’objectif affiché de Sydia TOURÉ en 2020, à savoir devenir Menguè à la place du Mansa.

Idrissa KEITA

 

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