Alpha conde sur la voie de blaise compaore : vers une implosion du rpg et une insurrection populaire en guinée

Publicité

Lorsque le « Professeur », Président de la République dit, au cours d’une conférence de presse, à propos d’un éventuel troisième mandat :

« Dans un pays, ce n’est pas vous qui décidez, c’est le peuple. Personne, je dis bien personne, ne me dira ce qu’il faut faire,  seul le peuple guinéen me le dira. », il a pleinement raison. Il est, en effet, l’élu de ce peuple, au scrutin universel direct, et par ce peuple, à la magistrature suprême de la République de Guinée.

Par le jeu combiné de la légitimité issue des urnes et de celle que lui confère le régime présidentiel, il n’a de comptes à rendre à personne ; c’est devant le peuple de Guinée, et devant le peuple de Guinée seul, qu’il est comptable de ses actes et, c’est donc ce peuple seul, qui a pouvoir de lui dire ce qu’il doit faire, ce qu’il faut faire.

En rappelant ce truisme, Monsieur le « Professeur », Président de la République, fonde ses certitudes sur deux faits irrécusables. En premier lieu, le peuple de Guinée qui l’a élu est un peuple qui, dans sa masse, est analphabète. Ce peuple, son seul juge,  lorsque le « Professeur », Président de la République viole, à son insu, la Constitution de la République, en son article 45 et viole en même temps le serment prêté devant la Cour Constitutionnelle en l’article 35 de la Constitution, n’a pas la formation et la hauteur de vue d’un juriste ou d’un citoyen guinéen instruit. Il est donc hors d’état de mesurer, d’apprécier l’étendue, la gravité d’une violation de la Constitution et d’une violation du serment de Président de la République et, par conséquent, de juger du parjure ou non de Monsieur le « Professeur », Président de la République.

Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE, joue sur ce défaut de formation du peuple de Guinée, sur son ignorance de ce qui, à notre époque, est déterminant dans sa vie, dans la conduite de son existence et pour son avenir. Cela lui permet de tenir, croit-il, en échec quiconque ose lui rappeler ses devoirs envers le peuple de Guinée, y compris en premier, celui de respecter la Constitution de la République d’abord par Monsieur le « Professeur », Président de la République lui-même, en payant de sa personne, et ensuite, de la faire respecter, laquelle a été adoptée librement par le peuple de Guinée ; celui de ne pas violer le serment qu’il a fait, lors de sa prestation de serment devant la Cour Constitutionnelle, gardienne du bon fonctionnement des institutions de la République et juge de la constitutionnalité des actes du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif.

En second lieu, Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE, croit toujours que l’alliance, la coalition des partis politiques, formée entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2010 et ayant abouti à la constitution et au lancement de la formation politique Arc-en-ciel, lui est définitivement acquise, à lui, le promoteur de cette formation politique. Cette croyance est renforcée par le fait que le peuple de Guinée semble lui avoir donné quitus de la gouvernance de son premier quinquennat, en le reconduisant pour un second mandat. Il pense donc que la représentation du peuple à l’Assemblée Nationale, fondée sur cette alliance, sur cette coalition de partis, continuera de le soutenir et de le soutenir, au besoin, par tous les moyens, y compris financiers, qu’il est décidé à mettre en œuvre pour se maintenir au pouvoir.

On est tout de même surpris qu’un homme de sa formation, bardé de tant de diplômes délivrés par le plus illustre, le plus prestigieux établissement public d’enseignement supérieur de France, la Sorbonne, et qui dit avoir une grosse expérience politique et syndicale, dont il aime tant à faire état, se voile la face au point de ne pas comprendre que même si le peuple de Guinée, le seul compétent à le juger est, dans sa masse, analphabète, la représentation que ce peuple analphabète a envoyée, en son nom, à l’Assemblée Nationale, ne saurait, elle, être analphabète, puisqu’elle est constituée des chefs des partis politiques de cette alliance, lesquels chefs, outre qu’ils sont d’ardents patriotes, se sont dotés d’une solide formation et ne sont donc pas, eux, des analphabètes, des analphabètes vulgaires et manipulables.

Il faut rappeler aussi que cette alliance de partis, cette coalition, formée à la hâte, lors de la présidentielle de 2010 est, de ce fait, une alliance, une coalition de circonstance qui n’a pas subi l’épreuve du temps et de ses vicissitudes. Au surplus cette alliance, cette coalition de partis, formée, non sur la base d’un programme politique élaboré, mais uniquement et prioritairement en vue de battre un adversaire politique, avec, à la clef, des promesses, non tenues pendant son premier quinquennat, par le candidat du RPG à l’élection présidentielle de 2010, arrivé au pouvoir, connait aujourd’hui, au regard des résultats décevants, médiocres de la gouvernance du premier quinquennat, un essoufflement certain ; un sort qui est le partage de toute alliance, de toute coalition de partis politiques qui n’a su se mettre au service du peuple et se trouve, de ce fait, placée dans une situation de complète déroute. Et cette faillite de l’alliance arc-en-ciel, du RPG-Arc-en-ciel, formation née du seul cerveau du candidat du RPG à l’élection présidentielle de 2010, alors chef de ce parti, n’est pas une vue de l’esprit. L’existence de l’Alliance du Front Uni pour la Démocratie et l’Alternance en Guinée (FUDAG), récemment constitué de douze partis politiques, dont certains anciennement membres du RPG-Arc-en-ciel, suffit, à elle seule, à constituer désormais un cancer sur le flanc du RPG-Arc-en-ciel, cancer prospérant et envahissant, à un rythme accéléré, tout le corps du RPG-Arc-en-ciel,  à telle enseigne qu’il est loisible à tout analyste politique de noter l’étendue des ravages d’un tel cancer, du naufrage du RPG-Arc-en-ciel, d’abord par la scission à peine voilée du RPG en RPG originel et RPG-Arc-en-ciel ; ensuite par le conflit ouvert qui en est résulté et par le départ du RPG-Arc-en-ciel de quelques partis politiques et non des moindres, dont l’implantation régionale s’effectue prioritairement en Haute Guinée et en Guinée Forestière, naguère les deux principaux bastions du RPG ; de cette Haute Guinée, naguère martyre du régime de la seconde République, qui a été vouée récemment aux gémonies, par le « Professeur », Président de la République, en guise, pourrait-on dire, de reconnaissance et de remerciement, pour le soutien effectif apporté par cette région au candidat du RPG à l’élection présidentielle de 2010 et au candidat du RPG-Arc-en-ciel à l’élection présidentielle de 2015.

Le FUDAG doit élaborer une tactique et une stratégie, en matière politique, économique et sociale, capables d’amener rapidement le RPG originel sur des positions propres à lui faire adopter un programme minimum commun et, pour commencer, en matière électorale, par des accords de désistement réciproque, selon la position dominante de favori, occupée dans la circonscription électorale de l’un ou l’autre, en tout cas un front commun de lutte pour battre le RPG-Arc-en-ciel, y compris dans les circonscriptions traditionnellement acquises au RPG et que le RPG-Arc-en-ciel croit être encore sous sa seule juridiction. Une tactique et une stratégie analogues sont à élaborer entre partis politiques du FUDAG. Cela est possible, à condition que le FUDAG déclenche dès maintenant une campagne d’élucidation, d’explication longue et patiente auprès des masses populaires de ces circonscriptions électorales. Mais surtout à condition que le RPG originel lui-même ne soit repris en main, ni dirigé et manipulé par Monsieur le « Professeur », Président de la République, par le truchement de ses hommes liges. Une telle tactique a pour vocation stratégique de hâter l’émiettement du RPG-Arc-en-ciel, lequel émiettement devant aboutir inéluctablement à la débâcle, à l’implosion du RPG-Arc-en-ciel à court ou moyen terme.

Mais le FUDAG ne doit jamais perdre de vue que Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE, dispose de l’arme absolue dont on verra dans l’ouvrage en préparation comment, elle a pu être forgée par lui, celle qu’il semble avoir utilisée lorsqu’il décida seul, sans en avoir, comme toujours, discuté du principe, au préalable, avec la direction du parti, de transformer le RPG en RPG-Arc-en-ciel. La rapidité avec laquelle il a réussi à fédérer autour du RPG d’autres partis politiques, choisis à raison de leur position dominante dans leur grande région naturelle, n’est pas le fait du hasard et doit donner à réfléchir. Certes, on n’a aucune preuve pour soutenir que l’argent a joué un rôle déterminant, un rôle de nerf de la guerre auprès de ces ‘’grands électeurs’’ ou de ces ‘’ faiseurs de roi’’ que sont les chefs des partis politiques ciblés et à fédérer, en vue de former une coalition dirigée contre le principal adversaire politique. Mais on n’a pas non plus de preuve pour soutenir que l’argent n’a pas joué ce rôle décisif. C’est pourquoi le FUDAG doit prendre en considération cette éventualité, et inviter tous chefs de partis de l’Alliance qui auraient été approchés, d’avoir à prendre cet argent, sans état d’âme, mais par contre, de ne rien faire pour amener les masses populaires à soutenir d’autres candidats que ceux du FUDAG.

En tout cas, en Haute Guinée, on est décidé à anéantir la base électorale, de Monsieur le « Professeur », Président de la République, y compris celle du RPG originel, s’il était prouvé qu’il est dirigé par les hommes liges du « Professeur », Président de la République.

Avec Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE, il ne faut jamais compter sur la rigueur et la puissance de quelque argumentaire d’ordre juridique que ce soit pour le ramener à la raison. Ce n’est pas le ‘’verrou constitutionnel’’ de l’article 154 qui y pourvoira. C’est une question de rapport de forces. Il faut lui dire, par des actes, par une bonne connaissance du terrain, par l’exceptionnel privilège de n’avoir jamais été expatrié comme lui et, de ce fait, de pouvoir mieux tirer parti d’une exploitation judicieuse de son lourd handicap, né de l’ambigüité de son double statut de Français et de Guinéen, en réalité plus français que guinéen – il faut lui dire ce qu’il ne doit pas faire, ce qu’il ne faut pas faire, puisqu’il ne se gêne pas, lui, de proclamer que « personne, je dis bien personne, ne me dira ce qu’il faut faire, seul le peuple guinéen me le dira ». Avec Monsieur le « Professeur », Président de la République, Alpha CONDE, « le plus français des hommes politiques africains » (Antoine GLASER), ce n’est pas le juridisme, mais seul le rapport des forces sur le terrain, en Guinée, sa seconde patrie, la France étant la première, est capable de le faire repartir en France en 2020 voire, au besoin, avant cette date, de la même manière que son ami Blaise COMPAORE a été chassé du pouvoir, à Ouagadougou, par le grand, glorieux et admirable peuple du Burkina. A défaut de cette tactique et de cette stratégie à élaborer par le FUDAG et le RPG originel, le cas échéant, et à défaut de pouvoir tenir en échec la force de frappe, fondée sur l’argent, si d’aventure, Monsieur le « Professeur », Président de la République la faisait intervenir dans la bataille, il ne semble pas y avoir en vue d’autre solution, pour le contraindre à rejoindre au plus vite son appartement de la plus haute tour de la place d’Italie, à Paris, sauf à ne pas écarter l’option de la lutte armée.

Par Elhdja Fofana

Avocat à la Cour

Ex ministre sous la première République

Ancien coordinateur du RPG

 

Publicité