Alternance démocratique : quel exemple pour la guinée (chroniques de fakoli)

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« Nous sommes les Borg. Abaissez vos boucliers et rendez-vous sans condition (…) TOUTE RESISTANCE SERAIT FUTILE. » Voici le message que les Borg envoient aux vaisseaux étrangers qu’ils croisent. Les cinéphiles parmi nous, les fans de Star Trek en particulier savent sûrement de quoi je parle.

A l’image de ce préconçu d’intimidation et de dissuasion à la résistance, aujourd’hui prolifèrent dans l’arène politique guinéenne, des mimodrames qui insinuent l’inévitabilité de l’avènement d’une Troisième Honte (troisième mandat, ndlr) chez nous. Certains individus pourtant fils de ce pays (en tout cas, ils en ont tout l’air), par vilénie ou par schizophrénie, par ignorance ou par couardise, mais quoi que l’on dise, plus par lâcheté que par toute autre bassesse, s’aventurent à véhiculer sans gêne et sans malaise, ces genres de messages oh combien hideux et nauséabonds.

Dans le pays d’Alpha Yaya Diallo, de Bocar Biro Barry, de Cheick Oumar Tall, de Dina Salifou, de Samory Touré, de Zegbela Togba, pour ne citer que ceux-là, dans ce pays qui a connu les épopées les plus honorifiques de toute la sous-région, dans notre pays dis-je, des goujats ont l’outrecuidance de beugler en faveur d’une impudence qui donne carrément la chair de poule pourvu que vous ayez une once de dignité. Pire dans leur vile démarche, ils veulent persuader les esprits faibles que TOUTE RESISTANCE SERAIT FUTILE !!

Il y a de cela une semaine donc, je me suis évertué à fouiller dans les annales de notre histoire très récente afin de rappeler à l’attention de mes compatriotes quelques exemples d’alternances politiques plus ou moins réussies et des cas malheureusement ratés, espérant que cela pourrait influencer les uns et les autres dans leurs prises de position vis-à-vis du projet obscène d’apoptose démocratique que certains malotrus de chez nous se battent tant bien que mal à démontrer la légitimité et le bien fondé.

Dans cette aventure, j’ai commencé par le cas, on ne peut plus illustratif, du premier président du pays de l’oncle Sam, qui avait cédé le pouvoir de son plein gré juste après deux mandats, malgré le fait qu’il avait les arguments et la popularité de s’éterniser encore ne serait-ce qu’en attendant le temps de quelques grincements de dents. J’ai ensuite esquissé quelques exemples sur le vieux contient (Madiba, Rawlings, Ellen Johnson, Abdou Diouf) qui ont plutôt réussi une sortie honorable contrairement à un Blaise Compaoré qui s’est vu contraint à l’exil à cause de son obstination à briguer un cinquième mandat, après 27 ans au pouvoir.

Dans cette aventure et comme je m’y attendais, je fus honoré de recevoir des réactions positives qui m’ont conforté dans ma prise de position. J’ai aussi été émerveillé par la capacité et l’engagement de certains compatriotes à vouloir noyer le poisson en mettant notamment en cause la réussite des chefs d’Etat que j’ai cités comme bons exemples ou en défendant la cause de celui que j’ai cité comme exemple de déception.

Certaines réactions circonspectes sont allées jusqu’à multiplier par zéro, les acquis démocratiques et de réconciliation de Nelson Mandela (cette figure emblématique mondiale), en ergotant que le bilan de ce dernier était nul. Une des réactions les plus insolites fut toutefois celle d’un négationniste qui ne s’est pas gêné de jurer que Compaoré ne peut pas être compté parmi les présidents losers, dans la mesure où il n’y a pas eu de rapport d’enquête qui a pu établir la responsabilité de celui-ci dans le coup d’Etat contre Sankara et de surcroît parce qu’on trouve du beurre de karité burkinabé sur les marchés occidentaux (et croyez-moi, ce compatriote était dans tout son sérieux).

La leçon que j’apprends à cette phase préliminaire de mon aventure, est que certains compatriotes ont un incroyable talent à défendre les causes peu honorables. Avec recul, j’ai tiré la conclusion hâtive que cela aurait produit une meilleure plus-value pour notre jeune démocratie menacée de nécrose par ceux-là même qui sont censés la promouvoir, si les efforts que nous consacrons à convaincre nos compatriotes d’accepter les abjections de nos dirigeants étaient consacrés à persuader nos dirigeants à mieux se comporter.

Voici donc en bref le contexte qui me motive aujourd’hui à me lancer dans le présent projet en guise de contribution à la résistance que nous devons opposer aux promoteurs de cette honte dans notre pays. Car pour paraphraser un certain Aimé Césaire, si je ne sais qu’écrire, c’est bien pour ce pays que je le ferai.

Pour être clair, mon objectif dans ce projet qui prendrait la forme d’une chronique dans les colonnes de Guineeactuelle.com n’est pas de polémiquer sur les bilans d’un quelconque homme politique. Je voudrais m’inscrire autant que cela se peut dans une démarche cohérente visant à montrer, peut-être à démontrer, qu’accepter l’alternance a conduit certains dirigeants à une sortie honorable tandis que l’obstination à conserver le pouvoir a conduit d’autres à une déchéance humiliante.

Merci à ceux qui me comprendront dans ce sens et toutes mes excuses par anticipation à ceux qui, compte tenu de leur faculté de compréhension trop élevée ne se retrouveront pas dans les labyrinthes de mon raisonnement si brouillon.

Pour commencer donc, permettez-moi d’évoquer le cas de cet homme d’Etat Américain du nom de George Washington !!!

Héros de l’Indépendance pour avoir vaincu les Britanniques et premier président des Etats-Unis d’Amérique, cet homme a marqué l’histoire !! Très vénéré et pratiquement sans opposant déclaré tout le temps qu’il est resté au pouvoir, il est le seul président de son pays à être élu deux fois à l’unanimité.

Cependant, malgré cette popularité, malgré le fait qu’aucune loi ne l’empêchait de briguer un autre mandat, malgré les rivalités d’alors entre ses potentiels challengers (A. Hamilton, T. Jefferson, J. Adams), rivalités qu’il pouvait utiliser comme prétextes pour s’éterniser au pouvoir, George Washington refuse tout de même de se présenter à nouveau pour un troisième mandat. Cet exemple deviendra plus tard coutume dans son pays.

Plus de 220 ans que ce Monsieur a légué cet héritage à ces successeurs, qui ont eux-mêmes répliqué ce bel exemple encore et encore, jusqu’à présent ce pays continue à briller. Comme quoi l’alternance ne tue pas. Comme quoi, l’alternance a des vertus.

Si seulement cela pouvait servir d’exemple !!!

Si seulement ce bel exemple pouvait nous inspirer !!!

Que Dieu soit notre guide.

Par FAKOLI.

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